Le tabagisme c’est le fait de fumer la cigarette, la pipe ou du chicha. Il existe plusieurs types de tabagisme dont le tabagisme actif, concernant le sujet qui consomme lui-même du tabac et le tabagisme passif pour la personne exposée à la fumée du tabac. La consommation de la chicha, devenue aujourd’hui une mode surtout pour les jeunes est tout aussi, sinon plus dangereuse que le tabac. En effet, une bouchée de chicha équivaut selon certains spécialistes à 80 voire 100 cigarettes.
Dr Gagara Issoufou Assiatou, pneumologue allergologue, médecin chef du Service de pneumo-physiologie de l’Hôpital National Amirou Boubacar Diallo de Lamordé-Niamey précise que le tabagisme a des conséquences sur tous les organes de l’organisme de l’homme. En première cible, le tabac attaque l’appareil respiratoire, ce qui peut provoquer des atteintes respiratoires, des atteintes cardiaques, des reins, du foie, du cerveau et de la peau. «De façon générale le tabac touche tous les organes de l’organisme sans exception mais à des degrés différents. Le tabac peut également entrainer des cancers au niveau de l’ORL tel que le cancer du pharynx qu’on appelle cancer de la gorge. Le tabac peut aussi entrainer des infections respiratoires à gène banal, c’est-à-dire des infections qu’on peut traiter avec des antibiotiques ordinaires comme les pneumonies», explique la pneumologue pour le tabagique est le plus exposé à la pneumonie parce qu’il a un organisme qui déjà est fragilisé à cause de son tabagisme.
D’après Dr Gagara Issoufou Assiatou, la deuxième conséquence infectieuse liée au tabagisme est la tuberculose. Celui qui fume fait une tuberculose beaucoup plus sévère que les personnes ordinaires et il est difficile à traiter. Ainsi, la tuberculose peut donner des maladies inflammatoires au niveau pulmonaire. Elles constituent un groupe de deux maladies qu’on appelle broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO). «La BPCO entraine une réduction des calibres des bronches et qui dit réduction de calibre de bronche dit que le malade a du mal à faire rentrer de l’air et le faire sortir de ses poumons», a-t-elle ajouté.
Aussi, ajoute Dr Assiatou, la bronchite chronique est une atteinte de la bronche c’est-à-dire le conduit de l’air aux poumons. Donc il y a une réduction des calibres au niveau des bronchites. Ce qui fait que la personne malade a du mal à respirer. La maladie se manifeste en (4) escalier. La première marche, comprend les gens qui raclent tout le temps la gorge, qui toussent un peu. «Ils crachent et disent que quand ils prennent la 1ere cigarette, ils se sentent mieux, les problèmes ont donc commencé», explique la pneumologue. La deuxième marche, c’est quand la personne commence à être essoufflée, c’est-à-dire quand elle manque de l’air au moindre effort. La troisième c’est quand la personne devient invalide et dépend de l’oxygène car elle ne peut plus elle-même faire rentrer de l’air et le faire sortir. Il lui faut un concentrateur ou une bombonne d’oxygène. «Nous avons ici cette catégorie de malades qui sont suivis au niveau de notre service», indique le médecin chef du Service de pneumo-physiologie de l’Hôpital National Amirou Boubacar Diallo de Lamordé. Enfin, la quatrième ce sont les bronchites chroniques et c’est la mort parce que la personne va arriver à un certain moment où son organisme sera fatigué. «D’après le résultat de consultations nous avons constaté qu’environ 5% des malades en consultation ou hospitalisation sont atteints de la broncho pneumopathie chronique obstructive et 90% de cette BPCO sont dues au tabagisme», précise-t-elle.
En ce qui concerne la sensibilisation, Dr Gagara Issoufou Assiatou dit qu’elle doit se faire à deux niveaux notamment l’augmentation du prix du tabac pour décourager certains candidats ou tout au moins les amener à réduire la consommation. Certes l’Etat fait de son mieux en termes de sensibilisation, mais reconnait-elle, c’est une bataille qui est difficile à mener car il faut sensibiliser voire ré-sensibiliser les malades hospitalisés pour qu’ils arrêtent. Dr Assiatou estime qu’il faut aussi une forte implication, des acteurs notamment les média et les soignants. «Au Niger, nous n’avons pas une unité spécialisée de sevrage tabagique. Toutefois nous sommes en train d’y réfléchir avec l’administration. Il faudrait que l’Etat forme des malacologues qui se spécialisent uniquement dans le domaine du tabac», suggère le médecin.
Pour Dr Assatou, le premier combat à faire pour la lutte contre les maladies liées au tabagisme, c’est d’amener les gens à croire que le tabac tue. «Il ne tue pas d’un coup c’est progressivement et à un certain stade même le mouvement dévient impossible pour le fumeur. Il lui faut se déplacer avec sa bombonne d’oxygène», prévient-elle. Les conséquences du tabac sont énormes et il faut que les gens fassent l’effort d’arrêter pendant qu’il est encore temps. «Si vous dépassez un certain stade vous ne pouvez plus renoncer. Même étant normal, à partir de trente ans le souffle de l’individu appelé volume expiratoire maximal en une seconde diminue de 30 ml chaque année. Pour celui qui fume cela diminue de 50 à 80% voire plus chaque année. Du coup il réduit ses années de vie. Plus vous arrêtez tôt, plus vous aurez la chance de récupérer votre fonction respiratoire. Plus on arrête tard, plus c’est difficile de récupérer la personne», a-t-elle conclu.
Yacine Hassane(onep)