
Après les denrées alimentaires, la main-d’œuvre !
Jusqu’à preuve de contraire, notre pays est connu pour être un gros importateur de denrées alimentaires, ce malgré les ressources en eaux, en terres arables et en main-d’œuvre. Mais, le comble est que ces dernières années, nous avons franchi le Rubicon, puisque nous importons y compris la main-d’œuvre dans plusieurs secteurs de l’activité économique.
En effet, il n’est un secret pour personne que dans des secteurs comme les BTP, la couture, la coiffure, et même la mécanique et le commerce-vente, la main-d’œuvre, y compris celle non qualifiée; provient des pays voisins. De très nombreux jeunes ouest africains et même quelques asiatiques trouvent leur compte au Niger. Mieux, ils excellent dans leurs métiers respectifs à la grande satisfaction de leurs clients.
Qu’on se le dise clairement ! Nous n’avons rien à reprocher à ces jeunes étrangers qui cherchent leur voie et qui réussissent au Niger. Mais, nous avons tout à reprocher à la jeunesse nigérienne, en particulier celle des centres urbains.
Beaucoup de ces jeunes citadins cultivent un certain complexe qui les empêche d’exercer des métiers manuels pourtant lucratifs. Ils se complaisent dans l’insouciance, l’inconscience et la paresse tout en rêvant d’une vie de bling bling. Pourtant, ils n’ont pas honte d’être nourris et logés, certains jusqu’à l’âge de 30 ans et plus, par leurs parents. Ils n’ont pas honte de tendre la main à la maman ou un tonton pour avoir de quoi poser le thé ou acheter des unités.
Ainsi, certains, pour juste avoir atteint le niveau d’étude secondaire, ne pensent qu’à travailler dans les bureaux. Ce complexe est la résultante du retard de notre pays en matière d’enseignement professionnel et technique. En effet, durant des décennies, l’on s’est cantonné à l’enseignement général qui n’a fait que produire des générations de chômeurs. Dès lors, il n’est pas étonnant que des jeunes étudiants ou scolaires soient souvent associés à des activités criminelles. C’est aussi normal que beaucoup de ces jeunes désemparés se retrouvent à faire ‘’les chiens des politiciens’’.
Et c’est pourquoi, en ce tournant décisif du devenir de notre nation, un changement de mentalité est plus que nécessaire chez nos jeunes. Ils doivent intégrer l’adage selon lequel ‘’il n’y a pas de sot métier, mais de sottes gens’’. Ils doivent réaliser qu’il faut ‘’se salir les mains’’ si on veut rouler dans de grosses cylindrées, détenir de smartphones haut de gamme, s’habiller griffés, avoir des comptes garnis, etc.
Il faut que ça change dans les mentalités. Sinon, l’Etat a beau investir dans les projets d’envergure comme le Programme Grande Irrigation (PGI), il aura beau créer des Centres de formations aux métiers (CFM), des Centres de formation professionnelle et technique (CFPT), tant que les jeunes ne changent pas de mentalité, les résultats risquent d’être toujours en dessous des attentes et des moyens investis. La jeunesse, dit-on, est l’avenir d’une nation…à condition qu’elle soit consciente, laborieuse. A défaut, elle restera un fardeau.
Siradji Sanda (ONEP)