Le 5 février 2003, devant les membres du Conseil de Sécurité des Nations -Unies, le Général Colin Powell, Secrétaire d’Etat américain, a servi au monde entier le plus vilain et gros mensonge sur des prétendues armes de destruction massive dont disposerait le Président Irakien, Saddam Hussein.
Dans cette mise en scène grotesque et tragi-comique, le Général afro-américain avait, sans gêne, ni une once de pudeur, accusé de façon mensongère le Niger d’avoir fourni de l’uranium aux autorités de Bagdad.
Pour les Etats-Unis, l’exposé diffamatoire et la communication affabulatoire du Général Colin Powell avaient constitué des argumentaires solides et des justifications imparables pour envahir et agresser l’Irak, le détruire, attenter à la vie de son Président, massacrer la population, et aussi paradoxal que cela puisse paraitre non sans prendre le contrôle des énormes gisements pétrolifères et régions pétrolières de ce pays.
A l’épreuve des faits et sur la base des rapports des inspecteurs de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA), mandatés par les Nations Unies, il ressort que le Niger n’a jamais vendu de l’Uranium à l’Irak et mieux, toutes les allégations portées contre l’Irak par les USA sont fausses et sans fondement
En 2021, au crépuscule de sa vie, peu avant d’être emporté par une forme compliquée de la Covid-19, le Général Colin Powell se confessait : « Cette prestation est une tache et restera une tache sur ma réputation, c’est une tache parce que je suis celui qui a fait cette présentation au nom des USA devant le monde et cela fera toujours partie de mon bilan ».
Le samedi 16 Mars 2024, en enjoignant le personnel militaire des Etats Unis et les employés civils du département américain de la défense sur le territoire du Niger de débarrasser le plancher, d’évacuer les lieux, de quitter le Niger immédiatement, le Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP) et le gouvernement ont tenu à rappeler aux autorités américaines ce lamentable chapitre de leur relation avec notre pays.
En vérité, la délégation américaine, la délégation par qui la dénonciation de l’opaque accord est arrivée, qui a séjourné à Niamey du 12 au 14 mars 2024, comme pour donner raison à Jean Jacques Uroas qui affirmait que « l’Amérique n’a pas d’alliés, elle a seulement des cibles et des vassaux » a fait montre justement de dédain et d’une insolence patente tout au long de la série de rencontres qu’elle a eue avec les autorités nigériennes.
Cette délégation n’était pas venue à Niamey pour échanger ou discuter, elle était plutôt là pour dicter, édicter, imposer et menacer le Niger.
En terrain conquis, maitresse des lieux, puisque l’ordre ancien, balayé par le CNSP le 26 Juillet 2023, avait offert et cédé aux Etats-Unis, gracieusement et gratuitement, une partie du territoire du Niger par une simple note verbale, la délégation venue du pays de l’oncle Sam était loin de se douter qu’elle aura en face d’elle un Premier ministre, chef de la délégation nigérienne, alerte et vif, des membres du CNSP et du gouvernement déterminés à défendre sujet par sujet, thème par thème, point par point, les intérêts du peuple souverain, un Président du CNSP intransigeant, engagé à poser, jalon après jalon, la barque imprenable du Niger nouveau, et un peuple indomptable, fier, uni et enthousiaste qui soutient ses dirigeants.
La dénonciation de l’accord relatif au statut du personnel militaire des Etats-Unis et des employés civils du département américain de la défense sur le territoire de la République du Niger est une aspiration profonde du peuple nigérien et découle d’une volonté populaire maintes fois affirmée par les fils et filles de la Nation qui sont décidés à débarrasser leur sol de toute imposture et combattre toute forme d’accaparement de leurs terres.
En mettant fin à l’aventure des troupes américaines sur le territoire national, le CNSP et le gouvernement mettent à nu d’une part la félonie, la trahison et l’antipatriotisme répugnant des principaux animateurs du système déchu qui ont prostitué les valeurs de dignité et de fierté nationales et d’autre part, jettent dans les poubelles de l’Histoire cet accord scélérat et illégal qui contraint le contribuable nigérien à payer des factures de plusieurs milliards de FCFA liées aux taxes pour les avions militaires américains dont les autorités nigériennes n’ont aucune information sur les activités et ignorent l’effectif et le matériel déployés sur le territoire national.
Comble de la félonie, avec le consentement et l’acquiescement du système déchu, l’armée américaine n’a aucune obligation, selon le tristement célèbre accord, d’accéder aux demandes nigériennes d’appui contre les groupes terroristes qui mettent en péril la vie des populations et de nos vaillantes forces de défense et de sécurité comme pour confirmer les propos d’un autre ancien Secrétaire d’Etat américain, Henry Kissinger, qui disait « Etre ennemi de l’Amérique peut-être dangereux, mais être son ami est fatal ».
Il est maintenant clair que le Niger d’aujourd’hui et celui de demain tiennent à reconquérir la souveraineté nationale, à la sauvegarder et à coopérer, en toute liberté, avec tout pays épris de paix, dans le respect et la dignité et pourvu que ce pays tienne compte des aspirations profondes du peuple nigérien.
Enfin, après la dénonciation de cet accord inique par le CNSP et le gouvernement, il ne reste plus, aux autorités américaines, qu’à suivre voire respecter, à la lettre comme dans son esprit, cette idée de Lyndon B. Johnson, un ancien locataire de la Maison Blanche qui déclarait : « Si quelqu’un vous demande de quitter sa maison, vous prenez votre chapeau et votre manteau, vous dites au revoir, vous partez sans faire de vagues ».
Alou Moustapha (ONEP)