
Un homme se prépare à soulager sa vessie en pleine rue à Niamey
La défécation à l’air libre reste une réalité préoccupante et persistante en Afrique. Dans certaines localités du Niger, souvent même dans la capitale, ce phénomène est observé jusque dans les places publiques. Ces espaces censés servir d’endroits de relaxe et de repos sont transformés en latrine à ciel ouvert par des citoyens peu commodes qui font leurs besoins naturels au vu et au su de tous les passants.
Ces personnes prétextent que les latrines publiques sont mal entretenues et, c’est pour se protéger de certaines infections qu’elles choisissent de se soulager à l’air libre. Cet argument ne convainc pas car, en faisant ces besoins dans les espaces publics, c’est toute la population qui est exposée aux maladies contagieuses. Souvent, à côté de ces endroits il y a des espaces de restauration. Cette promiscuité malsaine oblige les clients à se retirer progressivement pour des endroits plus hygiéniques.
Pour davantage comprendre ce phénomène qui est une anti-valeur pour la société nigérienne, les personnes affectées, à savoir les vendeurs de nourriture qui cohabitent avec ces espaces insalubres, ne manquent pas d’exprimer leur amertume. M. Ali Idé est un vendeur de frites et brochettes derrière la Maternité Issaka Gazobi de Niamey. C’est sa huitième année dans ce lieu de commerce. Quand il s’était installé, il avoue que l’endroit était agréable et sans saleté. Au fil des années, avec l’encombrement du lieu et la promiscuité, l’endroit est devenu une décharge publique, une poubelle à ciel ouvert où des gens sans pudeur viennent tranquillement se soulager. « Depuis lors je vis l’enfer sur terre. Des odeurs désagréables, nauséabondes qui se dégagent de cet endroit et qui ne donnent point envie de rester ici. Cela touche d’ailleurs ma clientèle de manière négative. J’ai eu à me plaindre auprès des autorités municipales, mais rien n’a changé jusqu’à présent. Je souhaite sincèrement qu’on sensibilise la population face aux dangers auquel nous sommes exposés à travers ces pratiques qui jurent d’avec la morale, » a expliqué M. Ali Idé.
Mme Amadou Fati, une vendeuse de condiments au petit marché de Niamey, souligne qu’il y avait une douche publique dans l’ancien emplacement du petit marché. Celle-ci est utilisée par les commerçants, en dépit du manque d’hygiène qui y régnait. « Mais subitement, les gens ont transformé tout l’espace vide en poubelle, ce qui nous met dans une situation plus délicate encore. Cela a fait en sorte que beaucoup se soulagent à l’air libre maintenant, », a-t-elle déploré. « Nous autres, les femmes, il nous est difficile de nous rendre dans ces toilettes au regard de l’insalubrité ambiante », a ajouté Mme Amadou Fati. Elle profite pour lancer un appel à l’endroit de la municipalité pour qu’elle prenne les dispositions nécessaires par rapport à l’entretien de cet espace public à défaut de sa mise en valeur. Parce que, précise-t-elle, chaque jour, le phénomène ne fait que prendre de l’ampleur. « Si l’on n’agit pas dès maintenant, on risque de vivre dans une capitale totalement insalubre », déclare-t-elle.
Sébio Miriam (Stagiaire)