Administrateur culturel, M. Cheick Amadou Kotondi est très engagé dans la formation et l’accompagnement des jeunes qu’il aide dans le montage de leurs projets. Il œuvre dans la promotion et la revalorisation de l’art de la marionnette, dispense des formations aux jeunes, transmet son savoir à ces derniers dans le cadre du théâtre, fait de la mise en scène. Bref, il utilise l’art comme moyen pour un changement des comportements.
Tout a commencé le jour où son Papa qui est trop accroché à la culture l’a motivé à donner vie à une récitation depuis son bas âge. Il l’a aidé pour faire ressortir les différents personnages de la récitation. Depuis lors, c’est parti avec les fêtes scolaires, d’abord à l’école mission garçon de Maradi où il a été encadré par des enseignants qui aimaient la culture, et au Collège avec la troupe scolaire. L’art était en effet devenu une passion forte chez Kotondi. Après l’obtention de son Baccalauréat, il a été orienté au Burkina Faso où il s’est inscrit à la Faculté d’Economie. Tout en poursuivant ses études d’économie, il évoluait dans une troupe théâtrale. Et avec les accords de partenariat, le responsable de leur troupe théâtrale, un professeur émérite en art qui dirigeait le département Art et Culture à l’Université, a créé l’école de théâtre de Ouagadougou. Cheick Amadou Kotondi s’était inscrit dans ladite école qui a formé beaucoup d’artistes. C’est ainsi qu’il a suivi une formation en art de la marionnette qu’il est venu partager avec les jeunes. Il a été soutenu par le Centre Culturel Franco-Nigérien (CCFN) qui a mis à sa disposition un atelier et un accompagnement pour former régulièrement des jeunes qui n’ont pas pu évoluer dans l’art, mais pour leur propre développement individuel. Cheick a ainsi formé beaucoup de Nigériens dont certains ont continué dans l’art et d’autres évoluent dans d’autres corps.
Cheick conquiert l’international
La promotion et la revalorisation de l’art de la marionnette en Afrique lui a ouvert des portes, car, l’Union Internationale de la Marionnette (la plus ancienne Association au monde créée en 1929), a fait de lui président de zones avec 10 pays en Afrique de l’Ouest et en Afrique Centrale, pour œuvrer à promouvoir l’art de la marionnette. A l’occasion d’un congrès, il a eu la confiance de l’ensemble des marionnettistes africains où il a été élu président de la commission Afrique pendant un certain nombre de mandats. Il a aussi eu la chance d’être un des Africains à siéger au niveau du comité exécutif mondial. Sur le plan international, il est au niveau du Centre Africain de l’Institut International de Théâtre où il représente le Niger et évolue dans beaucoup d’autres Associations internationales et sous-régionales où il apporte son expertise.
La marionnette est selon M. Cheick Amadou Kotondi, un art qui a toujours existé au Niger notamment dans les régions de Maradi et Zinder. A un certain moment, l’ignorance de la religion a fait que les gens ont confondu les marionnettes à des objets de sacrifice (statuts) et beaucoup de marionnettistes ont laissé tomber alors que c’est un art comme la danse, la musique, pour véhiculer des messages.
La marionnette, un canal de communication
La marionnette peut porter des messages comme n’importe quel canal de communication. Mieux, la marionnette est neutre, le manipulateur peut passer tous les messages, même sur des sujets qui sont considérés comme tabous, a-t-il expliqué. Pour la première fois, une équipe de jeunes nigériens a participé du 28 juillet au 06 août 2023 aux derniers jeux de la Francophonie à Kinshasa en concours marionnette géante et sont revenus avec la médaille de bronze. Pour être un marionnettiste, il faut être un artiste plein (sculpteur, savoir faire le modelage, le dessin, la couture, il faut savoir danser). « La diplomatie culturelle a toujours été la meilleure, surtout dans le contexte actuel de notre pays qui est confronté à un problème d’insécurité. La culture a un grand rôle à jouer pour sensibiliser la population sur la cohésion sociale, la culture de la paix », a-t-il fait savoir. Un artiste n’est pas un moins que rien, c’est une profession comme toute autre. « L’éducation artistique et culturelle permet le développement individuel de la personne dès le bas âge. À travers cette éducation artistique, on peut former des Nigériens nouveaux. C’est dire qu’avec l’art et la culture, on arrive à sensibiliser, à inculquer le patriotisme et certaines valeurs aux enfants dès le bas âge », a affirmé Cheick Amadou Kotondi.
Aïchatou Hamma Wakasso (ONEP)