Le machisme aurait-il donc pris pied au sein de l’Assemblée nationale du Niger ? A première vue, une telle question pourrait apparaître surprenante, voire provocante de la part d’une institution si importante pour donner le ton à la vivacité de notre démocratie, c’est-à-dire une institution censée être le lieu le plus représentatif du peuple dans toute sa diversité. Mais, au regard des derniers développements de l’actualité nationale, plus précisément, lors du renouvellement du Bureau de l’Assemblée nationale, des présidents des Commissions spécialisées et des groupes parlementaires au cours de la première session ordinaire au titre de l’année 2020, dite ‘’session des lois’’, la question devient pertinente, sinon tout à fait justifiée. En effet, à l’occasion des renouvellements des structures parlementaires, un constat général se dégage : la gent féminine est quasi absente de la haute sphère du Parlement.
Visiblement, la misogynie a refait surface au sein de l’Hémicycle où, semble-t-il, on ne compte que plus deux (2) femmes au sein du bureau. Pourtant, ce n’est point une faveur, mieux une condescendance de la part des ‘’hommes dominants’’ qui devraient être faites aux femmes dans l’occupation de ces fonctions représentatives, mais bien le respect pur et simple d’une une obligation constitutionnelle mise à la charge de tous les décideurs politiques et administratifs du pays. En effet, faut-il le rappeler, depuis plusieurs années (2000), le Niger a opté pour une politique du genre qui fixe des quotas au profit des femmes dans les fonctions électives, dans le gouvernement et dans l’administration publique.
Cette politique égalitaire n’était que la traduction concrète des dispositions constitutionnelles relatives aux discriminations liées au sexe et à celles des personnes en situation de handicap (Article 22 de la constitution). C’était donc un impératif qui répondait à un besoin de justice sociale envers cette frange importante de la population souvent marginalisée ou tout simplement méprisée pour des raisons pour la plupart sociologiques. Ainsi, les taux de ces quotas ont varié dans le temps, passant, au tout début de 10 à 15% pour les fonctions électives, de 15 à 20% pour les postes de nomination.
Paradoxalement, c’est l’Assemblée nationale qui a procédé, en décembre 2019, à une modification de cette loi de quotas en l’améliorant pour porter le quota des femmes dans les mandats électifs à 30% et celui des postes de nomination à 25%!
Aujourd’hui, comble de l’ironie, c’est au sein de l’institution que cette loi du quota des femmes est mise à rude épreuve ! Qu’est-ce qui pourrait, au demeurant, expliquer ce masochisme de la part du Parlement nigérien qui est prêt à fouler aux pieds une loi qu’il a lui-même votée ?
En réalité, les soubresauts au sein de certaines formations politiques représentées au sein de l’hémicycle ne seraient pas étrangers à cette situation. Mais là, on est en droit de se demander si l’Assemblée nationale est au service des partis politiques ou à celui de la loi et du peuple. Pourquoi le président de l’Assemblée nationale n’a-t-il pas pris tout simplement ses responsabilités en renvoyant purement et simplement les listes présentées par les partis politiques concernés pour non-respect de la loi sur les quotas ? On se souvient que la Cour Constitutionnelle avait l’habitude de rejeter les listes des candidats à la députation de certaines formations politiques n’ayant pas satisfait aux conditions des quotas concernant les femmes ou relatives aux analphabètes.
En tout état de cause, l’Assemble nationale devrait revoir sa copie, et nous ne revendiquons point par là un quelconque féminisme aux fondements égalitaristes, mais juste le respect strict de la loi de la part de ceux qui ont reçu mission du peuple de l’élaborer. Simple avis !…
Zakari Alzouma Coulibaly