Au Niger les statistiques estiment à environ 900.000 les personnes qui exercent les activités artisanales. Les femmes constituent environ 60% de cet effectif, dans un secteur qui assure ainsi leur autonomisation. Leurs domaines de prédilection sont la transformation agroalimentaire, le textile et habillement (couture), hygiène de soins corporels (cosmétiques, tresses, manucure/pédicure), etc. L’artisanat nigérien est bien connu au plan régional, africain et même international à cause de l’authenticité et l’originalité de ses produits. Avec des engagements politiques ardus à travers le financement des actions concrètes, notre pays va enregistrer des résultats positifs dans le développement de ce secteur.
Hadjia Zeinabou : membre de la Coopérative des artisans du Musée National
Je vends des tableaux, des nappes de salon, des bijoux, des chaussures. Au musée, on a difficilement la clientèle, elle vient rarement avec tous les objets exposés. Nous tirons des bénéfices, si nous arrivons à écouler nos produits, l’artisanat se vend très bien surtout à l’extérieur. Dans la sous-région, l’artisanat nigérien est bien connu mais nous manquons d’outils de travail. Il faut que l’Etat nous appuie à acquérir des machines pour bien faire le travail. Il faut aussi mettre en place un financement adéquat en vue de réhabiliter et ou de moderniser les centres et villages artisanaux. Il faut également que l’Etat apporte un appui technique et financier aux micros et petites entreprises artisanales. Le message que je lance à mes sœurs, je sais que ce n’est pas du tout facile pour les femmes entrepreneures à cause du poids des traditions, le confinement à des petits métiers, l’absence de moyens, de méthodes, de soutien à leur ambition, mais je leur demande de tout faire pour relever les défis. A l’Etat, je demande également de prendre réellement en compte les femmes dans les projets de développement.
Mme Hadiza Hamed : Artisan du village artisanal de Wadata
Je confectionne des sacs artisanaux à base de cuir, notamment des coussins, des pochettes, des napperons, des chaussures, des ceintures…. J’ai des employés et ma clientèle est surtout composée d’étrangers. Les Nigériens n’achètent pas nos produits. Grâce à ce commerce, j’ai beaucoup voyagé. Il faut préserver les métiers de l’artisanat par le financement de la protection des œuvres notamment la croix d’Agadez et divers produits qu’on ne trouve qu’au Niger. Il faut soutenir également les artisans à travers la commercialisation de nos produits artisanaux sur les marchés extérieurs et au plan local. Il faut surtout faciliter l’accès des artisans aux marchés publics, afin de mieux renforcer les structures d’encadrement et développer le système associatif car c’est ensemble qu’on peut faire beaucoup de choses.
Hadjia Mainaram : Fabricante et vendeuse d’encens
Je me se suis lancée dans la commercialisation des produits parfumés communément appelés ‘’dougou’’ou encens. Des activités utiles, qui m’occupent régulièrement et me permettent de subvenir à mes besoins fondamentaux. Chez nous la fabrication de l’encens est un métier qui se transmet de génération en génération. Les ressources générées par ces activités servent à faire face au quotidien familial et même épargner pour financer les trousseaux de mariage de nos enfants ou même à aider nos maris dans leurs charges quotidiennes. Les affaires marchent bien. Nous avons des commandes de toutes parts. J’ai consacré plus de la moitié de mon âge dans la fabrication de l’encens qui est bien vendu, soit près de trente ans d’expériences. J’ai même initié mes filles à ce métier pour qu’elles puissent assurer la relève. Nous avons plusieurs gammes de produits parfumés notamment Sandal, Tafarchi, VIP…..
Aminatou Haidara : Gérante d’une boutique de produits artisanaux
Nous vendons divers produits notamment des calebasses, des sacs, des colliers. Les clients se font rares, nous rencontrons de sérieux problèmes. Mais grâce aux salons et foires nous arrivons à écouler nos articles. Avec mes employés je fabrique des portes clés, des tableaux de décoration, des ustensiles de thé, des habits teintés. C’est nous même qui confectionnons nos produits, nous utilisons des matières comme le cuir, la colle, les couleurs, les fils, les aiguilles…. Il faut valoriser notre culture, la promouvoir, l’exporter. En tant que mère je tente simplement de montrer à mes filles une bonne part de nos valeurs traditionnelles.Une femme doit être fière partout où elle est, en se battant et en participant à la construction du foyer, de la région et du pays. J’encourage les femmes qui sont engagées dans le leadership à persévérer et invite celles qui hésitent à s’engager ; car les expositions, les compétitions sont bénéfiques.
Mme Hama Hadiza Boubacar : membre de la Fédération des femmes éleveurs et pasteurs du Niger
Nous sommes un groupement de femmes qui, sur des bases égalitaires, mettent en commun des initiatives en vue d’atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés. Nous avons des produits issus des différentes régions du Niger notamment les plantes médicinales, les farines à base de mil, de sorgho, de maïs.Le développement de la femme passe par la femme rurale et pour cela il faut renforcer leurs capacités. On peut commencer avec un petit capital de cinquante, cent mille francs pour démarrer sa propre entreprise. Il existe beaucoup de domaines dans lesquels les femmes peuvent investir. Des créneaux comme les cultures de contre saison sont de nature à générer des revenus. Et nous, nous voulons profiter au maximum. Nous sommes actives sur plusieurs fronts notamment dans la transformation et la commercialisation des céréales (mil, niébé), qu’on transforme en aliments notamment le biscuit, le couscous, les produits arachidiers, etc. Je suis membre active du groupement, je suis associée à toutes les décisions au niveau de la Fédération et je participe à plusieurs rencontres.
Mme Abdoulkarim Fatoumata : Promotrice de l’entreprise Fanta House
Nous travaillons dans le domaine de la transformation agro-alimentaire, nous transformons le riz, le niébé, le maïs, le sorgho et le fonio en produits finis comme le couscous. Nous proposons par exemple aux clients le riz avec le moringa, avec les persils garnis et le couscous de riz simple. Il y a aussi le Djouka, qui est un mélange de Fonio et d’arachide. Il y’a également la farine de fonio et le dégué de fonio, de sorgho et de mil. Bref, beaucoup de recettes qui peuvent contribuer à améliorer les plats servis lors des cérémonies sociales ou des réunions officielles. Nous nous sommes dit qu’il est important de nous intéresser davantage à nos plats locaux, à la cuisine nigérienne. Ce sont des plats préparés par nos mamans et qui en plus de leurs vertus nutritives, renferment de vertus thérapeutiques. Nous voulons le développement de notre région car si une femme réussit, c’est toute la société qui réussit. Il faut soutenir la femme dans ses activités lucratives pour réellement voir ses capacités de gestion.
Propos recueillis par Aîssa Abdoulaye Alfary(onep)