
Des marinières en vente, aux environs du grand marché de Niamey
Utilisés autrefois dans les campagnes et les périphéries par les femmes âgées, les vêtements traditionnels communément appelés marinières, ‘’grand-mamans’’ ou encore ‘’mouna fata’ en haoussa n’ont plus la vedette, certes, mais gardent toujours une place dans la garde-robe des femmes, en campagne comme en ville. A Niamey, ce vêtement est vendu dans les différents marchés, notamment à Katako, au Grand marché ou à Wadata.
La marinière ou ‘’mouna fata’’ est un habit cousu d’un tissu fleuri, très léger que les mamans portaient à l’époque pour «prendre l’air». La couture relève d’un savoir-faire que nos tailleurs essayent de perpétuer. Abass Adamou, un tailleur couturier de ’’mouna fata’’ sur la grande voie allant au grand marché, explique le processus de confection de cet habit. « C’est un travail que nous faisons depuis longtemps. Le vêtement ‘’grand maman’’ est cousu selon plusieurs tailles. C’est un métier que j’apprécie tant. Cela me permet de répondre à mes besoins et ceux de ma famille », a-t-il confié.
Selon ce couturier et revendeur de ‘’marinière’’, le prix varie de 1250 FCFA à 2000 FCFA. « Tant en milieu rural qu’en milieu urbain, les femmes achètent ces vêtements, mais ceux du milieu rural en achètent plus », a-t-il ajouté. Abass Adamou exhorte la jeunesse à s’intéresser à cette activité. Selon lui, il est préférable de faire quelque chose que de rester les bras croisés.
Pour Oumarou Salifou, un autre tailleur exerçant depuis une vingtaine d’années, la confection de ‘’mouna fata’’ est un héritage. « J’ai appris cela depuis le bas âge avec mes aînés. Pour faire la couture de mouna fata on utilise les machines, on fait la coupe. Pour le tissu, on se ravitaille chez les grossistes au Grand marché. Une fois cousus, on vend les habits aux clients. Avant, nous vendions plusieurs douzaines mais maintenant le temps a changé. Les femmes utilisent cela de moins en moins. Nous vendons à peine deux à trois par jour », a-t-il expliqué. Selon ce vendeur, le prix varie en fonction de la taille du vêtement. «Nos enfants ne s’intéressent pas à ce métier dont nous avons tiré profit. On a eu tout dans ce métier », a-t-il affirmé.
Mme Kadi est une cliente venue pour commander une douzaine de robes pour les envoyer à ses parents au village. « Là-bas, le gens l’apprécient surtout pendant les travaux champêtre. Cet habit léger est apprécié et utilisé par nos maman», a-t-elle ajouté.
Selon une autre cliente nommée Indo, cet habit est pratique. « J’adore porter cet habit, comme il est moins léger ». Malgré son utilité pour les unes, certaines femmes trouvent le port de mouna fata comme un style démodé. C’est le cas de mademoiselle Yasmine. « Pour moi, je trouve que ce genre d’habillement n’est plus à la mode, donc il faut le laisser aux veilles femmes de 40 ans à plus », a-t-elle dit.
Selon Nathalie, une vieille dame d’origne togolaise, cet habit traditionnel constitue l’identité des vielles dames d’avant. « Jusqu’à présent, moi je continue de porter ce genre d’habit, car c’est très pratique surtout pendant cette période de forte chaleur » a-t-elle dit.
Rabi I. Guero (ONEP)