La communauté musulmane du monde entier s’apprête à célébrer la fête d’Aïd El Kebir. En ce jour spécial, les Nigériens dans l’ensemble couronnent le sacrifice des moutons de la traditionnelle grillade. De toutes les périodes de l’année, le marché du charbon et du bois ne s’anime autant sur l’étendue du territoire. C’est en effet en ce moment qu’un peu partout dans la ville de Niamey, aux bords des rues et aux alentours des marchés, font surface des étals de ces combustibles.
Au cours de ces dernières années, le charbon a tendance à dominer les marchés urbains des combustibles, même si la vente du bois est aussi florissante en cette veille de tabaski, au regard du crucial besoin d’usage pour les cuissons et grillades. « Certes, nous vendons de plus en plus à ce moment, mais par rapport aux années antérieures, (depuis à peu près 2 ans), le commerce de bois à Niamey connait progressivement une sérieuse baisse », a confié Hama Hamidou, un commerçant de bois de la périphérie du marché Katako. Il témoigne ainsi que pour le cas de son étal, une partie des stocks date de plus d’un an. « Avant, à pareil moment, les stocks se vidaient, on attendait impatiemment le réapprovisionnement », dit-il.
Pour les commerçants de bois, cette baisse du marché est due non seulement à la forte concurrence du charbon mais aussi à une autre nouvelle pratique des clients. Selon Hama Hamidou, certains voisins préfèrent s’organiser collectivement et confier à un des leurs, l’approvisionnement depuis les villages ressources avoisinant Niamey.
D’autre part, on constate que les gens ont tendance à délaisser l’usage du bois au profit du charbon. Alors que son prix demeure stable ou en baisse, celui du charbon connait une hausse. Ainsi, en l’espace de trois ans environ, il est passé de 3000F CFA à 10 000FCFA le grand sac. Il y a quelques mois seulement, cette même quantité coûtait 8 000FCFA.
Dans les circonstances de la fête de Tabaski, cette matière s’impose comme meilleure option pour bon nombre d’habitants de Niamey, à l’image de la présence de plus en plus déjà forte des clients au niveau du point de vente d’un charbonnier d’à côté du petit marché. D’après ses explications, Abdoulaye souligne que la hausse du prix du charbon se justifie beaucoup plus par les facteurs de la saison d’hivernage que par la croissance de la demande à cette approche de Tabaski, en coïncidence pleine avec la période des grandes pluies. « Le charbon nous vient du Burkina Faso, généralement ; actuellement l’importation est difficile, du fait des conditions de protection face aux risques d’humidité », a-t-il avancé.
L’un dans l’autre, la disponibilité du charbon à Niamey, cette année ne laisse planer aucun doute et se propose jusqu’en trois catégories de mesure chez les grossistes : le grand sac de 10 000 FCFA, le moyen de 5 000 FCFA et le petit sac de 1500 FCFA.
Au niveau de la clientèle, le prétexte de la tendance prime sur les avantages d’usage du charbon. Il s’agit notamment d’une certaine rapidité à la grillade et de rentabilité. « Je préfère utiliser le charbon, car d’habitude rien qu’un seul sac nous suffit pour griller jusqu’à 4 moutons, et avoir de quoi couvrir d’autres usages domestiques ordinaires, durant quelques semaines d’après la fête », affirme un père de famille, qui n’achète plus du bois pour la circonstance, depuis 4 années d’affilée.
Le moins que l’on puisse dire de la grillade au « feu du bois » est qu’avant tout elle est synonyme de pratiques qui accélèrent le processus inquiétant de la désertification. Cette tendance au charbon, bien qu’elle soit motivée plus par son efficacité, contribuera significativement à la protection de l’environnement, surtout si elle s’accentue avec le recours au charbon minéral.
Mahamane Chékaré Ismaël
(Stagiaire)