L’Aïd El Kabîr ou fête de la tabaski s’approche à grand pas. A une semaine de cette grande fête musulmane, beaucoup des pères de familles vivent sous pression. En ces temps où règne une pauvreté ambiante doublée d’une inflation généralisée sur les prix des produits de première nécessité, beaucoup ne savent pas à quel saint se vouer pour trouver le mouton de sacrifice.
A ce cocktail déjà pesant, il faut ajouter la boulimie des commerçants véreux qui n’attendent que ce genre d’occasion pour monter les enchères et faire des profits, à la limite illicites. Outre le stress lié à comment trouver le mouton, il faut compter avec les autres dépenses périphériques qui font la beauté de la fête, notamment les habits pour les enfants et pour les femmes.
Une situation qui pousse beaucoup de pères de famille à s’endetter souvent outre mesure juste pour un événement d’un jour alors que le sacrifice n’est pas forcement obligatoire pour ceux qui n’ont pas les moyens. Malheureusement, ceux-là font fi des prescriptions religieuses et se laissent entraîner par les pratiques de leur environnement social. En ont-ils d’ailleurs le choix puisque ne pas égorger un mouton est synonyme d’être un ‘’incapable’’ aux yeux des autres et même souvent des siens.
La conséquence est que l’intégralité du salaire d’un fonctionnaire ou toutes les économies d’un ménage partent en une seule journée. Quitte au ménage à broyer ensuite du noir pour survivre, s’inscrivant dans le cercle vicieux de la dette et même souvent se faire prendre dans les filets des usuriers qui profitent de la situation.
A côté de ceux qui triment pour assurer le minimum vital, d’autres étalent à outrance et avec désinvolture, leur aisance. Certains n’hésitent pas à abattre tout un troupeau, juste pour montrer qu’ils sont ‘’capables’’. A cette allure, il est légitime de se demander sur le sort que nous réservons aux valeurs de la foi mais aussi et surtout de solidarité que prône fortement la religion musulmane dans nos actes quotidiens.
En définitive, en suivant de manière aveugle les attitudes des uns et des autres, qui souvent n’ont pas de fondements religieux solides, certains deviennent eux-mêmes des moutons qui se sacrifient sur l’autel des diktats sociaux. Il est temps de cesser d’être des moutons et de chercher les vrais moutons suivant les conditions et les limites fixées par la religion.
Siradji Sanda (ONEP)