Les autorités communales de la région de Tillabéri se sont réunies du 9 au 10 novembre 2022 à Tillabéri pour un forum dit ‘’Forum régional de concertation avec les collectivités territoriales décentralisées dans le domaine de l’hydraulique et de l’assainissement’’. Ce forum a pour objectif de renforcer les capacités des maires sur la gestion déléguée des ouvrages hydrauliques. Au cours de cette rencontre, les participants ont eu droit à des communications se rapportant à des thématiques importantes notamment la gestion déléguée des ouvrages hydrauliques ; la maîtrise d’ouvrage, rôle et responsabilité des collectivités territoriales, etc.
Ce forum intervient à un moment où les autorités nigériennes ont mis la gestion des ouvrages hydrauliques dans les mains des collectivités. Ainsi, en 2017 les autorités nigérienne ont réuni l’ensemble des maires du Niger pour mettre les infrastructures et ouvrages hydrauliques en gestion déléguée. Cette décision donne aux communautés le pouvoir de gérer en recrutant des délégataires privés pour gérer efficacement et durablement ces ouvrages. «Nous avons réuni ces communautés pour renforcer et faire ressortir cet aspect du rôle régalien des maires concernant la gestion de ces ouvrages réalisés à grands frais par l’État et les autres partenaires. Depuis les années 80, le parc d’ouvrages hydraulique ne fait qu’évoluer», a confié M. Adamou Chiptaou, directeur régional de l’hydraulique de Tillabéri.
Suivre, exploiter et gérer ces ouvrages n’est pas facile pour l’État. «Au début, c’était l’OFDS qui gérait les infrastructures et les ouvrages hydrauliques réalisés. À l’époque c’était facile pour cette institution d’intervenir à tout moment sur l’ensemble du territoire national. Mais vu le nombre élevé des ouvrages réalisés, l’institution ne peut plus être partout et au même moment. C’est pourquoi l’État a décidé de remettre la gestion des ouvrages aux communautés», a expliqué le directeur régional de l’hydraulique de Tillabéri.
Mais cette gestion déléguée tant chantée a démontré ses limites, car dans certains villages, c’est les autorités communales et villageoises qui s’accaparent des revenus issus de la gestion. Et en cas de panne, elles se désengagent, ce qui rend difficile la possibilité de situer les responsabilités et l’on n’y peut rien contre personne. «Après une étude et une inspection de l’Etat de la gestion communautaire, les autorités nigériennes ont décidé de donner ses ouvrages en gestion déléguée, c’est-à-dire : les communes recrutent des délégataires privés pour leur donner la gestion de ces ouvrages», a notifié M. Adamou Chiptaou, ingénieur des ressources en eaux.
La situation des ouvrages hydrauliques de la région de Tillabéri
Au niveau de la région de Tillaberi, près de 80% des ouvrages hydrauliques sont en gestion déléguée. «Actuellement l’ensemble du Parc que nous avons au niveau de la région est en gestion déléguée. Sur les 45 communes, il y a 9 communes qui traînent les pas. Même s’il y a certains aspects tels que la sécurité qui freinent les choses dans certaines zones», précise le Directeur régional de l’Hydraulique de Tillabéri. M. Adamou Chiptaou souligne que le Niger dispose des outils performants et des politiques publiques pour la gestion des ouvrages hydrauliques. Mais ces dispositifs souffrent dans leur mise en œuvre au niveau communautaire. Ce qui se traduit par la réticence de la population à s’approprier de la gestion de ces ouvrages ; l’insécurité, le manque d’implication effective de certains maires dans la gestion des ouvrages hydrauliques ; le manque de suivi technique des ouvrages, le comportement d’amateur de certains délégataires. «Ces derniers ne font pas de rapport, ils n’ont pas de situation claire, etc.», a-t-il déploré.
Pour M. Adamou Chiptaou, les ouvrages hydrauliques ne sont pas réalisés pour s’enrichir mais plutôt pour soulager les souffrances des populations. Sur le terrain, le constat est à la fois ahurissant et choquant. «Dans certaines localités, le seau d’eau de 20 L est vendu à 25F, or le mètre cube fait 50 seaux de 20 litres. En calcul simple, l’eau est vendue chère dans certaines zones», estime le Directeur régional de l’Hydraulique.
Face à ces problèmes récurrents de la gestion et dans le souci de rendre l’eau accessible à tous, des recommandations ont été formulées par le forum. Parmi la mise en œuvre effective de la gestion déléguée dans toutes les communes ; le renforcement du parc des ouvrages hydrauliques ; le respect du cahier de charges par les délégataires ; le recrutement d’un bureau d’étude pour faire le suivi technique et financier de ces ouvrages ; la formation des nouveaux maires sur la gestion des ouvrages hydrauliques, etc.
Notons qu’à l’issue de cette rencontre, les participants vont s’approprier des approches et les démarches liées à la gestion déléguée des ouvrages hydrauliques. Ils ont également été outillés pour une gestion efficace, efficiente et durable desdits ouvrages.
Abdoul-Aziz IbrahimONEP-Tillabéri