Si le Chef d’Etat-Major des Armées (CEMA) de la France était un joueur de football, il serait sans nul doute, un spécialiste du « contre-pied », comme il l’a si bien démontré, il y a quelques jours, à Cotonou, au Bénin, en prenant justement le contre-pied de son homologue béninois en pleine conférence de presse conjointe.
S’il était un homme politique, on dirait, sans coup férir, qu’il avait tourné casaque ; et puisque c’est un militaire, Officier-Général de son état, on dira tout simplement qu’il a retourné l’arme contre son ami.
En effet, ce jour-là, devant des journalistes médusés par tant de confusion et de contradictions entre deux chefs militaires, deux amis, deux alliés objectifs, sur un même sujet, une même question, le Général Fructueux Gbaguidi, le Chef d’Etat-major des Forces armées béninoises, dont la prestation n’a pas été fructueuse contrairement à ce qu’indique son prénom, a soutenu, en réponse à une question, un tantinet malicieux, goguenard et sans vergogne, qu’il n’existe pas de bases militaires françaises au Bénin.
Pour étayer ce vilain mensonge, le Général Fructueux a cru bon de donner à l’assistance, interloquée et stupéfaite par cette réponse, un cours magistral sur une base militaire, les conditions et préalables qui fondent son existence, son fonctionnement, son opérationnalisation, sa composition, le matériel et la logistique qui la composent, pour déduire, à la fin de son raisonnement alambiqué et pusillanime, à l’inexistence de bases militaires françaises au Bénin.
Libre au Chef d’Etat-major des forces armées béninoises d’ignorer ou de méconnaitre la signification de bases militaires et les conditions de leur existence sur un territoire malgré ses responsabilités, son grade, son « semblant de niveau » et son statut.
Dans tous les cas, son homologue français, son hôte du jour, avec lequel il était censé parler le même langage, que ce langage soit sensé ou pas, voire dire la même chose, donner la même réponse, a retourné l’arme contre lui en soutenant le contraire et en déconstruisant, sans le savoir et le vouloir, tout cet échafaudage de contre-vérités faisant crouler tel un château de cartes toute la charpente narrative du Bénin contre notre pays dont le Premier ministre a, preuves et documents à l’appui, révélé au grand jour l’existence de bases militaires françaises au pays du Général Mathieu Kérékou, le grand ami du Niger, qui s’est probablement remué dans sa tombe et à qui un illustre Journaliste-écrivain nigérien avait d’ailleurs dédié un ouvrage, il y a quelques années ,titré « Notre Ami, Kérékou » .
Le Chef d’Etat-major des armées françaises a été clair et péremptoire : « Non, il n’y a pas de bases militaires françaises permanentes au Bénin, il n’y a pas de missions françaises permanentes au Bénin, Il y a des détachements de l’armée française opérés en coordination avec les forces armées béninoises qui répondent à des besoins exprimés où des militaires français viennent conduire des détachements d’instruction opérationnels pour une durée donnée et quand la mission est terminée on repart ».
Ainsi donc, comme l’a si bien affirmé le Premier ministre, Ali Mahaman Lamine Zeine, il y a bel et bien des bases militaires françaises sur le sol béninois, à quelques encablures sinon aux environs de la frontière avec notre pays, composées de troupes au sol, de détachements d’instructeurs, de matériel de guerre et d’éléments opérationnels comme l’a si brillamment confirmé le CEMA de la France.
Du reste, les Nigériens se rappellent que la France n’a jamais reconnu l’existence de bases militaires de ses armées au Niger, malgré la présence physique de tout un bataclan de soldats, de détachements, et de matériel stationnés sur notre sol pendant plus d’une dizaine d’années.
En définitive, l’Histoire retiendra dans ses pages sombres que le Bénin a accueilli, hébergé, pris en charge des troupes françaises sur son sol dans l’objectif inavoué parce que inavouable d’agresser notre pays par procuration.
Le choix souverain du peuple nigérien, quant à lui, de se débarrasser de partenaires intrigants, de pays-amis louches, ne saurait être émoussé par les manœuvres sournoises et actes inconséquents, à ciel ouvert, de quelques fieffés combinards, internes et externes, mal-en-point, déstabilisés et bouleversés par la prise de conscience effective et collective des fils et filles de la Nation qui restent mobilisés et vigilants pour défendre et sauvegarder leur patrie.
Alou Moustapha (ONEP)