
Lors de l’entretien sur le plateau de la RTN
Monsieur le ministre on a coutume de dire que l’avenir d’un pays c’est sa jeunesse. Vous êtes à la tête du Ministère en charge de la jeunesse. Quelles sont les stratégies, les plans, les programmes et même les projets de développement qui ont été initiés et mis en œuvre pour la jeunesse ?
Merci de l’occasion que vous m’offrez de partager avec les populations nigériennes les activités de mon département ministériel au cours de l’année 2024, depuis la réception de la lettre de mission à nous confiée par le Chef de l’État, le Président du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie. Permettez-moi d’abord de partager avec vous que, dès la réception de cette lettre, nous avons procédé à une étude approfondie en fonction de nos différentes directions. Et aussitôt, nous avons entamé une visite en région pour une vulgarisation et surtout pour voir les moyens existants pour la mise en œuvre de ce programme. C’est ainsi qu’après ces différentes visites, on a commencé d’abord à mettre en place un comité national, au niveau du Ministère, pour réfléchir sur l’avenir de notre jeunesse. C’est de là qu’on a monté le programme qu’on appelle le Programme National pour le Volontariat Patriotique. Et, ce comité concerne presque tous les ministères, de la Défense à l’Intérieur ; il est transversal, y compris l’Agence Nationale de Volontariat pour le Développement (ANVD). Ils étaient tous concernés par les réflexions. C’est un programme structurant qui nous permet de mobiliser la jeunesse, assurer son insertion socio-économique, et aussi lui inculquer le patriotisme et le civisme et surtout le don de soi pour le pays. Ce programme a été présenté au niveau du CNSP. On a recueilli quelques remarques et recommandations et tout a été pris en compte. En temps opportun le programme sera encore exposé et adopté et on va commencer le suivi.
En dehors de ce programme, pour la première fois, on a le Fonds National pour le Développement du sport. La difficulté majeure qu’on a dans ce domaine, c’est surtout le financement des sports. Pour la première fois l’Etat du Niger a rétrocédé 50 % des droits d’assise, ce qui permet vraiment cette fois-ci de faire encore mieux dans le domaine sportif, surtout en mettant en place principalement les structures qui peuvent accueillir les différentes activités sportives. On a aussi le domaine de la formation où l’Etat a fait beaucoup d’efforts. On a à peu près 29 Centre de Promotion des Jeunes (CPJ), 9 Ecole de Formation Artistique et Culturelle (EFAC). On a aussi, sous notre tutelle, des grandes écoles notamment l’Institut National de la Jeunesse des Sports et de la Culture (INJS/C) et aussi l’Institut National Artistique et Culturel (INAC). On a pour le CPJ et les EFAC presque 4000 apprenants. En majorité ces apprenants sont des jeunes déscolarisés ou qui n’ont jamais été à l’école à qui on donne des formations pour faciliter leur insertion sociale. On a d’abord amélioré le cadre d’étude. Les enfants qui sont dans les IFAC et les CPJ n’avaient pas d’allocations, mais cette fois-ci, on a pu uniformiser. Tous ces enfants ont leurs allocations qui leur permettent de pouvoir rester à l’école, parce qu’à un moment on a remarqué des déperditions. Les enfants n’arrivent pas à accéder à l’école comme ça se doit, par manque de moyens. Et à l’INJS c’est la même chose, le cadre a été amélioré ; pour l’INAC on a revu le curricula pour permettre à cette jeunesse de finir ses études.
Monsieur le ministre, il y a un constat qui se dégage, puisque de tous les débats que nous avons organisés en région, les gens disent que ces programmes et projets sont gérés par beaucoup de ministères sectoriels, et souvent les énergies sont dispersées. Comment créer cette synergie pour que ce qui doit aller vers la jeunesse soit directement à la jeunesse ?
Ça, c’est ce que les gens racontent. Sur ce programme, on est en entente cordiale et directe avec tous ces ministères. Pour la mise en application, on sait par où commencer. Il est vrai que la jeunesse est transversale. Il y a des domaines par exemple où on sera appelé à former ces jeunes et le meilleur endroit pour former ces jeunes sont les centres de formation qui relèvent des autres Ministères, de la Fonction Publique pour les embaucher. On a aussi des activités dans le domaine agricole, donc on aura besoin du ministère de l’Environnement tout comme du ministère de l’Agriculture. On a besoin du FAFPA aussi pour la formation professionnelle en tant que telle parce que nos centres ne sont pas suffisants au vu du nombre. Mais on est en bonne intelligence avec tous ces départements ; il n’y aura pas de problème pour la gestion de ces activités.
Monsieur le ministre, depuis l’avènement du CNSP, on parle de changement de mentalité pour promouvoir un type de nigérien nouveau. Quelles sont les stratégies élaborées par votre département ministériel dans ce sens ?
Pour ce qui est du changement de mentalité, on a tout d’abord monté le comité ad’hoc, composé d’éminents historiens et d’experts de la culture. En premier lieu, il était question de baptiser nos boulevards, nos avenues, nos rues, nos places, pour une appropriation de notre histoire. Pour cela, on a commencé les études vers le mois d’avril 2024. Il a fallu précisément le 15 octobre pour lancer les baptêmes de ces places, rues et avenues. On a commencé par l’avenue Djibo Bakari qui, initialement, portait le nom de Charles de Gaulle, un colon. Après, on a rebaptisé la place Monteil qui a pris le nom de Thomas Sankara, un panafricaniste, après la place de la Francophonie qui devient dorénavant la place de l’AES, et enfin le monument aux morts : il fallait forcément qu’on honore nos morts. On en a eu beaucoup de la colonisation à nos jours en passant par le terrorisme. Dorénavant, cette place prendra le nom de ‘’Bou-bandey-Batama’’, c’est un nom typiquement national qui veut dire vraiment qu’il faut honorer les morts. Après, nous avons cédé ce document à la Ville de Niamey pour une prise en compte. Rien que la semaine passée, ils ont procédé au baptême de certaines rues telles que la place Boubou Hama, Dandiko-Dan-Klodo, place Zancen-Kasa et la place Liptako Gourma, pour ne citer que ces noms-là. Dans la même lancée, ce même document a été partagé avec toutes les régions du Niger pour une appropriation et pour faire autant, parce qu’on veut que chaque région s’inspire de ce document qui a été élaboré avec des critères propres pour procéder aux baptêmes des boulevards, avenues, rues et places des différentes régions à l’image de ce qui est en train d’être fait à Niamey où on vient de commencer. Il y a beaucoup de rues et de places à baptiser. Mais ça prendra du temps et la mairie est déjà en train de faire beaucoup de travail. On pense, d’ici la fin de l’année, pouvoir boucler pour Niamey et que les régions vont aussi commencer. Ensuite, les historiens du comité ad’hoc dont je parlais, ont le privilège de réécrire notre Histoire, l’Histoire générale du Niger. Ils sont déjà à pied d’œuvre. Il faut qu’on s’identifie à nous-mêmes et non à quelqu’un. Il n’est plus question d’abandonner nos réalités au profit d’autres réalités qui ne reflètent pas notre identité.
Justement par rapport à ce comité chargé de réécrire notre histoire, où est ce qu’il en est après quelques mois de travaux ?
Je dirais que les choses avancent normalement parce qu’il faut revisiter tout ce qu’on a et Dieu merci, on a d’éminents historiens et chercheurs qui ont beaucoup écrit sur l’Histoire du Niger. Mais, il va falloir passer tout ça au peigne fin et approfondir les recherches, aller aussi loin que possible parce que, comme vous le savez, le Niger ne date pas d’aujourd’hui, on est une très vieille civilisation. Donc, ça prendra forcement du temps mais d’ores et déjà, ils sont en train de faire la collecte, et de contacter toute personne spécialiste ou historien qui peut apporter du sien pour ces travaux.
Monsieur le ministre, avant les événements du 26 juillet 2023 la question de l’unité nationale et de la cohésion sociale a été mise à rude épreuve. Qu’est-ce qui est fait au niveau de votre département ministériel pour renforcer cette cohésion sociale et l’unité nationale dans le pays ?
On a jugé utile dans un premier temps de s’adosser sur nos réalités socioculturelles et c’est dans ce sens qu’on a créé la semaine ‘’Al-Ada’’, une semaine sportive et culturelle, une semaine durant laquelle toutes les filles et les fils du Niger se sont retrouvés à Niamey pour des activités culturelles et des activités sportives telles que la lutte Kokowa, le triathlon, la course hippique, etc,. Ce sont nos réalités sportives que les gens adorent. En plus du domaine sportif, on a organisé un retro festival avec des chants, des ballets, au niveau du Palais des congrès. L’ouverture de la semaine Al-Ada a retracé un peu notre histoire récente ( Où est-ce qu’on était ? Qu’est-ce qui est arrivé chez nous ? Où est-ce qu’on veut aller ? ) pour que toutes nos populations prennent conscience de la réalité de ce qui est en train de se tramer et ce qu’on doit faire pour vraiment rester un pays totalement indépendant. En marge de cette semaine culturelle, on a aussi mis de la valeur sur nos produits artistiques et il y a eu une foire au niveau du Palais des Congrès qui a réuni les artisans de toutes nos régions. Il y a eu aussi une exposition de l’art culinaire du Niger avec le Ministère du Tourisme pour montrer aux gens qu’on a quelque chose à revendre. Il suffit juste de mettre nos produits en valeur.
Dans le domaine sportif, pour la première fois, on essaie de continuer à perfectionner la lutte en révisant le code pour rendre cette lutte Kokowa plus attrayante et aussi multiplier les compétitions. Après le sabre d’Agadez en fin 2023 et début 2024, on a organisé 5 coupes. Pratiquement tous les deux mois on a une compétition. On a fait la Coupe du Président du CNSP à Zinder, la coupe du ministre de la Jeunesse à Dosso, parce que la coupe du ministre se joue forcément dans la région championne du sabre. Cela veut dire que cette année, ça sera à Niamey. Après cette coupe, il y a eu la coupe RTN, il y a eu la coupe Airtel et pendant la semaine Al-Ada, il a eu une coupe de lutte traditionnelle. A travers ce compétitions, il s’agit d’occuper nos champions, nos lutteurs, tout ayant un regard sur l’international. Il faut former des équipes qui vont se spécialiser à la lutte gréco-romaine qui est aujourd’hui acceptée au niveau international parce que nos lutteurs ont vraiment les qualités pour participer à ces luttes et aussi gagner des coupes à l’international.
Monsieur le ministre, parlant toujours des projets dans le domaine de la lutte traditionnelle, il y a quand même un projet initié par docteur Seriba Mamadou pour redynamiser effectivement cette lutte, j’imagine que vous êtes au courant. Qu’est-ce que vous en pensez parce que ça permettra au moins de faire des combats tout au long de l’année et réhabiliter les arènes de lutte traditionnelle au Niger ?
Oui, on en a parlé avec lui. On l’a bien écouté, on a apprécié la proposition et on est prêt à aller de l’avant avec lui. Parce qu’on a remarqué qu’au Niger, d’ailleurs je dirais c’est le seul pays où on a dans toutes les régions au moins une arène de lutte de grande capacité. Les régions de Tahoua et Zinder ont pris les choses en mains en 2024 parce qu’elles ont eu à rénover leurs arènes de lutte sur fonds propres des régions. Tahoua a organisé des compétitions au niveau régional et je pense même d’ici la fin du mois, il y a une autre compétition de lutte, notamment la coupe du Gouverneur de Tahoua, une initiative qu’on encourage aussi pour les autres régions. Il faut forcément que ces arènes soient utilisées. Vous avez remarqué à Dosso exceptionnellement on a aménagé l’arène parce que c’est l’arène des jeux traditionnels. Mais on ne fait que la lutte Kokowa dedans alors qu’on peut faire d’autres activités. Et aujourd’hui je pense que les dossolais ont commencé, ils font des concerts dedans, ce qui est bien et on espère qu’ils vont continuer à exploiter cet espace pour d’autres activités pour que la jeunesse profite de ces espaces. Et avec le projet de M. Seriba, on est partant si vraiment on peut faire en sorte que toutes nos arènes soient animées, pour qu’on ait de quoi occuper cette jeunesse dans le domaine de la culture ou des sports.
Monsieur le ministre, on parle de plus en plus de dialogue intergénérationnel pour permettre aux jeunes de bénéficier de l’expérience des aînés et d’enrichir leur capacité de résilience et de proactivité. Comment cette question a été prise en charge par vos services ?
Dans le programme national de volontariat patriotique, l’une des questions traite de ce dialogue intergénérationnel qui va commencer au niveau des communes. On est déjà à la phase finale de ce projet mais avant on a déjà commencé ce travail à notre manière à travers le Centre national de cinématographie qui fait des émissions pratiquement chaque mois. A travers, ces émissions de cinéma principalement, on parle des cinéastes nigériens à travers des films qui parlent du patriotisme, du civisme et de souveraineté. Et en plus de ça, ils organisent beaucoup de conférences par rapport à ces différents thèmes au profit de notre jeunesse en attendant la mise en place de ce Programme National de Volontariat Patriotique.
Les industries culturelles et sportives sont très peu connues au Niger. Quelles sont les actions initiées pour leur promotion ?
Pour ce qui est des industries culturelles et sportives, certes elles sont très peu connues, mais en 2024 on a eu à faire la Foire de l’Industrie Culturelle (FICNI) au niveau du CCOG où on a noté la participation de plusieurs pays dont les pays de l’AES. Cette foire est axée principalement sur 5 activités, notamment les éditions du livre, l’art plastique, le cinéma, l’audiovisuel, les arts vivants, etc. En plus de ça, on a eu à former 72 jeunes qui sont porteurs d’activités culturelles. On a tenu des conférences et apporté des appuis techniques et financiers à 62 projets. Et la formation de plus de 185 professionnels des activités culturelles. Ça c’est uniquement côté culture. Pour le sport, il est question pour nous d’abord d’aborder les infrastructures. Au courant de l’année 2025 on a déjà fait l’acquisition de 5 terrains de Maracana dont un terrain ira à Agadez, parce que c’est dans le cadre de la lutte Kokowa d’Agadez qu’on a eu ces moyens. Il est normal qu’on laisse une trace dans la région. Les 4 autres terrains seront installés à Niamey. D’ores et déjà on a commencé l’installation d’un terrain au niveau de la francophonie. On va créer un centre sportif là-bas avec le soutien de l’Agence de Modernisation des Villes du Niger. Actuellement les travaux sont en cours. On a choisi de réhabiliter l’arène de lutte de Niamey. Cette arène n’est pas destinée uniquement à la lutte, il y avait des terrains annexes qui servaient au Handball, au Volley-ball et au Basketball dont l’endroit spécifique est situé au niveau de l’Association des Femmes du Niger. Il est question de récupérer ces espaces. On a promis aux femmes du Niger un espace pour elles, spécialement pour le sport. Cet endroit sera aménagé avec l’installation d’un terrain de Maracana et un terrain omnisports Basket, Volley-ball et Handball, en plus des salles qui seront aménagées pour le sport dédié aux femmes. L’autre terrain on l’a rétrocédé à l’armée. Ce terrain est en train d’être installé au niveau de Gamkalé pour que la jeunesse de ce quartier aussi puisse avoir un endroit pour faire du sport. En plus de ça, comme je le disais, on a, à peu près 4000 apprenants dans nos écoles. On a constaté souvent qu’à la sortie d’école ce n’est pas aussi facile que ça. On est en train d’envisager comment les récupérer à travers la création de ces industries sportives et culturelles. Pour ces terrains, on a déjà initié une demande pour qu’on nous facilite la création d’une agence de gestion de ces infrastructures parce que normalement on n’a pas le droit de générer des sous, mais il faudrait bien un moyen pour que ces installations qui nous coûtaient chères puissent se prendre en charge. Il va falloir avoir une rencontre avec le ministère de l’Intérieur pour voir comment mettre en place cette agence ou bien un office qui va gérer ces infrastructures. En plus on a le projet d’une industrie sportive. Aujourd’hui il est temps qu’on puisse produire nos équipements et je dirais même nos matériels sportifs sur place, on a les moyens. Pour ce qui est de l’équipement sportif, principalement c’est la couture, on a des jeunes qui sont dans ces domaines. Ces jeunes-là pourraient être récupérés, avec une formation professionnelle plus poussée et ils pourront servir dans ce genre d’industrie. Côté chaussures, on a aussi des jeunes dynamiques qui sont dans le domaine de la confection de tout type de chaussures sur place, ici à Niamey. On a déjà pris attache avec eux, on verra dans l’avenir comment les utiliser pour faire des équipements spécialement sportifs.
Monsieur le Ministre, les arts constituent sans doute les parents pauvres de votre portefeuille ministériel. Pouvez-vous nous dire qu’est-ce qui est fait pour changer cette situation et faire des arts un pilier de notre développement socioéconomique ? Dans la même lancée, comment faire pour que les artistes vivent vraiment de leur activité ? La même question est valable pour les sportifs et les acteurs culturels qui, souvent, on voit quelques années après dans quel état ils se retrouvent. Ce qui n’est pas normal.
Les arts ne sont pas des parents pauvres. Ça, c’est vous qui le dites. Parce que chez nous, tous les volets concernant notre ministère sont considérés au même pied d’égalité. Pour ce qui est des arts, actuellement on se concentre beaucoup sur l’acquisition du matériel et la formation. Si vous avez remarqué, au niveau de la lutte Kokowa 2024 les médailles sont confectionnées au Niger. On a utilisé nos artisans, on a aussi demandé l’aide des jeunes qui sont à Sadoré, des jeunes de l’ANSI qui ont aidé nos artisans à perfectionner leur travail. Et à la fin, on a eu un résultat très satisfaisant. Donc dorénavant, il n’est plus question d’acheter des médailles à l’extérieur du Niger. On peut les faire, on va les faire et on va utiliser nos produits. C’est la même chose que la coupe qu’on a donnée. Ils nous ont fait une coupe en bronze aussi avec l’aide de l’ANSI, très perfectionnée qui représente vraiment la lutte parce que c’était deux lutteurs en combat. Et dorénavant, on va continuer dans ce sens avec l’ANSI. Je pense qu’on pourra perfectionner beaucoup de choses. Et c’est en ce sens seulement que ces artisans pourront vivre de leur art. Sinon, il y a beaucoup d’initiatives par rapport à ça. Ils vivent bien de leur art. Par exemple cette année, avec l’aide du gouvernement, du Chef de l’Etat surtout, on a pu participer à des événements parce qu’on a eu vraiment beaucoup de financements. Pour la première fois, au moins une cinquantaine de Nigériens ont participé à la Semaine Culturelle du Burkina Faso qui s’est passée à Bobo. On a été désigné comme Pays invité d’honneur. Nos produits sont très prisés, même si par moment on les enquiquine pour perfectionner mieux et surtout revoir les prix. Parce que souvent, c’est ce que je dis aussi aux artistes, on aimerait bien payer vos produits mais le prix doit être proportionnel à la qualité. Et en ce sens, les gens pourront payer et vous pouvez vivre réellement de votre activité.
Est-ce qu’ils ont des facilités pour avoir accès à la matière première ?
Ils ont des facilités pour avoir accès à la matière. En tout cas, au niveau du centre du Musée National, ils se débrouillent très bien. Parce qu’actuellement, je suis sur un projet de statue en bronze, comme vous l’avez remarqué, la place Thomas Sankara, l’effigie du Capitaine Sankara, on l’a commandée au Burkina Faso. Maintenant, il est question de faire de même pour les héros nationaux à commencer par Djibo Bakary et actuellement ils sont en train de faire un bon travail là-dessus. Ils sont capables de reproduire ce genre de produit localement. Et on espère que ça va continuer et il est question aussi vraiment de leur assurer une formation. Je leur ai parlé de ça et ils sont partants pour une formation plus pointue et surtout l’acquisition du matériel. Parce que souvent c’est le matériel pour faire le travail, les outils, qui marquent.
Monsieur le ministre plus d’un an après l’avènement du CNSP, côté vestimentaire, on n’a pas encore vu la marque de « Labou Sani, Zancen Kasa » Qu’est-ce qui se passe ? À l’image du Faso Danfani à l’arrivée de Sankara, on l’a vu, aujourd’hui jusqu’à là, on attend cette marque « Labou Sani, Zancen Kasa » ?
On est là-dessus, on a aussi beaucoup de jeunes qui sont dans le domaine du stylisme qui peuvent produire. Mais, à l’image du Burkina Faso, on aurait bien voulu faire la même chose, parce qu’il y avait une tenue qui a été choisie, malheureusement dans notre cas, on n’a pas une société de textile en marche.
Notre objectif, si on doit faire ce genre de tenue, il faut qu’à 90 % le produit soit payé localement. On pourrait le faire si on avait une usine de textile fonctionnelle, sinon ce n’est pas les modèles de tissu qui manquent au Niger. Il y a des tissus qui sont mondialement reconnus, purement nigériens. D’ailleurs, on était habillé dans ces tissus quand on est parti au Burkina Faso. On en a fait des cadeaux aussi. Ce sont des tissus qui sont très prisés, les genres ‘’Tera-Tera’’ et le tissu typique de Diffa. Les gens aiment ça, mais nous, notre souhait est qu’on soit capable de fabriquer ça ici pendant la semaine culturelle.
J’ai posé la question sur les capacités de production des artisans. Je leur ai demandé par exemple plus de 2000 pagnes et ils ont répondu : «ce n’est pas possible». Ils n’ont pas cette capacité parce qu’on a arrêté de produire du coton du Niger. Donc, il faut qu’on revienne à ça parce que souvent, il faut avoir la matière première soi-même et ça faciliterait le reste. On va encourager les gens dans ce sens. On cherche les promoteurs qui voudraient bien créer, en tout cas faire renaître de ses cendres la société nigérienne de textile pour qu’on puisse avoir nos pagnes nous-mêmes. Sinon, j’en ai parlé avec certains couturiers, ce n’est pas si compliqué puisqu’on a des modèles typiquement nigériens. Ils vont s’y atteler dès qu’on aura la matière d’œuvre, le reste suivra.
Par rapport à l’AES, je dirais que les choses sont en cours, tout récemment, on était au Burkina Faso sur invitation, avec les agences de volontariat où on a élaboré un test par rapport à la jeunesse de l’AES. Il est question qu’on se rencontre à Bamako pour approfondir les échanges dans ce domaine. Nous, nous avons déjà pris ça en compte dans notre Centre National de Volontariat Patriotique. Et, en marge de cette rencontre à Ouaga, on a aussi parlé de sport dans l’espace AES.
A ce sujet, nous avons décidé de nous cantonner sur ce qu’on pratique le plus dans nos pays. Par exemple, pour le cas du Niger on a choisi la lutte ‘’Kokowa’’ et la course hippique. Pour le Burkina, on a choisi le cyclisme et l’haltérophilie parce que le champion du monde est Burkinabè. Et pour le Mali, on a choisi l’athlétisme et le tir à l’arc. Ce sont des sports typiques à nos terroirs et qu’on veut promouvoir. En-dehors de ces sports, on a aussi des sports de combat. Là, quand même, le Niger est reconnu internationalement. On est champion d’Afrique en taekwondo et tout récemment, on a eu une médaille d’or en judo au Maroc et en Sambo aussi.
Par rapport à ces sports, on a déjà organisé une compétition AES au Mali avec la Fédération de Russie ; le Niger était classé deuxième. On veut multiplier ce genre de compétitions entre l’AES et les pays partenaires de l’AES. Actuellement, ce projet aussi est en cours. Probablement une compétition aura lieu soit au Niger ou en Russie, en ce qui concerne le Taekwondo et le Sambo qui est aussi un art martial composé du judo et du karaté d’origine russe.
Pour ce qui est de la culture, on a déjà un programme qui est en cours qu’on a monté avec nos experts de la culture, tout récemment au Mali. Actuellement, ce programme est en étude dans les différents pays pour son approbation, probablement la semaine prochaine, parce qu’on ira aux festivités culturelles de Ségou au Mali. Le Niger est invité, comme Pays invité d’honneur avec nos troupes Denké Denké et la troupe Sogha qui ont été spécialement invitées par les Maliens. Au cours de cette activité culturelle, on va adopter notre programme culturel AES, parce que, dans ce domaine aussi, on fait tous pratiquement la même chose, c’est la même culture puisque c’est le même peuple.
Monsieur le ministre, on a assez souvent peu de résultats dans les principales disciplines sportives. Comment faire pour inverser la tendance en même temps rendre nos disciplines sportives plus attractives et compétitives, pour citer l’exemple du football ?
Je ne dirais pas «peu de résultats». On a des résultats satisfaisants parce qu’on vient de très loin dans ce domaine, et c’est lié à plusieurs raisons. D’abord, le financement, cette fois-ci, l’État a décidé vraiment d’accompagner dans ce domaine et on espère avoir des résultats. Mais d’ores et déjà, des dispositions sont prises avec la FENIFOOT. Si vous avez visité le centre technique, vous verrez qu’il y a beaucoup de gens qui s’adonnent au sport. En 2024, on a eu aussi la création de l’Académie de football qui accueille actuellement 60 jeunes de 13 à 15 ans qui sont au niveau de la FENIFOOT, logés et nourris. Ils pratiquent le football en même temps qu’ils vont à l’école. Ces jeunes étaient sélectionnés dans toutes les régions du Niger et c’est parce que le sport doit commencer à la base.
Nous fondons notre espoir sur cette jeunesse qu’on est en train de former dès la base et les résultats sont encourageants parce qu’on a vu leur niveau, surtout pendant les compétitions. Je pense qu’il y a de l’espoir. On a fait l’acquisition des terrains, il faut qu’il y ait beaucoup d’infrastructures sportives. Il le faut parce que c’est ce qui permet non seulement d’occuper les jeunes. Ils vont s’adonner plus au sport et on aura une bonne pépinière pour sélectionner les meilleurs. Côté culture, je dirais aussi, c’est la même chose avec toutes les activités qu’on est en train de mener dans ce domaine pour ramener les artistes sur scène. Je parle du prix Dan-Gourmou à Tahoua qu’on a eu à faire. Je pense qu’on va avoir une rencontre puisqu’il était question de revoir ce prix Dan-Gourmou pour que la jeunesse s’approprie ce prix, parce qu’il y a un genre musical, la musique urbaine, qui ne fait pas partie du concours. Peut-être, il est temps de voir avec ces jeunes, comment les inclure dans cette compétition et comment aussi parfaire nos insuffisances dans ce prix Dan-Gourmou.
Monsieur le Ministre, avec l’édition du retro festival, peut-on dire que le festival de la jeunesse est réhabilité ?
Je dirais que c’est réhabilité parce que même l’année passée, on était pris de court. C’est la raison pour laquelle, au lieu du festival, on l’a appelé ‘’Rétro festival’’ pour se remémorer de ceux qui ont marqué vraiment la vie de la majorité des Nigériens pendant le festival. Cette année, on va revenir directement au concours en donnant suffisamment de temps aux différentes régions pour se préparer à ce festival à venir, Inch’Allah.
Monsieur le Ministre, quel sera votre mot de fin ?
Mon mot de la fin, c’est surtout à l’adresse de la jeunesse nigérienne. Il faut qu’elle prenne conscience que l’avenir du Niger est entre ses mains. C’est à elle, de bâtir ce Niger nouveau et de permettre à ce Niger d’être totalement indépendant et souverain.
Script : ONEP