
La lutte traditionnelle est une activité sportive et culturelle complexe. Le Kirari ou l’art de lancer des défis aux adversaires est partie intégrante de la lutte traditionnelle. C’est un aspect important qui offre à la lutte toute sa beauté. Dans les arènes, certains lutteurs sont connus grâce à leur manière de provoquer à travers le kirari, tandis que d’autres sont prêts à relever les défis.
Depuis quelques années, le concours de Kirari est organisé au cours des compétitions du Sabre national afin de réintégrer cette valeur culturelle dans les arènes et redorer l’image de la lutte avec toutes ses vastes richesses culturelles. En parlant de Kirari, les amateurs de la lutte traditionnelle connaissent sa pertinence et son importance. Hafizou Hassan est sacré deux années consécutives, premier du concours de Kirari. Il s’est imposé grâce à ses mélodies et à son style provocateur répondant aux attentes des spectateurs et du jury. Il est cohérent et pertinent dans l’agencement de ses mots. Il sait quand et comment tenir en haleine le public.
En effet, il est âgé de 24 ans et issu du village de Tondika près de Tara dans le département de Gaya, région de Dosso. Il a rejoint l’écurie de Tillabéri dans l’espoir de briller dans l’aire de combat, pourtant son talent se trouve plus dans l’art de lancer des défis que dans le combat. Hafizou a noué son amour pour la lutte traditionnelle au temps glorieux de Balla Harouna qu’il appréciait. Après avoir été détecté par les sages du village grâce à son courage dans le combat et son talent, il a été demandé de suspendre toutes ses activités et se consacrer à la lutte. Il a indiqué avoir participé à la 38e édition du Sabre national qui s’est déroulée du 25 décembre 2016 au 3 janvier 2017 à Tahoua et par la même occasion, il a représenté la région de Tillabéri au concours de Kirari. Lors de cette édition, il a été classé 2e derrière le candidat de Tahoua. En 2018 à la 39e édition du Sabre National qui s’est tenue à Zinder, il a également remporté la 2e place, tandis qu’en 2019 à Tillabéry, il a occupé la première place. Cette année aussi, il vient de décrocher la première place et affirme sa suprématie.
Issu d’une famille d’agriculteurs, Hafizou Hassan est orphelin de père depuis qu’il était jeune. Il n’a pas eu malheureusement la chance de fréquenter l’école moderne comme les autres de son âge du fait que ces parents voulaient les aider aux travaux champêtres. Hafizou a le sens d’écoute et d’assimilation. C’est en observant et en écoutant la radio qu’il a appris le Kirari. A cet effet, il a été encouragé par ses proches de bien garder cet art du fait qu’il lui sera utile un jour dans les arènes.
Selon lui, dès qu’il entend quelqu’un faire le kirari, qu’il soit un chasseur, du domaine de la boxe traditionnelle ou de la lutte traditionnelle, il est doté d’une intelligence lui permettant d’assimiler et de reproduire ce qu’il dit.
Plus il participait aux compétitions de la lutte ou de la boxe traditionnelle entre les jeunes de son âge au village, plus il a l’amour d’apprendre le Kirari et d’œuvrer dans la lutte traditionnelle. En outre, Hafizou peut produire des œuvres en langue différente, à savoir le haoussa, le zarma, le peulh, le ‘’guila’’ qui est une langue du Mali ainsi que le français bien qu’il n’a pas été à l’école. Si Hafizou s’exprime dans ces langues, c’est pour faciliter la compréhension de son message à un plus grand public. Il a confié qu’il suffit de demander la signification d’un mot pour le mémoriser et l’employer dans un style propre en lui. Au cours de ses prestations, il émerveille le public et met en transe les lutteurs qui connaissent encore l’importance de Kirari.
Laouali Souleymane Envoyé Spécial(onep)