Mlle Abdoulaye Dotti Diallo Marie est une jeune danseuse et rappeuse nigérienne. On l’appelle affectueusement Marie Diallo et par ses fans la Tigresse. Née à Niamey et âgée de 26 ans, Marie Diallo a commencé à danser à l’âge de 9 ans. Aujourd’hui, c’est l’une des meilleures de la capitale dans son domaine. Passionnée de la musique et de la dance depuis son enfance, Marie à un diplôme en hôtellerie et cuisine. Par ailleurs, elle est membre d’une association culturelle et artistique ‘’Afro Danse Club’’. Elle donne des cours de Zumba à domicile et, est aussi membre du collectif ‘’SO Niger’’ qui réunit huit (8) chanteuses de la capitale Niamey.
Cette jeune demoiselle est arrivée dans la danse grâce à ses grands frères qui étaient des danseurs. Elle assistait à leur répétition. « Après, je m’enfermais dans ma chambre devant mon miroir pour essayer de reproduire les mêmes pas de danse », indique-t-elle. C’est de là que la danse a pris une grande place dans son cœur. « Apprendre la danse a été le fruit de mes efforts, des entraînements quotidiens et de l’aide de mon entourage. Quand on est épris par une chose, on apprend à la connaître et on s’accroche. Je me suis inspirée de mes aînés sur scène pour apprendre plus. Après, j’ai commencé à me faire connaître en intégrant des crews, en suivant des formations à Niamey et hors des frontières et voilà ma danse, mon art », a-t-elle expliqué.
Au début de sa carrière, Marie Diallo pratiquait le Hip Hop en dansant débout. Par la suite, elle a exploré plusieurs styles de danse tels que la danse traditionnelle, la danse contemporaine, l’Afro, la salsa, la kizomba et d’autres encore. « La danse est un domaine très étendu, avec tant de choses à découvrir. J’aime être polyvalente et j’aime m’adapter à d’autres styles. L’adaptation est un atout considérable à ne pas négliger quand on est artiste. Actuellement, je me perfectionne à la danse contemporaine », a-t-elle dit
Cette jeune danseuse a affronté des difficultés avant d’arriver à ce niveau indiquant que, d’abord sa famille ne voulait pas qu’elle danse. Après ce fut au tour du regard de la société qu’elle a dû affronter à cause de son genre. Certaines personnes lui disaient de se marier ou d’aller étudier, pendant que d’autres la traitaient de « traînée », situation qu’elle a qualifiée de ‘’poids moral’’. Avec le temps, la majorité a acquis une connaissance de sa personne et l’a acceptée car, selon elle, la danse est un art et l’art est une école.
« La danse, c’est un sport d’entretien du corps. En tant que Coach de Zumba, c’est un rêve pour moi d’ouvrir une salle de danse dédiée aux femmes car, je souhaiterais voir la danse évoluer au Niger. On est dans un pays où le contexte de la femme danseuse est assez particulier, beaucoup de femmes mariées rencontrent des difficultés à faire du sport en général à plus forte raison aller dans des salles de sport mixtes. C’est pour cette raison que je souhaite mener des actions, plus précisément à l’endroit de la gente féminine qui est mal vue et assez défavorisée dans le domaine culturel. Je voudrais aider ses jeunes filles à vivre leur passion, à être des actrices clés du développement économique de la société, de l’art et de la culture au Niger. Sans l’art, il n’y a pas d’histoire, sans histoire il n’y a pas de culture », a-t-elle estimé.
Marie Diallo a participé à des compétitions tel que le ‘’Big Bounce’’ avec son ancien groupe ‘’Pro mania’’, au festival universitaire appelé ‘’Fescuao’’ qui a regroupé les pays de l’Afrique de l’Ouest. Elle a aussi représenté le Niger en danse moderne dans une compétition locale Afro ‘’AB/Jam’’ en duo avec une danseuse appelée Reine, dans une compétition « Let’s danse » organisée par une burkinabé en duo aussi avec B-boy Éric.
Marie déclare avoir gagné de l’expérience et une nouvelle famille. Grâce à la danse, elle a visité le Burkina Faso, le Togo et le Benin, plus d’une fois dans le cadre d’ateliers de formation et de spectacles. Ses voyages lui ont fait découvrir d’autres horizons, d’autres visions et d’autres cultures.
À l’endroit des autorités elle a formulé ses vœux d’appuyer les artistes, financièrement et psychologiquement, de créer des salles de répétition, des centres de formation à l’échelle nationale et aussi des ateliers d’échanges pour les danseurs. Quant aux jeunes passionnés, ils ne doivent jamais se laisser abattre. « Ils doivent persévérer dans la poursuite de leurs rêves, se ressourcer et nourrir leur art car, rien n’est facile », affirme-t-elle.
Assad Hamadou (ONEP)