
Lors de l’entretien sur le plateau de la RTN
Monsieur le ministre, les domaines de la recherche et de l’innovation technologique sont très peu développés et connus dans notre pays. Pouvez-vous dans un premier temps, présenter le domaine et, dans un second temps nous en faire un état des lieux au moins de ses grandes lignes ?
Permettez-moi tout d’abord de remercier la RTN pour cette initiative et également de témoigner notre gratitude à Son Excellence, le Général de Brigade Abdourahamane Tiani, pour nous avoir confié cette mission oh combien importante, celle de conduire la destinée du Ministère que vous venez de citer. Alors vous avez parlé de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation technologique. L’enseignement supérieur c’est tout ce qui est formation post bac, je dis bien post bac. On ne voit dans un premier temps que les Universités publiques, mais il n’y a pas qu’à l’Université qu’on fait de l’enseignement supérieur. Dans le public même, vous avez beaucoup d’établissements qui font de l’enseignement supérieur sans être sous la tutelle de l’enseignement supérieur, de façon directe. On en aussi dans le secteur privé. Si je vous dis le nombre, vous serez surpris, il y a 193 établissements d’enseignement supérieur d’après le dernier décompte qu’on a fait. Nous faisons tout pour les encourager à se mettre dans les standards parce que quand c’est du privé très souvent, c’est difficile de remplir toutes les exigences. Même dans le public, c’est difficile de remplir toutes les conditions. Il y des établissements qui ont des autorisations en bonne et due forme mais qui ne fonctionnent pas à la même vitesse en termes de respect des standards. Et notre objectif, c’est de les accompagner à respecter ces standards du mieux qu’ils peuvent.
Pour la recherche, vous avez un gap qu’il faut combler entre ce qu’on conseille et ce qu’on veut savoir, entre un état de départ et un autre état qu’on veut. Ce gap, ça s’appelle ‘’problème de recherche’’ et pour donc investiguer le problème de recherche, trouver les éléments à insérer dedans on parle donc des hypothèses de recherche et on se lance dans la résolution du problème. C’est tant mieux si on a des résultats probants et tant pis si on peut réorienter les hypothèses, donc c’est cela un peu la recherche. Les établissements de recherche malheureusement, il n’y en a pas beaucoup, c’est un des défis qu’on doit relever. Il ne s’agit pas seulement de mettre un mot pour dire que c’est un centre ou un établissement de recherche, il faut qu’on fasse réellement de la recherche. Les enseignants chercheurs sont des enseignants et chercheurs, mais il y a le corps des chercheurs qui lui aussi est appelé à se développer, à faire la promotion de la recherche en premier et concurremment avec les enseignants chercheurs.
Monsieur le ministre, quelle politique programmatique pour que l’enseignement supérieur, la recherche et l’innovation soient adaptés aux réalités nigériennes et au contexte que nous connaissons ? Ensuite, pouvez-vous nous dire plus spécialement les initiatives que vous avez mises en œuvre depuis que vous êtes à la tête de ce département ministériel ?
Nous sommes arrivés à ce Ministère à un moment crucial où des réflexions étaient menées avec tous les acteurs de l’enseignement supérieur. J’étais Recteur précédemment pour rappel. Donc, il y avait un processus inclusif de réflexion sur comment restructurer nos Universités pour les recadrer et pour une meilleure efficacité. Vous savez, il y a eu plusieurs vagues de créations d’universités. La dernière vague ne répondait pas tellement, par rapport aux objectifs qu’on lui avait assignés. Donc, on était arrivé pile au niveau de la réunion des cadres du Ministère pour pouvoir adopter toutes les réflexions qui ont été menées. A ce titre, il y a eu, par exemple, au niveau d’Agadez, on a recadré pour que la faculté qu’on avait créée comme ça, une faculté des sciences de plus. Alors, il faut orienter les choses vers la formation de techniciens supérieurs et d’ingénieurs. Ça été un peu le leitmotiv. Pendant longtemps, on manquait d’ingénieurs, on manquait d’écoles d’ingénieurs de façon spécialisée, donc on a créé à la place de la faculté des sciences et techniques de l’université d’Agadez, l’Ecole nationale d’ingénierie et de science de l’énergie qui va former des techniciens supérieurs et des ingénieurs dans ce domaine. A l’Université de Dosso par exemple, je parle de dernière hein, il y a l’Ecole nationale des sciences du numérique. C’était la thématique qu’on avait assignée à cette université, l’économie numérique de façon plus générale. Donc, cette école va former des ingénieurs et des techniciens supérieurs dans le domaine. A Diffa, c’est la faculté des sciences agronomiques et écologiques, il y a eu déjà un institut destiné à l’environnement. On a recadré du mieux qu’on peut. Pour Tillabéri qui est la quatrième de cette série d’universités, c’est la faculté des sciences agronomiques et de technologie agro-alimentaire. C’était un peu la vocation qu’on lui avait donnée dès le départ pour ne pas se disperser inutilement. On avait eu un certain nombre d’écoles, d’instituts universitaires de technologie, ça faisait trop. On a érigé un des instituts, notamment celui de Maradi en Ecole supérieure polytechnique. Cette école va former également des techniciens supérieurs dans plusieurs domaines et des ingénieurs également, voire des docteurs ingénieurs, puisqu’après l’ingéniorat, on peut créer les conditions pour que certains ingénieurs qui sont compétents puissent faire le doctorat d’ingénieur et venir renforcer le pool central au niveau des écoles d’ingénieurs de façon générale. Une autre dispersion de force qu’on a recentrée, c’est la filière pharmacie. On a vu à Niamey, ça fonctionne cahin-caha, on essaye de renforcer pour qu’on ait une bonne école dans cette filière très sensible qui ne peut pas se permettre de faire que des cours de rue et disperser les choses. On a formé progressivement les inclusions à Maradi, il ne reste que deux promotions, la 5è et la 6è année. Et on a renforcé aussi bien en capacité d’accueil qu’en personnel enseignant la filière pharmacie ici à Niamey. Le dernier Conseil des Ministres a permis la possibilité par rapport au mouvement des enseignants-cherchers, puisqu’un enseignant est recruté pour une université donnée ; donc il n’y avait pas d’affectation. Donc, on a créé une disposition qui encadre tout en la matière. Dans les positions administratives, c’est le détachement qui peut permettre cela, la tranche de cinq (5) ans reconductible par tacite reconduction, donc on n’a pas besoin d’aller refaire la demande de détachement. Un peu comme ce qu’on avait fait pour les praticiens des hôpitaux quand ils sont recrutés à la faculté des sciences de la santé, ils font une seule fois la demande de détachement après c’est reconductible tous les cinq (5) ans. Donc, c’est la formule qu’on a trouvée pour régler le problème de ce point de vue en termes de restructuration. C’est un peu la fin du processus. Il y a quelques-uns qui n’ont pas, avec ce réarrangement, le volume horaire obligatoire qu’ils doivent enseigner (150 heures) de cours théorique. On a l’impression, quand on dit 150 heures, c’est comme si vous faites 150 heures, le reste du temps vous partez vous promener, non ! Pour faire une heure de cours, il faut au moins 5 heures de préparation, il y a les encadrements derrière, tout un tas d’activités, il y a la recherche. Donc ce n’est pas 150 heures seulement.
La finalité de la recherche, parce que ça prend du temps, mais c’est de trouver. Qu’avons-nous trouvé depuis plus d’un an que vous êtes à la tête de ce Ministère ?
Cette question, je la reformule autrement : quelle est la production scientifique qui a été faite depuis ces 18 mois ? Pour ça, il suffit seulement d’aller sur le moteur de recherche pour voir ce que nos enseignants chercheurs ont produit. On a produit plein de publications sur le virus de la Covid-19 par exemple, sur des bactéries qui nous préoccupent comme la tuberculose, donc tout çà là c’est disponible.
Tout à l’heure, vous avez évoqué la fermeture de la faculté de pharmacie au niveau de Maradi. Les gens ne comprennent pas pour étudier la pharmacie, il faut quitter l’intérieur du pays pour venir alors que les autres régions tout autour, je parle de Zinder, Maradi, Tahoua peuvent être au niveau de Maradi pour le faire, comment on peut expliquer cette décision de fermeture de la faculté ?
Comment aussi expliquez-vous le fait que pendant qu’il y a des formations qui sont disponibles au Niger, les gens se bousculent pour avoir des bourses et aller étudier la même chose à l’étranger ! Pourtant c’est disponible sur place ! Ce n’est pas quitter une ville pour aller dans une autre ville qui est le problème. Nous sommes dans le pragmatisme, on ne peut pas laisser faire une formation dont on connaît les contraintes et laisser la chose se dérouler telle que ça s’est déroulé jusque-là. Je sais qu’ils ont des papiers et tout, mais il faut gratter en termes de compétences. Il faut réunir les forces. C’est-à-dire qu’un jour, Maradi ou une autre ville ne va pas ouvrir la même filière. Il n’y a pas que la filière pharmacie, toutes les filières sensibles au moment où je vous parle, la faculté des sciences de santé de Maradi n’a pas un seul mètre carré qui lui appartient en dehors du bloc administratif qu’on vient de lui construire. Quand je suis arrivé à Maradi pour une visite, c’est les premières choses après les salutations que les deux sultans m’ont posées comme doléances, leur faculté de pharmacie. L’Université Dan Dicko Dankolodo est une université publique du Niger installée à Maradi. Ce n’est pas une université régionale tout comme celle d’Agadez. Et je disais, si on enlève ceux qui ne sont pas de Niamey à l’université de Niamey, il ne restera pas grand monde. Toutes les universités sont pour tout le Niger, on peut converger de n’importe où. Toutes ces universités, en termes de proportion, ont les mêmes proportions de ressortissants d’autres régions.
L’Enseignement supérieur, la recherche et de l’innovation coûtent cher à la fois en ressources humaines et financières, mais est-ce que la bonne solution ne devrait pas consister à créer des conditions pour que ce secteur se prenne progressivement et principalement en charge ? Les subventions de l’Etat devraient surtout venir en appoint pour des questions de justice sociale, de coordination et de priorité gouvernementale.
Au stade actuel du développement des ressources humaines du Niger, ce serait très hasardeux de laisser un secteur aussi stratégique, aussi régalien qu’est l’éducation de façon générale et l’enseignement supérieur en particulier à des initiatives dites privées. Parce que si on dit qu’on va juste accompagner d’une subvention, ça ne règle pas le problème. Tout simplement, les raisons sont très diverses : c’est d’abord un secteur très stratégique et deuxième chose, les frais d’inscription, c’est des montants politiquement arrêtés. Vous vous rappelez, c’était 5000 f avant L1, L2 et L3, on est passé à 10.000 f, les étudiants ont bloqué pour dire qu’il y a eu augmentation de 100%. Ce qui fait rire les journalistes pour savoir plus sur cette augmentation de 5000 parce qu’il y en a qui ont des enfants aux jardins d’enfants, dans les crèches à côté où les frais d’inscriptions sont de 30.000. Même à la Croix Rouge qui est moins chère, c’était autour 20000 F. C’est des montants symboliquement, politiquement déterminés. Les frais d’inscription aussi bien en licence, c’est 10.000f qu’en Master, c’est 50.000f. On ne peut pas le faire au prix coûtant. Les 193 établissements privés dont je vous ai parlé demandent un appui symbolique de deux cent mille (200.000) par étudiant boursier de l’Etat. Non seulement c’est difficile, mais également ils n’ont pas accès à ça à temps.
Au moment où je vous parle ils ont des arriérés d’environ 5 milliards 9 (2020-2021, 2022-2023), ce n’est pas payé, donc ils vont attendre 399 millions sur un montant de 5 milliards 9 qui ont été initiés. C’est en O.V, sortir son argent de l’autre côté, ce n’est pas facile. Donc, on ne peut pas se permettre de faire comme ailleurs. Si vous voyez aux Etats Unis ; des pays qui sont largement développés, c’est l’étudiant qui part prendre un crédit bancaire pour financer ses études. On n’est pas à ce stade, nous sommes dans une transition au sens le plus large en termes de développement humain on ne peut pas se permettre cela sinon très peu de gens auront accès à l’enseignement supérieur s’il faut payer ça au prix coutant. L’accès sera extrêmement difficile sans compter tout le taux d’échecs multifactoriels qui viennent s’ajouter au taux d’admission au bac… Donc pour l’instant, je ne suis pas pour cela. Que l’Etat appuie du mieux qu’il peut. Il le fait du mieux qu’il peut jusque-là. Même s’il y a des arriérés, on est très regardant sur cela. Chaque fois qu’il y a la possibilité, on décaisse aussi bien pour l’aide sociale que pour la bourse elle-même, la bourse d’excellence, les frais de scolarité. C’est une programmation qui est faite et on essaye de faire le décaissement à chaque fois que c’est possible parce qu’il n’y a pas que ce secteur, tout est prioritaire.
Monsieur le ministre, quelles stratégies et quelles mesures avez-vous initiées pour que l’enseignement supérieur, la recherche et l’innovation technologique soient des véritables facteurs de développement socio-économique et culturel en termes de citoyenneté, de patriotisme, en termes de changement de mentalité, de qualité de débat public, de transformation sociale, économique et de création de richesse ?
Toutes ces thématiques que vous dites, les trois composantes des universités, de l’enseignement supérieur ont contribué à leur manière à tous ces aspects. Si je prends les étudiants, je n’ai pas besoin de vous dire qu’ils sont au premier plan en termes de mobilisation. Le personnel administratif et technique à leur manière, ont contribué au fonds de solidarité. Les enseignants chercheurs également, non seulement au fonds de solidarité, mais également je les avais appelés à une réflexion sur une quinzaine de thématiques. 15 groupes de travail ont eu à travailler vraiment de façon ardente, ça a abouti à un document qu’on va verser aux Assises Nationales. J’avais voulu que ça soit présenté au gouvernement un peu avant, mais pour des contraintes de temps, cela n’a pas pu se faire. Toutefois, le document est là, consolidé avec 15 thématiques. La contribution des universités, vous avez la citoyenneté, la cohésion sociale, vous avez toutes les thématiques en vogue ; une quinzaine de thématiques. C’est vraiment un document issu de réflexions très profondes et qui peuvent permettre d’aller vite. Il y a eu plusieurs sous commissions, donc une sous-commission donnée peut prendre deux (2) à trois (3) thématiques qui collent avec leurs domaines. Vous verrez que ça va aller très vite. Plus également une autre réflexion qui s’est ajoutée à l’université de Tahoua, lors du congrès international, c’est un outil d’aide à la décision pour nos autorités, pour les assises, tout sera bon.
Monsieur le ministre, cela fait plusieurs années qu’on parle de réformes du curricula, qu’en est-il exactement ? Qu’avez-vous initié pour que le contenu des programmes et la formation soient de qualité et en adéquation avec le marché de l’emploi, d’une part et, d’autre part, permettre à nos diplômés de l’enseignement supérieur de se prendre en charge et aller vers l’entreprenariat ; en termes simples que l’on ne forme plus des chômeurs à des coûts élevés ?
Vous savez, l’approche professionnalisation des filières a été une approche qui a été entamée il y a presque une dizaine d’années. Mais, au lieu de faire uniquement la formation théorique, on cible des formations professionnalisantes qui collent avec nos priorités nationales, le besoin en termes d’emploi… C’est pour cela, quand on identifie des filières professionnalisantes, on fait un curricula qui va avec, qui colle bien avec nos réalités de terrain. Donc, chaque filière a son curricula, le contenu du programme à dispenser. Chaque fois que des besoins, il y a des nouvelles filières qu’on insère. Comme je vous ai parlé de la restructuration, c’est pour réorienter ces quatre dernières universités sur les thématiques de départ où vous avez des filières qui ont déjà été identifiées pour qu’on puisse essayer de faire les formations dans ce sens. Dès que les personnes sortent, elles peuvent aller dans la production à leur propre compte ou bien travailler pour autrui. Et toutes ces universités sont censées redémarrer avec ces nouvelles filières professionnalisantes qui ne permettent pas de garantir l’emploi mais d’être le plus proche de l’emploi parce que la capacité n’est pas illimitée quel que soit le secteur que vous prenez, que cela soit le secteur public, parapublic ou privé. Même l’auto-emploi, les conditions sont telles que la surface financière ne vous permet pas de faire quelque chose d’extraordinaire tel qu’employer des gens, parce que quand vous faites votre entreprise, vous devez pouvoir employer aussi des collègues ou en tout cas des jeunes de niveau plus bas peut-être, mais dans le même secteur, c’est assez compliqué, c’est le tissu économique qui commande tout cela.
Une autre bonne information, pouvez-vous nous dire combien d’établissements d’enseignement supérieur nous avons au Niger et enfin quel est le mécanisme que vous avez mis en place pour un vrai dialogue dans le secteur ? En d’autres termes, quels sont vos rapports avec vos partenaires de l’enseignement supérieur ; je parle ici notamment des efforts du gouvernement dans le paiement des bourses et subventions ?
En termes d’établissements d’enseignement supérieur public, nous avons les huit universités du pays que vous connaissez. La neuvième (9) c’est l’université virtuelle du Niger, il y a l’université islamique ici au Niger. Donc ça aussi, à l’instar des trois (3) autres du monde islamique que l’OCI avait créées, elle aussi, elle est appelée à être restituée au Niger tout en gardant bien sûr les deux facultés phares qui ont motivé sa création, c’est-à-dire la faculté de la Charia ; je parle de l’OCI et la faculté d’études arabe et islamique. Elles vont rester, mais les autres facultés, les autres structures de formation qui ont été initiées à l’intérieur de cette université qui répondent aux standards des universités publiques doivent être sur les mêmes normes, administrées de la même façon. Donc, ça fait une dizaine d’universités publiques. Maintenant, vous avez les établissements publics qui ne sont pas des universités mais qui font de l’enseignement. Si je prends l’école ENSP, c’est avec le bac maintenant il y a quelques filières résiduelles d’agents de santé de base qu’on continue de former, mais c’est essentiellement avec le bac qu’on entre là-bas. Donc pratiquement, chaque région a son école de santé publique. C’est des établissements d’enseignement supérieur public. Il y a l’ESSCOM, il y a un certain nombre d’établissements d’enseignement public même à côté d’ici qui font de l’enseignement supérieur public. Maintenant pour le privé, j’avais dit au départ que nous avons recensé 193 établissements qui font de l’enseignement supérieur parfois couplé avec le niveau moyen, mais qui sont fichés comme faisant de l’enseignement supérieur. Le rapport avec ces établissements privés, c’est encore une fois les accompagner pour qu’ils se mettent aux standards d’un établissement d’enseignement supérieur public. Nous avons une agence qu’on appelle l’Agence Nationale d’Assurance Qualité qui est là pour les accompagner, les sensibiliser d’abord. Il y a eu plusieurs vagues, ils sont demandeurs de cette sensibilisation pour que in fine ils se mettent aux normes et standards de prestation dans le domaine de l’enseignement supérieur. Donc c’est des rapports vraiment de collaboration sans aucune suspicion. Nous sommes là pour les accompagner, c’est cela le rôle du Ministère. Ils relèvent de notre tutelle, même si ce ne sont pas des établissements publics, on est là pour les accompagner, ce sont nos enfants qui sont là-bas.
En termes de chiffres, peut-on avoir au moins une idée de ce que nous avons comme effectifs au moins dans le secteur public ?
Dans le secteur public, nous avons en termes d’étudiants inscrits au Niger, 75.550 étudiants, les 2/3 sont inscrits à l’Université Abdou Moumouni. Les effectifs les plus bas sont ceux des Universités de Tillabéri et Diffa. C’est normal, c’est moins de 500 personnes. Dans le privé, tous les 193 établissements mobilisent en termes d’étudiants 29.418, je crois. Ça fait 29 % à peu près en termes d’effectifs et ce sont des étudiants boursiers inscrits là-bas, je ne parle pas des étudiants qui partent à titre personnel pour s’inscrire et dont on n’a pas les chiffres exacts. C’est l’Agence Nationale des Bourses (ANAB) qui donne ces chiffres. Donc ces établissements privés contribuent vraiment pour 1/3 à l’effort de formation, c’est important qu’on s’occupe d’eux, de leur encadrement pour mieux faire. On pense aussi à éponger leurs arriérés. C’est même ce qu’on est en train de faire.
75.000 étudiants aussi, c’est énorme pour l’État, vous avez les moyens pour payer ces bourses-là ? Comment ça se passe concrètement ?
On le fait au rythme de nos ressources. En réalité, ce qu’on a payé comme stock d’arriérés dépasse largement ce qu’on aurait pu payer durant les mois qu’on a passé aux affaires. Mais, on ne peut pas sauter des arriérés. Donc, franchement, on n’a pas trop à se gêner pour ça, mais l’effort continue. Actuellement, c’est l’aide sociale qu’on est en train de payer pour l’année passée et on reviendra sur les bourses progressivement. L’essentiel c’est d’avoir de l’argent qui circule comme je le dis chaque fois. On a des rapports très courtois aussi bien avec les syndicats des étudiants qu’avec les autres syndicats, les groupements des structures du privé et ceux qui ne sont affiliés. On a créé un cadre d’échange avec tous ces établissements du privé et c’est assez particulier les problèmes qu’on gère. Du côté de l’enseignement public, là aussi, on n’a pas de souci du tout. Les portes sont grandement ouvertes pour les différents syndicats.
Vous avez parlé de 5 milliards d’arriérés que l’État doit verser aux établissements privés de l’enseignement supérieur, qu’est-ce qui est en train d’être fait maintenant pour un peu atteindre le dégel de cette situation ?
On a fait une revue de 399 millions pour l’année 2020-2021, donc on commence doucement et on verra très progressivement. La pression est moins grande avec eux, mais ils ont dit, quand même, de penser à eux. Ce qu’on est en train de faire, parce qu’ils ne vivent pas que de ça. Par rapport à l’aide sociale qui n’est donnée qu’une seule fois dans l’année pour un étudiant, c’est 150.000fcfa, le choix est facile à comprendre.
Monsieur le ministre, on parle de plus en plus de contrat de performance au sein des Universités publiques de notre pays, qu’en est-il ?
Pour parler de contrat de performance, il faut que l’établissement en question ait un plan stratégique et, pour avoir un plan stratégique, il faut avoir fait l’auto-évaluation et une évaluation externe. C’est avec ces deux évaluations qu’on fait ce plan stratégique qui est suivi de plan opérationnel avec des objectifs bien clairs. Pour un contrat de performance, l’Etat peut vous assigner tel et tel objectif, vous donne entièrement les ressources que vous avez demandées pour le faire, parce que quand vous faites le plan opérationnel, tout est chiffré. On vous donne cet argent, vous allez rendre compte à des périodicités bien précises. On va voir le niveau de réalisation ou des objectifs qu’on a retenus dans le cadre du contrat de performance. Ça peut être l’argent donné directement par l’Etat lui-même ou bien l’Etat a accompagné l’établissement en question pour trouver les ressources pour atteindre ces objectifs qui ont été identifiés. Je vous donne un exemple type de contrat de performance qui a très bien marché d’ailleurs, c’est le Centre d’excellence. J’ai inauguré avant hier le bâtiment du CERPP (Centre Régional de Production Pastorale) à la Faculté d’Agronomie, il y’a un autre à l’Ecole Normale Supérieure (ENS) et un troisième à l’Ecole des Mines (EMIG). A travers ce format, l’Etat nous a mis devant pour qu’on ait le financement de la Banque Mondiale. Mais, ce n’est pas un financement où on vous donne l’argent et vous faites comme vous voulez. Ça répond à des règles bien précises et on évalue les performances du travail. Ça va finir le 30 Juin prochain et c’est un exemple type de contrat de performance où l’Etat a accompagné un établissement ou un groupe d’établissements pour avoir les ressources afin d’atteindre des objectifs clairement identifiés dans le cadre d’un plan stratégique.
D’autres ont eu à faire des plans stratégiques sans évaluation externe, juste sur la base de leur auto-évaluation. Il faut faire les choses dans les normes. J’ai donné des instructions pour que toutes ces structures aient leurs plans stratégiques avec l’accompagnement des planificateurs. Ces derniers qui sont justement très qualifiés et disponibles pour aider dans ce genre de situation. Ils vont tous avoir leurs plans stratégiques et leurs plans opérationnels. Et, c’est à partir de cela que l’Etat définit tel ou tel objectif, et met tous les moyens, mais va exiger une performance maximale sur ce point. Si moi, je devais peut-être dire, les régularisations des années académiques, là c’est multifactoriel. Ce n’est pas une seule action qui est régularisée, il suffit seulement qu’il y ait un mot d’ordre et les cours sont perturbés. Mais, c’est l’objectif idéal pour un contrat de performance. Malheureusement, il ne peut pas se faire de cette façon, mais pour d’autres, on peut trouver des objectifs qu’on peut identifier pour faire ça sous forme de contrat de performance en bonne et due forme, ça s’adresse essentiellement aux établissements publics.
Et en cas de manquement, qu’est- ce qu’ils font ?
Vous démissionnez !
Et c’est arrivé souvent ?
Non, ce n’est pas arrivé. Il n’y a pas eu de contrat de performance au sens où je suis en train de le décrire qui est la vraie version du contrat de performance. Le seul que je vous ai cité qui est un exemple type, c’est celui du CERPP qui a bien marché, et nous en sommes aux phases de clôture. Le Niger est très bien classé au niveau des autres pays, on n’était pas les seules universités à avoir compéti au niveau de la Banque Mondiale. Je ne voudrais pas nous vanter, mais on était même premier.
Script : ONEP