Longtemps réservée aux femmes, la cuisine s’ouvre de nos jours de plus en plus aux hommes lors des cérémonies (baptême, mariage). Une occupation qui intéresse les jeunes garçons qui l’exercent avec passion. Leur particularité, est qu’ils font ce travail dans le respect des délais. Une pratique qui est à la mode aussi bien à Niamey que dans les autres régions du Niger au point où cette nouvelle vague de cuisiniers dament les pions aux dames souvent accusées, à tort ou raison de certaines attitudes peu recommandables.
De nos jours, de nombreux hommes, plus particulièrement les jeunes sont à l’aise avec une grande spatule à la main remuant la sauce, posant plusieurs grandes marmites. Le manque ou la rareté d’emploi pousse parfois certains jeunes de niveau moyen et ceux qui ont très tôt quitté les bancs de l’école à se lancer dans ce métier, jadis mal vu pour un homme, afin d’échapper au chômage. D’autres par contre, l’embrassent avec amour et détermination parce qu’ils se sont rendu compte que ce métier est un véritable business. En effet, engagés et déterminés, ces braves hommes se battent au quotidien pour leur indépendance. Avec courage, ils
assurent un service de qualité afin de fidéliser la clientèle. Ces hommes excellent dans un domaine largement dominé par les femmes, et s’y adonnent corps et âmes dans ce choix.
C’est le cas de M. Abdoul Kadri Gnandou, marié et père de famille. Natif de Gotheye, M. Kadri s’est lancé dans cette activité depuis les années 1995, avec un Béninois qui lui a appris la cuisine. Abdoul Kadri Gnandou a servi dans plusieurs hôtels de Niamey où il est sollicité pour cuisiner. Parlant avec fierté, le chef cuisinier a également indiqué qu’il intervient dans les autres régions du Niger et même à l’extérieur, comme au Nigéria, à Cotonou (Bénin), Zinder, Diffa, Maradi, Tahoua, Konni, Dosso, Gaya, Tillabéri.
Pour la prestation, M. Kadri a précisé que le prix diffère d’un endroit à un autre. A Niamey aussi, le prix dépend du menu choisi. Le tarif pour le menu ‘’poulet ou poisson’’ diffère de celui du menu ‘’viande rouge’’. Il est de 7500F voire 8000F CFA pour le menu ‘’poulet ou poisson et ‘’ 5000F voire 6000F CFA pour le menu ‘’viande rouge’’.
Selon M. Kadri, le moment propice pour cette activité est surtout pendant les vacances et les congés, qui sont considérés comme étant ‘’la saison des mariages’’. Actuellement M. Kadri travaille avec deux à trois jeunes garçons qui l’assistent dans la préparation des repas des cérémonies. Ces jeunes hommes sont spécialement chargés de découper, et préparer les condiments. «Aujourd’hui, j’ai formé beaucoup de jeunes garçons qui peuvent faire le travail convenablement même à mon absence. De 1995 à aujourd’hui, je ne peux pas les compter, ou imaginer le nombre de personnes que j’ai eu à former. Parmi eux, il y a des gens de Saga, de Zarmaganda, de Lacouroussou, et Koira Tégui », confie le chef cuisinier.
Pour la clientèle, le cuisinier en chef Kadri estime que c’est la gentillesse et l’honnêteté qui attirent les gens. C’est surtout lors des cérémonies que les gens prennent le contact, et aussi de bouche à oreilles. «Ce qui différencie notre travail et celui des femmes, c’est ‘’l’organisation’’», estimant qu’avec les femmes il y a trop de laisser faire. Par exemple, lors d’une cérémonie, M. Kadri dit travailler seulement avec une seule personne, membre de la famille qui, va lui donner des consignes ou directives. A la fin du contrat, tout ce qui reste comme condiments et autres, sont remis au propriétaire. «Aussi lors du partage de la nourriture, je ne laisse personne se rapprocher en dehors de mon équipe. Chez moi, tout est organisé» précise le chef cuisinier Kadri.
La crédibilité de Kadri fait que certains clients prennent rendez-vous deux à trois semaines, voire un mois avant la cérémonie, pour faire leurs réservations. Tout dépend de la période.
Farida Ibrahim Assoumane(onep)