Mesdames, Messieurs,
Si j’ai tenu à présider personnellement cette cérémonie de la rentrée académique de la première promotion de l’Ecole Militaire Supérieure de Niamey, c’est pour conférer à l’événement toute sa portée symbolique. En effet, l’ouverture de cette école procède d’une nécessité lancinante eu égard aux grands défis sécuritaires auxquels notre pays est confronté depuis bientôt une décennie. Elle constitue en cela l’expression de notre engagement de nous doter de tous les instruments dont nous avons besoin pour assurer la sécurité de notre pays. Depuis 10 ans que nous luttons contre le terrorisme, nous avons accru de façon substantielle les capacités de notre armée. Nous en avons considérablement accru les effectifs ainsi que les équipements. Nous avons amélioré les conditions de vie et de travail des personnels. Nous avons dépensé des ressources importantes pour la formation de nos officiers à l’extérieur. Avec cette école, la formation des officiers, en plus de nous coûter moins cher, sera adaptée à notre contexte sécuritaire et orientée vers l’engagement opérationnel de façon à former suffisamment sur place des officiers d’état-major, officiers, brevetés de guerre aptes à exercer les hautes responsabilités de la défense nationale, à animer les états-majors et à commander les grandes unités de nos forces armées.
Tous nos partenaires dans le domaine de la défense sont unanimes pour louer le professionnalisme de nos officiers ainsi que le niveau élevé de leurs aptitudes intellectuelles. J’ai personnellement déjà eu l’occasion de le vérifier dans l’exercice de certaines de mes fonctions antérieures. Il n’y a rien d’étonnant à cela quand on sait qu’ils ont été formés dans des écoles d’élites. Je suis par conséquent intimement confiant quant à la qualité de la formation qui sera assurée dans cette école ainsi que du produit qui en sortira.
Mesdames, messieurs,
Le terrorisme que notre armée combat est certes un phénomène sous-régional, mais notre pays, du fait de la centralité de sa position géographique au Sahel, se situe pour ainsi dire dans l’épicentre du périmètre où sévit ce fléau, à la frontière des deux grands foyers originels que sont le nord Mali et le bassin du lac Tchad. Nous sommes par ailleurs, on a souvent tendance à l’oublier, un pays frontalier de la Libye, ce pays frère qui peine à disposer de forces de défense et de sécurité le long de la frontière que nous avons en partage. Sa partie méridionale est, depuis une décennie, une zone d’anomie où prospèrent des groupes armés non étatiques et avec eux la criminalité transfrontalière organisée inondant le Sahel des armes les plus sophistiquées, en quantités infinies et à vil prix.
Malgré l’ampleur de ces défis aggravés par ailleurs par l’étendue de notre territoire et la multiplicité des foyers ayant commandé de nombreuses opérations, notre pays est resté admirablement stable, solide sur ses bases. Nous devons cela à la gouvernance sécuritaire telle que promue par les présidents Tandja Mamadou et Issoufou Mahamadou chacun à leur époque, mais aussi à la qualité de notre institution militaire. Cet héritage, je m’engage à le préserver et à le renforcer. Aussi, l’École Militaire Supérieure de Niamey sera-t-elle un maillon important de la chaîne de notre dispositif devant assurer la sécurité de notre pays.
Nous maintiendrons le cap de notre engagement d’accroître considérablement les effectifs de notre armée d’ici à l’an 2025 conformément au plan défini à cet effet, de multiplier la formation des forces spéciales, de créer des unités amphibies, d’augmenter nos infrastructures militaires. Sur le plan de la formation, nous nous proposons de créer une école de l’armée de l’Air à Agadez, de multiplier par quatre la capacité de l’École des Officiers de façon à remédier au déficit constaté dans cette catégorie, d’augmenter les capacités de l’École des Sous-officiers, de créer une école de formation des cadres et de créer un centre national d’instruction d’une capacité de formation de 5000 jeunes par an à Keita, dans la région de Tahoua, lequel centre sera opérationnel dès l’année 2022.
Sur la base d’un plan d’investissements de plus de 150 milliards de francs CFA étalé sur trois ans, nos forces aériennes seront équipées de moyens conséquents devant accroître de façon singulière leurs capacités. Il en sera de même des forces terrestres qui connaîtront un renouvellement et un renforcement significatif de leurs équipements.
Je veillerai par ailleurs personnellement à l’utilisation honnête et rationnelle de toutes les ressources qui seront consacrées à ces différents projets.
Mesdames, Messieurs,
Le terrorisme ne s’étant assigné aucune frontière, le combat pour venir à bout ne saurait s’envisager autrement que dans le cadre d’une mobilisation et d’une solidarité internationales à toute épreuve. Fort de cette conviction, notre pays restera à la pointe de toutes les formes de mutualisation des forces comme cela est le cas de la Force Mixte Multinationale (FMM) au niveau du bassin du lac Tchad ainsi que du G5 Sahel.
De même, nous renforcerons notre coopération stratégique comme opérationnelle avec tous les pays qui nous soutiennent comme c’est le cas de la France à travers notamment l’Opération Barkhane, l’Union Européenne avec la TF-Takuba, les États-Unis d’Amérique, l’Allemagne, le Canada, l’Italie, la Belgique, pour ne citer que ces pays.
Mesdames, messieurs,
Nous sommes un pays qui manque cruellement de ressources pour faire, comme nous l’aurions voulu, face au défi du terrorisme tel qu’il est à l’œuvre dans notre sous-région. Mais cet handicap, nous nous devons de le combler par la qualité de notre gouvernance de façon générale et notre gouvernance sécuritaire en particulier. La mémoire des hommes, souvent très jeunes que nous avons perdus sur les différents théâtres d’opération ainsi que leurs veuves et leurs orphelins sont là pour nous rappeler à notre sens de l’honneur. Le seul hommage que nous pourrions rendre à nos martyrs sera de vaincre le terrorisme, de mettre fin au calvaire des populations civiles devenues une cible de prédilection pour des illuminés, dépourvus de toute forme de foi et condamnés dans une fuite en avant tout aussi sanguinaire que lâche.
Les officiers qui font aujourd’hui leur rentrée à l’Ecole Militaire Supérieure symbolisent le pari de notre victoire contre le terrorisme, mais aussi la consolidation de notre institution militaire, colonne vertébrale de la République, par ces temps de grandes menaces.
Je vous remercie de votre attention.