Débutée le vendredi 03 juin 2022 à l’arène des jeux traditionnels de Niamey, la coupe du Président de la République qui a regroupé 16 lutteurs issus des écuries des 8 régions du Niger, a pris fin le dimanche 05 juin dernier. A l’issue des confrontations annuelles organisées par la Fédération nigériennes des luttes FENILUTTES, c’est Kadri Abdou dit Issaka Issaka de Dosso qui a remporté, pour une deuxième fois la coupe du Président de la République, face à Yacouba Adamou de Niamey, au terme d’un combat insipide qui a duré plus d’une heure d’horloge à la grande déception des amateurs du sport roi au Niger.
Hormis le combat de la finale qui a frustré plus d’un, cette coupe du Président de la République a été caractérisée par des combats extraordinaires, très riches en techniques et en belles chutes que les lutteurs ont offerts au public dans l’arène des jeux traditionnels de Niamey. Ainsi, les premières confrontations de l’édition 2022 de la Coupe du Président de la République ont montré qu’il n’existe pas de ‘’lutteur invincible’’ en lutte traditionnelle, car tous les lutteurs de taille et craints ont mordu le sable sans ‘’grand bruit’’. Parmi ces lutteurs, il y a l’imperturbable Aibo Hassan de l’écurie de Maradi, le technicien Mansour Issa de Diffa, le gladiateur Zakirou Zakari de Tahoua, tous écartés avant la phase finale, etc.
S’agissant du classement général, Noura Hassan de Tahoua occupe la 3ème place et s’en sort avec une enveloppe de 700.000FCFA, tandis que Aminou Ibrahim de Niamey a occupé la 4ème place avec la somme de 500.000FCFA. Quant au champion en titre de la lutte traditionnelle et 1er vainqueur de la coupe du Président de la République, Issaka Issaka qui occupe la 1ère place, il a reçu des mains du ministre de la Jeunesse et des Sports une Coupe, une enveloppe de deux millions de FCFA, un véhicule, Corolla S, etc., tandis que le vice-champion Yacouba Adamou de Niamey a reçu une enveloppe d’un million de FCFA.
Une finale sans goût,
décevante pour les amateurs de la lutte traditionnelle Nigérienne !
On s’y attendait déjà à un combat long, mais pas jusqu’à ce point. Pour ainsi dire, le combat était plus long que prévu dans cette arène de Niamey pleine à craquer sous les cris et agitations des fans des deux finalistes. Pendant les premières minutes de combat, le public était enthousiaste. Les fans, ivres de joie, scandaient les noms de leurs héros. Hélas, cette joie n’ira pas au bout du temps des combats. 1er round, 2ème round,… jusqu’au 9ème round, les deux lutteurs après plus d’une heure de combat ont commencé à choquer les spectateurs dont certains sont débout dans l’arène deux heures de temps avant le combat final. Le public a commencé à siffler et houspiller les deux lutteurs. Certains n’ont pas hésité à quitter les lieux, estimant que ce genre de combats n’honorent pas la lutte traditionnelle du Niger. «Sun ma raynamutane-ne (ndlr: ils se moquent des gens)», peste un supporteur qui s’est arrangé pour trouver une place juste derrière la table technique.
Pour calmer les esprits, l’arbitre central a plusieurs fois interpellé les deux finalistes sur leur attitude. Comme tout cela ne suffit pas, le président de la FENILUT a été contraint d’enfreindre au code de la lutte traditionnelle du Niger. A deux reprises, il débarque dans l’aire de combat circulaire pour mettre Issaka Issaka et Yacouba Adamou en garde. «Tout ce monde que vous voyez n’attend que vous», hurle le président de la FENILUTTES.
Une entorse au règlement pour abréger la déception du public
Le public en a marre ! Il a fallu sévir avec un dernier avertissement. Ainsi le président de la FENILUTTES a prévenu que au bout de 15 minutes sans interruption, il n’ya pas eu de chute, il n’y aura pas de vainqueur. Les deux prix (1er et 2ème) seront additionnés et distribués pour les deux finalistes, la fédération gardera la coupe et le véhicule mis en jeu sera remis au donateur. C’est sur cet avertissement que les deux lutteurs se sont enfin décidés à lutter. C’est dans cette atmosphère que Issaka Issaka réussit à faire mordre la poussière à Yacouba Adamou dans un combat qui n’a impressionné personne. Avec ces genres de combat le Niger aura du mal à vendre cette lutte traditionnelle, qui constitue son sport roi. «Je déplore la durée de ce combat. Nous voulons vendre cette lutte. Si cette lutte s’arrête sur ces façons de faire ce n’est pas bon. Lors des Tolac ou au Sénégal, il n’y a pas ce genre de combats. Mais chez nous quand deux gladiateurs se croisent, ils passent tout le temps à tourner autour du pot. Non ! Entre deux gaillards, il ne peut et ne doit pas y avoir ce genre de situation normalement. Il faut qu’ils se donnent à fond pour ne pas se fatiguer et fatiguer le public», a lancé Oumar Mamane, un observateur de la lutte de la lutte traditionnelle.
Abdoul-Aziz Ibrahim(onep)