
A Niamey, chaque coin de rue est un commerce en puissance. Des marchés occasionnels se créent au fil des événements sociaux. Certains ont tendance à se pérenniser parallèlement aux marchés régulièrement autorisés par les municipalités. Ces marchés de fortune se présentent généralement sous forme de hangars construits en matériaux précaires (tôles ou bois usagés, cartons, bâches plastiques, etc.). Ces constructions précaires érigées en certains endroits dans la capitale contribuent à accentuer l’insalubrité sans compter le côté esthétique.
Mais, la préoccupation qui est au quotidien évoquée par les habitants de la capitale est la salubrité. Une question sur laquelle tout le monde est prompt à indexer les autorités municipales. Si la ville est insalubre à certains endroits, c’est parce que nous produisons tous des ordures, et au quotidien. Pourtant, combien d’entre nous s’acquittent régulièrement de la taxe de voirie ? Pire, beaucoup de citoyens de la capitale ne fournissent même pas l’effort de déposer leurs ordures dans les bacs à ordures placés par les mairies au niveau des points de collectes. Leurs insouciances les poussent à déverser les ordures à côté des poubelles.
Les administrés sont plus prompts à indexer la responsabilité des municipalités tout en occultant les leurs. En effet, ils sont rares les citoyens de la capitale qui s’acquittent de la taxe de voirie qui est de seulement 1500 F CFA par an. Pour ceux qui le font, c’est surtout lorsqu’ils cherchent un service direct auprès de la collectivité comme pour obtenir une pièce d’état civil ou tout autre papier pour lequel les mairies exigent le paiement de la taxe de voirie. C’est pour le moment le moyen que les municipalités ont trouvé pour rentrer dans leur droit.
En cette ère de Refondation, il faut aussi que les administrés prennent conscience que le travail des collectivités dépend aussi et surtout des moyens qu’eux contribuent à mettre à la disposition des autorités municipales. Et cela passe par le paiement des taxes et autres impôts à la collectivité par les différents acteurs. Imaginez un seul instant que la moitié des habitants de la capitale s’acquittent tous de leur taxe de voirie. Pour une population estimée à 1.561.000 habitants en 2025, la Ville de Niamey se retrouverait avec une cagnotte de plus d’un milliard de Francs CFA. Ce qui aurait été d’un apport considérable dans la prise en charge de la question de la salubrité.
En mettant les moyens à la disposition des municipalités, les citoyens auront ainsi plus d’arguments et de raisons objectifs d’incriminer les autorités municipales si elles manquent à leur mission. Pour le moment, ces municipalités font avec ce qu’elles ont. Et elles font de leur mieux au regard de la forte extension de la ville et l’urbanisation galopante et peu contrôlée.
En définitive, la prise en charge de la question de la salubrité n’est pas uniquement de la responsabilité des mairies. C’est une responsabilité partagée, une œuvre commune à laquelle chacun doit contribuer. La salubrité est avant tout un état d’esprit qui doit commencer par le citoyen lui-même.
Siradji Sanda (ONEP)