
Alou Moustapha
Hier, dimanche 3 août 2025, dans le cadre de la Journée Nationale de l’Arbre (JNA), le Président de la République, Chef de l’État, le Général d’Armée Abdourahamane Tiani a lancé officiellement à Zinder la campagne nationale de reboisement et le programme « Bois des Héros de la Résistance ».
En réalité, la JNA de cette année 2025 célébrée, hier, sur toute l’étendue du territoire national, a un caractère environnemental et une dimension historique.
Du caractère écologique et environnemental, il s’est agi, à travers « le Bois des Héros de la Résistance à la colonisation », de réunir, dans un même espace, tous les déterminants pour la réussite d’une plantation dans les conditions sahéliennes, à savoir l’utilisation des espèces ligneuses et herbacées, la réalisation des travaux de conservation des eaux et du sol, une clôture grillagée, un système d’irrigation d’appoint, un poste autonome solaire ainsi qu’un système de gardiennage et de vidéosurveillance.
Au demeurant, la JNA et ses activités connexes et actions subséquentes sont la traduction de l’intérêt que porte le Président de la République, Chef de l’État, le Général d’Armée Abdourahamane Tiani et le gouvernement à la restauration de l’environnement, et la preuve d’un engagement national à relever le défi de la lutte contre la désertification voire les changements climatiques.
Au plan national, il a été réalisé, pour l’édition 2025, huit (8) Bois des Héros de la Résistance à raison de 50 hectares par région et chacun d’eux porte le nom d’un héros de la résistance désigné de façon consensuelle par les autorités administratives, coutumières et les services techniques régionaux.
S’inspirant du modèle du « Bois du 26 Juillet » de l’édition 2024, les Bois des héros de la résistance sont des symboles de la reconnaissance de la Nation et l’accomplissement d’un devoir de mémoire en hommage aux résistants à la pénétration coloniale, d’où la dimension historique de l’évènement.
Hier, c’est dans la forêt de Berbekya, qui est à cheval entre la commune 4 de Zinder et la commune rurale de Tirmini, retenue comme site officiel, que le Président de la République, Chef de l’État, le Général d’Armée Abdourahamane Tiani a procédé à la plantation d’arbre dans le « Bois Amadou Dan Bassa ».
Du sultan Amadou Dan Bassa dont le Bois de la région porte le nom, le Professeur André Salifou a narré, avec précision dans sa dramaturgie en cinq(5) tableaux intitulée « Si les Cavaliers avaient été là…», et éditée en 1973, les péripéties qui ont émaillé l’attaque contre le camp Cazemajou, le poste militaire français à Zinder, que projetait d’organiser Amadou Dan Bassa et certaines notabilités du Damagaram dont Mallam Gapto, Chatima Mamadou, Charif Fadil, l’envoyé spécial et chargé de mission Dan Gougouwa, l’interprète Ali Diallo, et le négociant Mallam Yaro.
Las d’observer la condescendance du Capitaine Lefèvre, la destruction progressive du Damagaram par la civilisation dissolvante des « oreilles rouges », les exactions du système colonial, le jeune Sultan Amadou Dan Bassa avait décidé de passer à l’action et d’en découdre définitivement avec l’armée coloniale et ses supplétifs.
Malheureusement, rapporte le Professeur Boureima Alpha Gado au chapitre 23, sous-titré « Amadou Dan Bassa, le complot avorté (Zinder 1906) », de son livre « Miroir du Passé », publié en 2001, l’opération, pourtant minutieusement planifiée fut ébruitée, éventée, découverte par les chefs militaires français et au surplus, la centaine de cavaliers que le négociant Mallam Yaro devait recrutée et regroupée sur le plateau de Tirmini pour l’assaut final du camp Cazemajou n’avait pas été au rendez-vous. Les cavaliers n’avaient pas été là, à l’heure indiquée.
Dans son long métrage titré « Si les Cavaliers… », réalisé en 1983, le réalisateur Mamane Bakabé a étalé les enjeux de la lourde responsabilité de protéger le Damagaram contre les méthodes brutales et inhumaines des imposteurs français qui incombait au jeune sultan Amadou Dan Bassa, les intrigues de palais, l’indiscrétion de « Nana » la femme d’un tirailleur, l’échec de l’opération contre la garnison française.
De Amadou Dan Bassa, l’on retiendra incontestablement un sultan déterminé à reconquérir la souveraineté du Damagaram face au colon français, et l’échec de l’attaque du poste militaire français met en lumière le rôle qu’ont joué depuis la nuit des temps les ennemis internes, mouchards de service, taupes attitrées et autres traitres à leur nation toujours prêts à se vendre à l’ennemi et contrarier la reconquête de la souveraineté et de l’indépendance véritable de leur pays.
Enfin, la commune rurale de Tirmini où se trouve le site du Bois des Héros de la résistance de la région de Zinder avait été d’une part, le lieu de rassemblement des cavaliers de Mallam Yaro en 1906 et d’autre part, quelques années plus tôt, un champ de bataille entre un détachement de l’armée coloniale française dirigé par l’officier Joalland et les hommes du sultan Amadou Kouran Daga, une autre figure de la résistance.
C’était «la bataille de Tirmini » de Juillet 1899.
Alou Moustapha (ONEP)