Elh Djibo Hamani est natif de la ville de Tahoua, quartier Zoulinké. Professeur en histoire, spécialiste de l’Afrique précoloniale, en particulier du Soudan Central (l’actuel Niger), il est enseignant-chercheur à la retraite depuis une dizaine d’années. Historien érudit, scientifique rigoureux, professeur émérite avoisinant les 80 ans, il est auteur de plusieurs ouvrages dont «l’Adar précolonial», «Le sultanat Touareg de l’Ayar», «14 siècles d’histoire du Soudan Central». Descendant d’une lignée de marabouts, dans la constance, l’objectivité que lui reconnaissent ses proches et disciples, il se prononce toujours avec aisance et liberté d’esprit sur les questions de la vie de la Nation. Dans sa sagesse de croyant, l’ouléma Elh Djibo Hamani écrit aussi sur l’islam.
Djibo Hamani fit son doctorat du 3ème cycle sur «l’Adar» (l’actuel Ader). Il a sillonné toute cette région qui compte huit à neuf cantons. C’est à partir de cette étude, qu’il a fait une translation vers le Nord pour travailler sur l’Ayar (Aïr). Il fit ainsi en 1985 sa thèse d’Etat. Durant sa longue carrière, il a occupé plusieurs responsabilités académiques, politiques, administratives et sociales. Enseignant-Chercheur à l’Université Abdou Moumouni de Niamey, il fut Directeur de l’Institut de Recherche sur les sciences sociales et humaines (IRSH). L’ancien secrétaire général du Ministère de l’Education Nationale, et recteur de l’université islamique de Say, Pr Djibo Hamani a été aussi Conseiller Spécial au Cabinet du Premier ministre, puis ministre-conseiller à la Présidence de la République. Personne-ressource sur la question de l’Unité Nationale, il a été au front de presque toutes les négociations sur la réconciliation nationale et la restauration de la Paix.
L’historien Djibo Hamani s’est, en effet, beaucoup intéressé à la dynamique de base de la société nigérienne et il y a ressorti des valeurs communes ainsi que les liens historiques intercommunautaires. C’est là tant des facteurs fondamentaux de l’unité nationale et de la parenté à plaisanterie.
A la retraite aujourd’hui, le Professeur ne manque pas d’inspiration et de motivation dans sa vocation de chercheur. Il continue à produire et vient de faire paraitre un ouvrage intitulé «Changer de cap pour renaitre : un impératif». Le Professeur Djibo Hamani fait partie de la première génération des historiens nigériens. Il constitue une référence, une sommité au volume de travaux de recherches impressionnant. «Il est un scientifique rigoureux, caractérisé par une prudence permanente, sans concession. Il aime le travail bien fait, sans aucune légèreté. C’est un spécialiste, je dirais, de l’histoire de l’Afrique. Il a une cinquantaine de publications scientifiques», confie un de ses ‘’produits’’, le Pr Ado Mahaman. «Pr Djibo Hamani a été pour nous, le maitre, avec tous ce que ce terme a de noble. Il nous a fait comprendre que notre histoire c’est à nous de l’écrire, et nous ne pouvons pas le faire en dehors de notre peuple. C’est auprès de la population qu’il faut aller chercher l’information, la traiter et la confronter aux écrits des administrateurs coloniaux et autres africanistes», ajoute le ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche. PhD. Mamoudou Djibo confie que le Professeur est l’un des deux enseignants qui ont signé la lettre de recommandation qui l’a fait admettre pour son PhD à Montréal. Selon le ministre, 90% des historiens nigériens d’aujourd’hui seraient passés dans les mains de l’éminent Pr Djibo Hamani.
Pour ses parents qui ont exprimé leur gratitude suite à l’honneur qui lui a été fait en donnant son nom à l’Université de Tahoua, Pr Djibo Hamani est un chef de famille vigilant, éducateur chevronné, généreux, humble et droit. Au-delà, c’est une encyclopédie vivante de l’histoire du Niger et un modèle de réussite professionnelle et sociale pour la jeunesse nigérienne.
Ismaël Chékaré,
ONEP-Tahoua