Le 20 juillet 1985, le 21ème Sommet des Chefs d’Etat et de gouvernement de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA), s’achevait à Addis Abéba avec l’élection de notre compatriote Idé Oumarou au prestigieux poste de Secrétaire général de l’Organisation africaine. Une élection qui intervient après sept tours de scrutins. Cinquième Secrétaire général de l’OUA, l’ancien ministre des Affaires Etrangères du Niger succède ainsi à ce poste au Togolais Edem Kodjo après un intérim de deux ans assuré par le Nigérian Peter Onu.
Dans le discours qu’il a prononcé juste après son élection, Idé Oumarou déclarait à la tribune de l’OUA qu’il ne serait peut être pas le Secrétaire général miracle, le Secrétaire général introuvable, sans faiblesses et sans reproches. « Mais je m’efforcerai d’être un serviteur honnête et déterminé de la charte, un serviteur disponible, à la fois dévoué et actif, toujours à l’écoute du monde et de son continent pour être capable de bien identifier, de bien servir et de bien poser les problèmes africains, de faire la part entre les rêves et les réalités, entre les désirs et le possible. Je mériterai en effet déjà de ma tâche si j’arrivais le plus tôt possible à faire percevoir et à faire partager au monde l’ampleur des maux que nous venons d’inventorier et qui retardent toujours le décollage de notre continent » a ajouté le nouveau Secrétaire général de l’OUA. Il devrait poursuivre en soulignant que tant de calamités sur une même terre, sur un même peuple et en des périodes successives et prolongées, ne pouvaient que mettre l’Afrique à genoux. « Pourtant tout le monde s’accorde à dire que notre continent mérite une autre image que celle qui lui est faite aujourd’hui, c’est-à-dire l’image d’un continent de misère et de miséreux, de sinistres et de sinistrés, de peuples affamés, toujours disponibles pour une reconquête ou pour une recolonisation. Après avoir été le berceau de l’humanité, connu de grands empires, célèbres par leurs richesses, et leur parfaite organisation, l’Afrique est encore capable d’apporter au monde une estimable et décisive contribution » avait conclu M. Idé Oumarou donnant le ton à ce que serait son mandat à la tête de l’OUA.
Né en 1937 à N’Dounga, l’homme à la chevelure blanche est connu pour son caractère d’homme réservé, affable et courtois. Journaliste et planificateur de formation, cet ancien élève de William Ponty de Dakar, après des études économiques de planification à l’institut de Hautes Etudes d’Outre –Mer à Paris, a débuté sa carrière en 1960 comme fonctionnaire au Commissariat général au Plan. Mais très vite, la carrière à peine entamée, Idé Oumarou va s’intéresser malgré lui, à la politique car dès 1961, alors qu’il n’avait que 24 ans, le voilà Rédacteur en chef du journal gouvernemental « Le Niger », et ce jusqu’en 1963 où ses qualités de meneur de groupe et de rassembleur le font distinguer. De 1963 à 1970, il est à la tête de la direction de l’information, au Ministère de l’information, puis nommé Commissaire général à l’information. Nommé directeur général de l’Office des Postes et Télécommunications, Idé Oumarou a été appelé dès le lendemain du coup d’Etat d’avril 1974 à diriger le cabinet du Chef de l’Etat, le Lieutenant –Colonel Seyni Kountché. C’est à partir de cette date que sa carrière politique et diplomatique avait véritablement commencé. Pendant cinq ans, il fut le collaborateur le plus proche du président Seyni Kountché avant d’être nommé en janvier 1979 Ambassadeur-Représentant permanent du Niger aux Nations Unies à New York. En fevrier 1983, le Chef de l’Etat le rappela pour lui confier le portefeuille de ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération. L’homme politique est aussi un homme de lettres. Il est l’auteur de plusieurs romans dont « Gros Plan » paru en 1978 et qui reçu le Grand prix littéraire de l’Afrique noire, et « Le Représentant » édité en 1984. La caractéristique fondamentale de l’écriture de Idé Oumarou, est la pondération. Son premier roman « Gros Plan », en est une éclatante illustration. Comme pour le prouver davantage, il fait de son deuxième roman, «Le Représentant », une œuvre équilibrée, sereine et significative. « Les significations qu’il donne aux personnages et à leur environnement, la variation des ressources stylistiques, et l’usage de la parole proverbiale font de ce roman un petit miroir où l’on peut regarder Idé Oumarou, et à travers lui la société nigérienne » souligne un critique nigérien dans une parution de Jeune Afrique en 1983. Le 13 février 2002, le diplomate chevronné au sens élevé de l’Etat, et l’écrivain pondéré tire sa révérence à Niamey clôturant ainsi une riche carrière d’homme d’Etat et de culture.
Oumarou Moussa(onep)