
Cheikh,Baraham,dignitaire de la conférie et président du comité d’organisation
À l’occasion de la 73ᵉ édition du Maoulid de Kiota, Cheick Baraham Aboubacar Hassoumi, dignitaire de la confrerie Tidjaniya et président du comité d’organisation, a accordé un entretien exclusif à l’Office National d’Édition et de Presse (ONEP). Dans cet échange, réalisé peu après la clôture de l’événement aux premières heures du vendredi 5 septembre, il revient sur la portée religieuse, sociale et transnationale de ce grand rassemblement. Il insiste aussi sur le rôle central de la jeunesse, la dimension sécuritaire et la nécessité de préserver cette tradition séculaire.
Que représente le Maoulid pour les fidèles Tidjaniya et pour le Niger ?
Alhamdulillah, le Mouloud est avant tout la célébration de la naissance du Prophète Mohammed (Salla Allahou Alayhi wa Salam). C’est une tradition profondément enracinée dans les pays musulmans et, au Niger où Kiota en est le berceau. Il faut rappeler que notre cité fut la première à organiser le Maoulid, il y a plus de sept décennies, et demeure encore aujourd’hui le plus grand rassemblement religieux du pays. Pour nous, le Maoulid est un moment de prières collectives, d’invocations faites à l’unisson pour le Niger, pour les musulmans et pour l’Islam. C’est aussi un rendez-vous de fraternité et de cohésion sociale : les prêches mettent en avant le civisme, le respect, le vivre-ensemble et l’attachement aux valeurs de notre Prophète.
Au-delà de l’aspect spirituel, l’événement a aussi une portée économique et culturelle. Des échanges commerciaux se développent, des ouvrages et publications sont produits et diffusés, profitant aux étudiants, aux chercheurs et aux fidèles. C’est donc une fête complète, à la fois religieuse, sociale et intellectuelle.
Quel a été le message central de cette 73è édition ?
Depuis quelques années, chaque édition s’articule autour d’un thème fédérateur qui inspire les prêches et les débats. Pour 2025, le thème retenu est : « La jeunesse, fer de lance du développement local et durable ». Nous avons voulu mettre en avant le rôle vital de la jeunesse dans la construction de l’avenir. Il est temps de tourner le dos à l’oisiveté, à la déscolarisation et à la prise des substances psychotropes. Nous appelons à une jeunesse instruite, pieuse, patriote et résolument engagée dans les actions de développement. La jeunesse doit être le moteur du progrès, pas un simple spectateur.
Kiota attire aussi des fidèles venus de l’étranger. Quelle est l’importance de cette dimension transnationale ?
Elle demeure capitale. Chaque année, le Maoulid de Kiota attire des délégations venues de toute l’Afrique et même au-delà. Pour cette 73ᵉ édition, plus de 50 fidèles ont fait spécialement le déplacement depuis la Côte d’Ivoire. D’autres sont arrivés du Nigeria, du Togo, du Bénin, du Ghana, du Sénégal, de la Mauritanie, du Maroc, de la Tunisie, du Tchad et du Cameroun. La dimension internationale s’est également illustrée avec la présence de fidèles venus d’Europe, notamment d’Allemagne et de Belgique. La Zawiyya, qui dispose de représentations dans plusieurs pays, joue un rôle clé dans cette mobilisation. Mais certains participants découvrent Kiota par curiosité, séduits par l’aura de l’événement et l’ambiance unique qui s’en dégage. Beaucoup, après une première expérience, choisissent d’en faire un rendez-vous spirituel annuel devenu incontournable.
Quelle lecture faites-vous de la dimension sécuritaire de l’événement ?
Le Maoulid est en quelque sorte un baromètre pour notre pays. Rassembler des centaines de milliers de fidèles dans une atmosphère de paix est une prouesse qui démontre les efforts considérables des autorités en matière de sécurité. Nous saluons particulièrement l’engagement du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP), qui a déployé la Police Nationale, la Gendarmerie Nationale, la Garde Nationale du Niger et les Sapeurs-pompiers pour garantir la sérénité de la célébration. Cela prouve que, malgré les défis sécuritaires auxquels le Niger est confronté, l’État œuvre à préserver notre droit de pratiquer notre foi et nos traditions religieuses en toute quiétude.
Quelles sont vos attentes et vos prières pour les prochaines éditions du Maoulid à Kiota?
Rien ne doit freiner l’élan du Maoulid, ni atténuer la ferveur de l’amour pour le Prophète Mohammed (Salla Allahou Alayhi wa Salam). C’est une dynamique qui fortifie notre foi, unit notre peuple et rayonne au-delà de nos frontières. Nous prions Allah pour que les prochaines éditions se déroulent toujours dans la paix, la sécurité et la sérénité, et que le Maoulid continue de rassembler, de protéger et d’inspirer les générations futures.
Réalisé par Oumar Issoufou (ONEP)