
Une mare de la ville de Zinder transformée en décharge publique
La ville de Zinder est confrontée à un défi environnemental majeur. Il s’agit principalement de la gestion des déchets solides. Dans plusieurs quartiers, les ordures ménagères s’accumulent dans les rues, les mares asséchées, les terrains vagues et même aux abords des écoles et des centres de santé. Un défi qui menace non seulement la santé publique, mais aussi la qualité de vie des habitants et l’environnement.
Dans plusieurs quartiers de Zinder, les déchets ménagers s’amoncellent. Souvent par manque de dépotoirs officiels, les habitants se voient contraints de jeter leurs ordures dans des lieux inappropriés. Lorsqu’une pluie est imminente, certains habitants de la ville de Zinder jettent des déchets n’importe où : les fosses septiques, les marigots, les anciennes parcelles inoccupées, ou même les abords d’établissements publics comme le CEG 5 ou le Centre de santé intégré (CSI) de Karkada, sont autant d’endroits transformés en dépotoirs à ciel ouvert.
Ces dépôts sauvages ont des conséquences sanitaires graves. À Tabkin Tsakuwa, une mare transformée au fil des années en décharge, les résidents comme Malam Tijjani Malam Maman témoignent. « Je vis ici depuis plus de 30 ans. Avant, c’était une vraie mare. Aujourd’hui, elle est remplie de déchets. On a moins de moustiques qu’ailleurs, mais il y en a toujours, et nous souffrons, surtout pendant la saison des pluies », a-t-il indiqué.

Pour faire face à la situation, la mairie centrale de Zinder, à travers son service d’hygiène et d’assainissement, a mis en place plusieurs actions dont la collecte et l’évacuation des déchets dans tous les arrondissements, la formation de 400 jeunes en 2022, dont 35% spécifiquement en gestion des déchets ménagers (GDDM), avec l’appui du programme Pro Emploi GIZ, la distribution de matériel aratoire et de ramassage et le renforcement du parc logistique grâce à un don du gouvernement de l’État de Jigawa (Nigeria) avec 4 tricycles par arrondissement. Ces actions bien qu’insuffisantes visent non seulement à améliorer la gestion des déchets, mais aussi à lutter contre le chômage des jeunes.
Cependant, tout n’a pas été parfait. Selon Maman Ali Hamidou, responsable du service d’hygiène de la mairie centrale, « certains maires n’ont pas assuré un bon suivi. Le matériel a parfois été utilisé à d’autres fins. Il aurait fallu veiller à l’entretien et éviter le favoritisme dans les attributions ». Toujours selon M. Hamidou, pendant la saison des pluies « les habitants jettent leurs déchets dans les rues en pensant que l’eau va tout emporter. Mais cela finit par obstruer les caniveaux et aggraver les inondations », a-t-il confié. La mairie collabore désormais pour un changement de comportement de la population.
Face à ces défis, certains jeunes de Zinder tentent d’apporter des solutions innovantes. C’est le cas de Elh Oumarou Ibrahim, promoteur de la Société de Collecte et de Recyclage de Déchets (S.CORED). Son initiative consiste à collecter et trier les déchets plastiques pour les transformer en pavé. « Nous faisons tout cela sans machines. On utilise des demi-tonneaux, des pelles, et on fait fondre le plastique avec du feu. Jusqu’ici, nous n’avons reçu aucun soutien, mais nous espérons qu’un jour on pourra obtenir des machines pour faciliter notre travail », explique-t-il.
Notons que la gestion des déchets à Zinder est un défi complexe qui nécessite une mobilisation collective: autorités, partenaires techniques, société civile et citoyens. Des efforts notables sont en cours, mais pour réussir, ils devront s’accompagner d’une réelle implication de la population et d’un appui soutenu aux initiatives locales comme celles de S.CORED.
Rabiou Dogo et Abdoul Nasser Ibrahim (Stagiaire)
ONEP Zinder