Alou Moustapha
Le 25 avril 2025, le Procureur de la République près le Tribunal de Grande Instance Hors classe de Niamey a fait savoir à l’opinion que vingt-deux (22) personnes ont été prises dans les mailles de la Direction de la Police Judiciaire (DPJ).
Les charges retenues contre ces personnes qui ont eu maille à partir avec la loi sont, entre autres, détournement de biens publics, faux et usage de faux, corruption, enrichissement illicite et blanchiment de capitaux.
A l’occasion de ces différentes interpellations, plusieurs objets ont été saisis dont 2 308 faux actes de cession de plusieurs lotissements, 12 actes de cession non remplis, 77 titres fonciers, 20 cachets de divers services et sociétés entre autres.
Ce jour-là, le Procureur de la République près le Tribunal de Grande Instance Hors Classe de Niamey a rappelé que les services compétents de l’Etat en matière de renseignement ont collecté des informations sur l’existence d’un réseau mafieux, responsable de la confection et de la mise en circulation de faux actes de cession afférents à des parcelles issues des lotissements de la Ville de Niamey et la commune de Karma ainsi que du morcellement illégal des espaces classés et réserves publiques.
Il y a quelques jours, dans la Ville de Zinder, plusieurs personnes, dont d’anciens responsables municipaux, des élus locaux, et non des moindres, en dissidence avec le cadre législatif et réglementaire qui gouverne la gestion du foncier dans notre pays, empêtrées dans une affaire de mauvaise gestion foncière, de cession voire de vente d’espaces publics et de lotissements irréguliers et illégaux, ont été interpellées et croupissent en prison actuellement.
En réalité, la situation de non-Etat, qu’évoquait le Président de la République, Chef de l’État, le Général d’Armée Abdourahamane Tiani, et qui prévalait un peu partout dans les sphères de la République la veille et les jours d’avant le 26 Juillet 2023, a concerné, également, la gestion du foncier dans notre pays.
A ce niveau, on a touché le fond, comme qui dirait, avec le comportement irrédentiste des uns et l’attitude délictueuse des autres qui avaient, tous, considéré le bien public comme une propriété privée, la position politique comme un viatique viager.
Sous le parasol de leurs partis politiques, en effet, sous le couvert d’un militantisme de mauvais aloi d’ailleurs, narguant comme à leur habitude les citoyens, ils se sont mis en réunion pour céder, concéder, morceler, arracher des espaces publics, y compris les espaces verts, des domaines publics et privés, des champs, des lieux de loisirs pour les jeunes, des rues et ruelles, au nom d’une puissance que leur confèrent, pensent-ils, leur appartenance, amitiés, relations et accointances politiques et surtout politiciennes.
C’est donc sur ces malheureuses entrefaites qu’était intervenue l’action historique des Forces de Défense et de Sécurité le 26 Juillet 2023. C’est ainsi que dans la droite ligne de l’affirmation de l’autorité de l’Etat, depuis quelques mois, l’Etat a décidé d’engager une vaste opération d’assainissement dans le secteur du foncier en reprenant en main ses espaces.
Du reste, l’occupation anarchique des espaces publics et le non-respect des normes en matière de lotissement qui avaient cours dans notre pays, particulièrement dans la capitale, ont été l’objet principal de réflexions et d’analyses approfondies d’un comité ad ‘hoc. Ledit comité a, effectivement, constaté que la gestion du foncier dans les collectivités territoriales est une problématique préoccupante au Niger avec la mise à nue quasi quotidienne de réseaux de fraudeurs, d’où l’impérieuse nécessité de refonder le secteur.
La refondation de la gestion du foncier dans notre pays passera par le respect strict de la vocation des réserves foncières, l’identification et la sécurisation du domaine foncier de l’Etat, un audit des lotissements privés et l’application de sanctions rigoureuses contre les contrevenants, entre autres. En définitive, la mise en œuvre des recommandations de ce comité ouvrira une nouvelle ère dans la gestion du foncier tant dans la Ville de Niamey et ses environs que dans les autres grandes villes du pays.
Moustapha Alou (ONEP)
