Après trois (3) semaines de travail pour éplucher les 25 milles procès-verbaux de résultats du second tour de l’élection présidentielle du 21 février dernier, la Cour constitutionnelle, le seul juge électoral au Niger, vient de rendre son verdict final. Sans grande surprise, la juridiction électorale a confirmé ce que l’on savait déjà après la proclamation des résultats globaux provisoires de ce scrutin par la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) : la nette et claire victoire du candidat du PNDS-Tarayya, Mohamed Bazoum, avec plus de 55% des voix, contre moins de 45% pour le candidat du RDR-Tchanji, Mahamane Ousmane, soit une différence de plus de 600 mille voix ! Le natif de Tesker a su conserver sa nette avance acquise au premier tour, en dépit d’une campagne électorale extrêmement tendue entre les deux (2) camps politiques.
Au terme de ce processus électoral clôt par la Cour constitutionnelle, Mohamed Bazoum devient ainsi le dixième Chef de l’Etat du Niger depuis l’indépendance. Plaise à Dieu, il sera investi Président de la République, le 02 avril 2021 et prêtera serment le même jour ! L’on ne peut que saluer et féliciter cette marque de confiance inestimable du peuple nigérien à l’égard du candidat Mohamed Bazoum. ‘’Allah Le Très-Haut couronne roi qui Il veut parmi ses créatures, élève et rabaisse qui Il veut’’, (Sourate 3, verset 26) ! C’est ainsi, et pas autrement, que les vrais croyants appréhendent la survenance des événements dans la vie de tous les jours.
Ne dit-on pas souvent que ‘’l’homme propose, Dieu dispose’’ ! Les Nigériens, épris de paix et de justice, avaient émis le vœu ardent qu’Allah Le Tout-Puissant choisisse un président pour le Niger et son peuple, qu’Il fasse que cette élection se déroule dans la tranquillité, et le Seigneur semble avoir exaucé cette prière en désignant Mohamed Bazoum comme Président de la République. Les décrets divins sont irrévocables et les hommes ne peuvent que s’incliner devant eux !
Mais, la grande surprise serait venue de l’attitude du perdant, Mahamane Ousmane, qui conteste toujours la décision de la Cour constitutionnelle. Cette attitude surprenante constitue une sérieuse source d’embarras pour la démocratie nigérienne, qui vient, pourtant, d’être saluée au plan international, pour avoir consacré, pour la première fois de l’histoire, une alternance démocratique et pacifique au pouvoir. On l’a dit et répété plusieurs fois, la démocratie comporte toujours deux dimensions : la majorité et l’opposition. C’est cela même la dialectique ontologique qui fonde le principe démocratique. Et lorsque la compétition électorale, le seul moyen de départager les protagonistes, déclare le vainqueur, automatiquement le perdant n’a pas d’autres choix que de reconnaitre sa défaite et de féliciter l’élu du peuple souverain. C’est cela qu’on appelle le fair-play, l’esprit sportif en politique.
C’est cette attitude d’élégance démocratique, mieux, cette classe qui aura, de tous temps, caractérisé la carrière du Président Issoufou Mahamadou, qui a toujours admis sa défaite dans la dignité et la grandeur. En Effet, l’homme de la renaissance du Niger avait une autre conception des échecs politiques, convaincu du fait que ‘’parfois, les défaites d’aujourd’hui annoncent les victoires de demain’’, disait Jean Desgranges. En 1999 et en 2004, Zaki avait accepté, humblement, sa défaite face à Tandja Mamadou (paix à son âme !) ; il était même allé, quelle classe, le féliciter au palais de la présidence ! A cette époque, il avait compris que son heure de gloire n’avait peut-être pas encore sonné et s’était très vite remis au travail auprès du peuple nigérien. Cette attitude élégante explique sans doute la brillante carrière qui aura été la conclusion logique de ce bel engagement politique.
Cependant, aujourd’hui, face à la posture peu classe, voire peu responsable de l’opposition, qui refuse de concéder sa défaite électorale, pour la première fois dans l’histoire contemporaine des élections démocratiques au Niger, l’on ne peut qu’être atterré, voire sidéré par cette volonté manifeste de la part de cette catégorie de politiciens de ‘’tropicaliser’’ la démocratie nigérienne. C’est grave, car cette posture n’honore ni la démocratie nigérienne qui n’en n’avait pas besoin, ni même Mahamane Ousmane que l’on avait connu, jadis, comme un homme sage et pondéré.
Pour votre serviteur, qui était connu pour ne pas être un des meilleurs amis de Mahamane Ousmane, le personnage était atypique : déverser sur lui une montagne d’immondices, l’homme demeurait stoïquement imperturbable, froid, à la limite, indifférent aux influences extérieures. Mais aujourd’hui, à l’aune de ce processus électoral, pourtant réputé régulier par l’ensemble des observateurs indépendants, le personnage ne semble plus être reconnaissable par ses traits distinctifs d’homme mesuré, pondéré qu’il incarnait à une certaine époque, démentant ainsi le vieil adage qui enseigne que le vin se bonifie en vieillissant ! En effet, en s’obstinant dans le déni de la réalité, Mahamane Ousmane, pour emprunter une formule du football, jouerait contre-nature, c’est-à-dire que sa stratégie actuelle serait en déphasage totale avec son tempérament politique et son caractère de sphinx et d’homme de paix que certains de nos compatriotes lui reconnaissaient. C’est vrai qu’on ne se refait pas à un certain âge, mais que voulez-vous, quand on accepte de partager le repas du diable, il faut s’attendre à en payer un jour le prix fort. En acceptant d’exécuter un agenda politique qui n’est visiblement pas le sien, Mahamane Ousmane semble ainsi se mettre en porte-à-faux avec certaines de ses valeurs, valeurs de paix et de démocratie, qui lui avaient fait gagner l’estime des Nigériens dans une vie antérieure.
Aujourd’hui, en acceptant d’hurler avec les frondeurs, Mahamane Ousmane se dénature en courant le risque de se couvrir de ridicule pour revendiquer une ‘’victoire’’ électorale qui n’existe que dans les fantasmes absolument délirants de quelques doux rêveurs. Triste ! Très triste destin pour un homme qui a eu pourtant, l’insigne honneur de présider aux destinées du peuple nigérien à une certaine époque, et qui en est, aujourd’hui, réduit à la stature de simple jouet, mieux de marionnette aux mains de manipulateurs invétérés.
Le Niger contemporain ne cédera point aux sirènes de la désunion et de la folie d’ambitions personnelles d’une catégorie d’hommes politiques nigériens qui croient que le Niger ne saurait avancer tant qu’ils ne seront pas à la baguette, et sont, manifestement, prêts à tout pour parvenir à leurs fins, y compris marcher sur le dernier des cadavres nigériens pour assouvir leurs ambitions personnelles.
Ainsi va le Niger, et personne, oui personne ne pourra en contrarier la marche inexorable vers le progrès social et économique des populations nigériennes. Certes les forces du mal tenteront de ralentir le rythme de cette marche, mais elles ne parviendront jamais à en arrêter le mouvement général. C’est dialectique, basique. Ainsi va la vie d’une nation !
Par Zakari Alzouma Coulibaly