La représentante du ministre de la Santé Publique, de la Population et des Affaires Sociales, Mme Alfari Aichatou Djibo, a procédé, le lundi 25 novembre 2024 à Niamey, au lancement de la campagne nationale des 16 jours d’action patriotique de lutte contre les violences faites aux femmes et aux filles. Le thème de cette édition est « Tous unis pour un acte patriotique dans le cadre de la refondation pour arrêter les violences faites aux femmes et aux filles ». Il s’agit, à travers cette rencontre, de sensibiliser les communautés et déclencher des actions plus efficaces afin de réduire significativement ce phénomène.
Pour ce rendez annuel des défenseurs des droits de femmes et des filles, les différents acteurs se sont fortement mobilisés sur le site de la cérémonie, sis en face de l’hôtel de Ville. Ils étaient habillés en orange couleur retenue pour symboliser cet engagement et munis de pancartes qui invitent à l’abandon de toutes les formes de violences à l’endroit des femmes, des filles et des enfants. Ils ont réaffirmé leur détermination à poursuivre la lutte pour le respect des droits de la femme et de la jeune fille au sein de leurs communautés.
La représentante du ministre de la Santé Publique, de la Population et des Affaires Sociales a précisé que plusieurs études ont montré que les violences sont quotidiennes dans notre société et s’exercent le plus généralement dans le cadre familial, au niveau de la sphère privée du couple, sur les lieux de travail, dans les écoles et les milieux d’apprentissage. L’accompagnement des autorités dans ce combat pour le bien-être de la femme se traduit par la réalisation d’actions urgentes. Il s’agit notamment de la mise en œuvre de la Stratégie nationale de prévention et de réponses aux violences faites aux femmes et aux filles et la protection contre l’exploitation et les abus sexuels ainsi que son plan d’actions 2024-2028 et le renforcement du cadre juridique de prévention et de prise en charge des victimes.
Mme Alfari Aichatou Djibo a fait savoir qu’une cellule d’écoute des plaintes, de référencement et une plateforme digitale de lutte contre les violences faites aux femmes et aux filles seront mises en place à la Direction Générale de la Promotion de la Femme et de la Protection de l’enfant. Elle a enfin exhorté toutes les structures œuvrant dans le domaine de la lutte contre les violences faites aux femmes et aux filles à s’engager davantage pour promouvoir et protéger les droits humains en général et ceux de la femme en particulier.
Le représentant de l’UNFPA au Niger, M. Seydou Kaboré a relevé qu’au Niger les chiffres restent toujours préoccupants. Selon la dernière enquête nationale sur les violences basées sur le genre de 2021, 38,2 % des femmes ont été victimes de violences faites aux femmes et aux filles au cours de leur vie. « Ce ne sont pas seulement des simples chiffres, il s’agit de vies brisées, des rêves anéantis et un immense manque à gagner pour le pays », a-t-il ajouté.
Face à cette situation, a-t-il poursuivi, le gouvernement et ses partenaires ont consenti de nombreux efforts depuis les premières campagnes de lutte contre les violences faites aux femmes et aux filles dans les années 2006. Il s’agit de l’adoption de politique, de plan et de stratégie sur la protection des femmes et des enfants, la mise en œuvre des campagnes communautaires et le programme holistique de prévention et de prise en charge des victimes. « Malgré les efforts considérables du gouvernement et des partenaires, les besoins restent énormes pour sauver des vies d’innocentes femmes, des filles et parfois des garçons qui continuent de payer un lourd tribu », a indiqué M. Seydou Kaboré, avant d’ajouter qu’un patriote ne commet pas de violence à l’égard des femmes et des filles.
Quant à la présidente de l’Ong SOS Femmes et enfants victimes de violence familiale (FEVVF), Mme Mariama Moussa Ahmed, elle a souligné que la campagne des 16 jours d’actions patriotiques contre les violences faites aux femmes et aux filles est un moment privilégié pour tous les défenseurs des droits des femmes à travers le monde de démontrer leur engagement collectif et individuel et leur détermination à travailler ensemble contre toute forme de violation des droits des femmes. Elle a, en plus, soutenu que les organisations œuvrant dans le domaine de la lutte contre les violences faites aux femmes et aux filles ne cesseront jamais de tirer la sonnette d’alarme tant que les femmes et les filles continueront à être victimes de violence.
Pour Mme Mariama Moussa Ahmed, la recrudescence des violences faites aux femmes et aux filles interpelle tout le monde. « C’est pourquoi ,nous recommandons une meilleure collecte de données et des études sur les violences faites aux femmes et aux filles pour établir des statistiques nationales permettant ainsi une compréhension approfondie de la situation et des interventions ciblées, une fin à l’impunité en tenant les auteurs de ces crimes responsables de leurs actes et en appliquant une tolérance zéro en matière de violence à l’égard des femmes et des filles, et un investissement dans la prévention et dans les organisations de défense des droits des femmes pour garantir les droits des personnes qui ont survécu à la violence et leur permettre d’accéder à des services essentiels », a conclu la présidente de l’Ong SOS-FEVVF.
Notons qu’au cours de cette cérémonie, les différents acteurs (représentants du gouvernement, autorités administratives locales, ONG nationales et internationales, leaders coutumiers et religieux), ont symboliquement apposé leurs signatures sur un tableau, réitérant ainsi leur engagement à combattre les violences faites aux femmes et aux filles. De même, il a été présenté une plateforme digitale créée pour permettre d’alerter sur les risques de violence et aux victimes de chercher du secours.
Farida. A. Ibrahim (ONEP)