
M. Boubacar Djingarey Maïga présentant ses trophées
« Je suis un acteur clé du cinéma, ce n’est pas une coïncidence », déclare le réalisateur producteur nigérien, M. Boubacar Djingarey Maïga, l’héritier du cinéma nigérien, le fils du célèbre cinéaste Djingarey Maïga. Plus connu sous le surnom de « le fils du père « ou Bouba, il a travaillé aux côtés de son père pendant une vingtaine d’années, avant de sentir qu’il était temps de voler de ses propres ailes. Depuis 2015, il a réalisé ses propres films, dont des courts métrages, des séries et des documentaires, qui ont remporté de nombreux trophées au niveau national et international. Il revient cette année avec son nouveau film «Takounkoumi’’ bientôt en salle.
Les débuts dans l’industrie cinématographique de Bouba ont été difficiles en raison des nombreux défis auxquels sont confrontés les cinéastes nigériens. Cependant, il a puisé dans son courage car, selon ses dires, il est inimaginable de passer près de 20 ans aux côtés de son père sans nourrir l’ambition de produire ses propres films. C’est dans ce sens que M. Boubacar a d’abord réalisé un court métrage intitulé «Les Cheveux Noirs de Maimouna», suivi d’une série intitulée «Femme Actuelle», puis d’un court métrage documentaire appelé «Les Patrouilleurs», et enfin d’un long métrage de fiction intitulé «Le Pardon». La plupart de ses films ont été sélectionnés dans différents festivals internationaux et certains d’entre eux ont été récompensés.
Boubacar Djingarey Maïga est actuellement sur un nouveau film en réponse à la situation difficile que traverse le Niger. Suite à des incidents récents, il a constaté que certains ont opté pour l’insulte et la critique à travers des vidéos. Il a jugé que ce comportement n’est pas digne d’un artiste et a estimé qu’en tant qu’artiste, il endossait la responsabilité d’immortaliser cet événement à travers le cinéma. C’est ainsi que Boubacar Djingarey s’est inspiré de récents événements pour créer son nouveau court métrage de 26 minutes intitulé «Takounkoumi». Il prévoit de faire sortir ce nouveau film bientôt à Niamey et le diffuser dans les autres régions par la suite.
“Takounkoumi’’ est un film qui aborde plusieurs thématiques notamment les multiples coupures d’électricité, la hausse des prix de certains produits de première nécessité, les fakes news sur les réseaux sociaux. Ce film accorde une attention particulière à la question du manque de certains produits pharmaceutiques sur le marché. Bref le film retrace la vie du peuple nigérien depuis la fermeture des frontières.
C’est l’histoire d’un jeune transitaire appelé Ibrahim dont les activités ont été bloquées depuis la fermeture des frontières. Malheureusement, confronté à cette difficile situation de chômage technique, son enfant est tombé gravement malade et admis aux urgences alors qu’il n’a rien sur lui pour payer l’ordonnance prescrite à l’enfant. Ibrahim a dû vendre son téléphone et taper à plusieurs portes pour trouver l’argent. Malheureusement dans chaque pharmacie où il s’y rend, on lui dit que ‘’depuis la fermeture des frontières nous sommes en rupture de stock’’. Il lui a fallu recourir à des remèdes traditionnels pour sauver l’enfant. Ce film présente un message destiné à la CEDEAO, en dépit de la fermeture des frontières et des sanctions injustement imposées au peuple nigérien, le Niger parviendra toujours à trouver une solution.
« Le cinéma nigérien manque de reconnaissance et de soutien financier. En 2022, j’ai remporté 4 prix internationaux qui sont passés inaperçus aux yeux des anciennes autorités nigériennes. C’était une fierté pour moi de remporter ces prix, car c’est le pays qui est honoré, et cela méritait au moins une certaine reconnaissance auprès des autorités. Malheureusement ce n’est pas le cas. Dans tous les pays où l’industrie cinématographique prospère, c’est grâce à l’investissement de l’État. Les États-Unis ont misé sur le cinéma pour affirmer leur position de première puissance, l’Inde pour mettre en avant leur beauté et la Russie pour démontrer sa supériorité dans le domaine de l’espionnage. Ce sont ce genre de messages qu’ils véhiculent. Nous avons une culture très riche que nous pouvons promouvoir à travers le cinéma. En misant réellement sur l’industrie cinématographique, nous pourrions contribuer à la paix, la cohésion sociale et la stabilité dans notre pays », a-t-il expliqué.
Assad Hamadou (ONEP)