Mesdames, messieurs,
Permettez-moi, d’entrée de jeu de féliciter la Global Hope Coalition pour la parfaite organisation de ce dîner de gala. C’est un honneur pour moi de recevoir ce prix du leadership, qui, au-delà de ma personne, honore le gouvernement et le peuple Nigériens. Je voudrais aussi profiter de cette occasion pour féliciter les leaders, héroïnes et héros récompensés ici ce soir pour le combat qu’ils mènent chacun dans leurs pays respectifs.
Permettez-moi aussi de saluer toutes les éminentes personnalités ici présentes et de me réjouir du choix de la lutte contre l’extrémisme et l’intolérance comme thème de la présente rencontre. Ce thème est d’actualité. En effet, il n’existe pas un jour où l’extrémisme et l’intolérance ne font de victime quelque part dans le monde. Ces deux phénomènes ont de multiples visages : le racisme et le terrorisme sont les plus connus.
Mesdames et Messieurs,
Dans le Sahel et dans la région du lac Tchad, l’extrémisme et l’intolérance se présentent sous la forme du terrorisme. Boko Haram, et les autres organisations terroristes y ont fait de la haine et de la violence les priorités de leurs programmes. Ils tuent, violent, oppriment au nom de l’Islam ; or l’Islam est une religion de juste milieu. L’Islam est une religion de tolérance. Les terroristes en donnent de fausses interprétations.
Conscient du fait que l’extrémisme et l’intolérance ont pour cause profonde le déficit démocratique, l’ignorance, les inégalités et la pauvreté, le Gouvernement Nigérien met en œuvre, depuis 2011, un programme dénommé Programme de Renaissance du Niger, qui établit une liaison étroite entre sécurité, démocratie et développement. Certes, le combat contre le terrorisme est, à court terme militaire, mais sur le moyen et le long terme, il faut s’attaquer à ses causes profondes : c’est par la démocratie et le développement économique et social que nous le vaincrons.
Il faut construire la paix dans l’esprit des hommes et des femmes. Construire la paix dans l’esprit des hommes et des femmes, c’est garantir le droit à l’alphabet, droit fondamental, seul capable de permettre au peuple de sortir des ténèbres de l’ignorance. Ici, la scolarisation de la jeune fille, au moins jusqu’à l’âge de 16 ans, occupe une place centrale. Éduquer la jeune fille, c’est éduquer la femme. Éduquer la femme, c’est éduquer la nation.
Construire la paix dans l’esprit des hommes et des femmes, c’est encadrer l’exercice des différents cultes et promouvoir le dialogue inter-religieux. La promotion des droits humains, de l’Etat de droit, constituent d’autres armes : en défendant les droits humains, en évitant l’arbitraire, nous prenons un ascendant moral sur l’ennemi.
Le développement, notamment celui des infrastructures et celui du secteur agricole, la lutte contre la pauvreté et les inégalités, ainsi que la création des opportunités d’emplois, notamment pour les jeunes constituent des armes décisives dans notre combat contre l’extrémisme violent. Ils constituent aussi une arme dans notre lutte contre la migration clandestine, ce drame qui transforme en immenses cimetières nos mers et nos déserts.
Ce drame nous choque. Il nous choque d’autant plus qu’il nous renvoie, par certains de ses aspects, à un passé que nous pensions à jamais révolu : l’esclavage. Voilà pourquoi le Niger a conçu et met en œuvre un plan de lutte contre la migration clandestine, plan qui a permis de réduire le flux de migrants en transit dans notre pays de 90%. Cette lutte contre la migration clandestine, nous la menons pour deux raisons : une raison morale car des jeunes meurent dans cette aventure, et sécuritaire car les passeurs qui vont en Libye avec des migrants reviennent au Niger avec des armes.
Mesdames et Messieurs,
Extrémisme, intolérance, changement climatique, déficit démocratique, inégalités, pauvreté, démographie galopante, sont autant de causes de la migration clandestine. Nous n’y mettrons fin que si nous nous attaquons résolument à ces causes profondes. Permettez-moi d’insister en particulier sur la pauvreté qui se manifeste chez nos jeunes par l’absence de formation et d’emplois.
La création de ces derniers passe nécessairement par l’industrialisation, notamment des pays africains. Dans cette perspective, l’Afrique doit cesser d’être un simple réservoir de matières premières, situation qui non seulement la prive d’emplois dont sa jeunesse a besoin, mais aussi qui y accentue la pauvreté. L’aide publique au Développement est loin de pouvoir compenser les pertes liées à l’échange inégal.
Extrémisme, intolérance, changement climatique, déficit démocratique inégalités, pauvreté, démographie galopante sont aussi à l’origine de l’afflux des réfugiés et des déplacés internes.
Au Niger par exemple, nous accueillons sur notre territoire des centaines de milliers de réfugiés. Dans la région du bassin du Lac Tchad, nous accueillons ceux qui fuient les massacres et les exactions perpétrées par la secte Boko Haram. À l’ouest du pays, nous accueillons les victimes des groupes terroristes qui sévissent au Nord Mali. Il y aussi ceux qui ont fui des conflits en cours dans des régions éloignées comme le Darfour. Le Niger a décidé, par devoir moral, d’accueillir tous ceux et toutes celles qui ont quitté leurs foyers et leur pays, peu importe leur origine, leur religion, ou leur couleur de peau.
Mesdames, Messieurs,
Je sais que tous ceux qui sont présents dans cette salle sont engagés pour les causes que nous défendons. La situation est difficile mais nous n’avons pas le droit de baisser les bras.
Je vous remercie de votre aimable attention. ».
ONEP