
Lors d’une manifestation culturelle en 2023 à Diffa
S’intéressant aux traditions et coutumes du peuple bororo, l’artiste photojournaliste et président de l’Association des Photographes du Niger, M. Souley Abdoulaye, soutient que « les peuhls expriment le beau à travers leurs maquillages. Les peuhls traitent et développent un discours artistique militant pour une identité culturelle. Le maquillage est un élément important de séduction auprès des jeunes filles et, dans les sociétés traditionnelles, cette activité renvoie toujours à un univers magique de l’au-delà avec les esprits, les démons et les forces liées à la nature ». Au cours de ses recherches, l’artiste s’est intéressé aux peuhls bororos ainsi qu’à leur origine et à tout élément permettant de mettre l’accent sur « ce peuple aussi mystérieux que fascinant ».
Vivre en mouvement, suivant les saisons et les pâturages, est un mode de vie aujourd’hui à rudes épreuves, avec tant de bouleversements climatiques et menaces sécuritaires. Le photojournaliste Souley Abdoulaye rappelle que les peuhls bororos ont un habitat mobile souvent constitué de tentes en nattes que les femmes montent et démontent avec un savoir-faire. Selon les propos qu’il a recueillis auprès de Mai Haougué Salé, Juriste en Droits de l’Homme et Consultant Indépendant, la structure sociale de cette communauté est organisée au Niger autour des tribus. Ces dernières sont reparties notamment entre les départements de Guidan Roumdji, Dakoro, Tanout, Gouré et N’guigmi. Aussi, il explique que contrairement aux préjugés, les peuhls bororos ont toujours pratiqué l’islam. Leur mode d’habitat nomade, l’accent dialectal, le mode de vie marqué par l’élevage permettent de distinguer les bororos des wodabés. Et, ils se distinguent des wodabés par leur comportement réfractaire à outrance pour toute forme de pénétration étrangère et de divulgation de leurs coutumes et de leurs traditions restées jadis inconnues du monde. Ainsi, ils se distinguent par leurs effets vestimentaires, par le fait que les bororos sont très renfermés sur eux-mêmes et la divulgation des pratiques de la coutume était un interdit dont la violation est sévèrement sanctionnée, ce qui n’est pas le cas chez les wodabés que tout le monde connaît par l’exhibition de leurs pratiques coutumières.
Pour les bororos, l’éloquence et la mémoire sont des signes d’intelligence et de respectabilité et, l’apparence est essentielle dans leur culture. Cependant, hommes comme femmes accordent une grande importance à la beauté physique et, cette communauté pratique le nomadisme. « Dès la naissance, il y a des rites qui jalonnent la vie d’un bororo, notamment jusqu’au passage à l’âge adulte. Une fois adulte, viennent les rites qui marquent l’entrée dans la responsabilité, la bravoure ou la beauté reconnue dans la communauté, explique Adamou Bazo, president de l’association des jeunes bororos, DA’ARL.
Deux festivités sont importantes pour le groupe bororo. Il s’agit du ‘’Guéréwòl’’ et du ‘’Warso’’. Le ‘’Guéréwòl’’, precise Adamou Bazo, est l’un des évènements culturels les plus importants de leur culture et c’est au cours de cette fête que sont organisées de nombreuses manifestations ayant trait à l’expression de la culture bororo dans toute son essence dont les courses de chameaux, des défilés de troupeaux, des expositions, des concours de danse des jeunes bororos. Pendant une semaine, a-t-il notifié, les jeunes hommes vont participer à un concours de beauté dont le jury est constitué des plus belles filles de la tribu.
Aussi, la particularité de cet événement est l’étape où les garçons se font flageller le dos et la poitrine par un des leurs ou les vainqueurs de l’année précédente. C’est le moment pour certains jeunes virils d’offrir volontairement leurs dos et de s’enorgueillir. La bravoure, très admirée, stimule ainsi les jeunes garçons à subir cette épreuve avec courage. Après cette ultime épreuve, les jeunes sont oints d’une huile qui a pour vertu de calmer la douleur sur les plaies, en même temps, les anciens frottent une mixture sur le front et sur l’épaule droite de leurs jeunes appelés ‘’Guérédótó’’ pour les protéger contre les sorciers et les préserver du mauvais sort.
Quant au ‘’Warso’’, relève Adamou Bazo, il s’agit d’une autre fête d’envergure splendide manifestée pendant la période de l’hivernage. « C’est plus qu’une fête car c’est à cette occasion qu’on apprend les dernières nouvelles de la communauté, qu’on présente des condoléances et, qu’on célèbre des mariages » a-t-il affirmé. Un témoignage qui montre une communauté vivante, lucide sur ses défis, mais encore fortement attachée à ses racines.
La vie en société est organisée. Ainsi, au campement, les femmes s’occupent des tâches ménagères, de la préparation de la maison, la garde les enfants et elles sont à la tête de toute l’organisation interne du foyer. « Elles enseignent comment et où ranger les affaires, comment parler aux étrangers qui ne concernent pas ta famille et ta maison, comment les respecter, comment les accueillir, et les hommes ont pour rôle de surveiller le bétail pendant les périodes des pâturages, conseiller les jeunes et les initier au respect des vieux et de la culture », dit-il.
Adamou I. Nazirou (Stagiaire)