Jean Pierre Olivier de Sardan est Chercheur au Laboratoire d’Etudes et de Recherche sur les dynamiques sociales et le Développement Local (LASDEL), Professeur Associé à l’Université Abdou Moumouni de Niamey et Responsable Scientifique du master de Socio anthropologie de la santé. Son dernier ouvrage intitulé ‘’ la revanche des contextes, des mésaventures de l’ingénierie sociale en Afrique et au-delà, est le fruit de 25 ans de recherches sur la confrontation difficile entre les politiques publiques menées en Afrique et les contextes locaux où elles sont mises en œuvre. Ce livre a été présenté au grand public mercredi 24 novembre 2021 par l’auteur dans la salle de conférences Hadiza Moussa du Lasdel.
Dans cet ouvrage, l’anthropologue décrit « le problème des écarts entre la théorie, toujours vertueuse, des projets de développement en direction du sahel et leur application laborieuse voire carrément ratée sur le terrain ». Lors de la présentation, l’auteur explique minutieusement et somptueusement à son public les grandes articulations de l’ouvrage. Ce dernier repose sur deux (2) piliers fondamentaux et cinq (5) objectifs majeurs.
Au niveau des piliers, il a avancé que son livre est le fruit des recherches documentaires qui se basent sur un travail collectif et non individuel. C’est d’abord le Lasdel, qui est un laboratoire pionnier dans les domaines publics. Il y’a des chercheurs un peu presque partout dans la sous-région. Ce livre est là grâce aux enseignements, aux concepts des chercheurs, des experts. Un ouvrage selon lui qui se base sur des réalités empiriques et théoriques. Le deuxième pilier, c’est l’ingénierie technique et l’ingénierie sociale.
Comme objectifs, l’auteur a évoqué le premier comme étant celui de faire de ce livre, un document accessible à tous, un étudiant de Bac+ 3 peut bien le lire qu’un spécialiste. « En écrivant ce livre, c’est de ne pas s’adresser uniquement aux sociologues, aux anthropologues, aux intellectuels, aux chercheurs mais bien à tous ». Le deuxième objectif, c’est de faire en sorte que cet ouvrage soit théorisé à partir de l’Afrique, l’essentiel est qu’il soit lu à partir de l’Afrique. Presque toutes les pratiques sociales qui se passent en Europe se passent ici aussi au Niger, au Benin…. Notamment les pratiques corruptives en milieu hospitalier et bien d’autres, elles le sont juste à des degrés différents. Le troisième objectif, est l’énorme problème que représentent les politiques publiques chez nous au Niger, le développement est devenu une industrie qui s’auto alimente, surtout en ce qui concerne la dépendance à l’aide publique, c’est un problème qui revient régulièrement tout au long de l’ouvrage. Le 4ème objectif visé c’est que l’ouvrage n’est pas un livre polémique. Ici, le diagnostic est posé, on ne regarde juste pas les choses en face, mais avec un langage purement officiel et ou les critiques sont mal vues.
Et enfin le 5ème objectif, l’auteur dit sortir du cadre de chercheur de diagnostic et faire des propositions et des pistes de solutions. ‘’J’ai essayé de trouver des solutions pour prendre des risques et faire des suggestions ‘’, a relevé l’anthropologue.
Selon l’argumentaire de l’auteur, pourquoi les politiques publiques, les projets de développement, les interventions des ONGs sont-ils tous soumis à d’importants écarts entre ce qui était prévu et ce qui se passe effectivement ? Cet ouvrage apporte une réponse convaincante et documentée à ce problème des écarts.
Par Aïssa Abdoulaye Alfary(onep)