Face à une situation alimentaire et nutritionnelle préoccupante dans le Sahel et en Afrique de l’Ouest, la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) en collaboration avec l’ensemble des partenaires techniques et financiers multiplie des initiatives en vue de trouver des solutions durables à cette situation. C’est dans ce cadre que se tient depuis hier matin à Niamey, une réunion de haut niveau dont les travaux ont été officiellement ouverts par le ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement M. Gado Sabo Moctar, assurant l’intérim du ministre d’Etat en charge de l’Agriculture et de l’Elevage.
Cette réunion vise à mieux coordonner les réponses à la situation alimentaire et nutritionnelle de 2020 au Sahel et en Afrique de l’Ouest. Sur la base d’un diagnostic consensuel fourni par le cadre harmonisé de la situation alimentaire en 2019-2020, environ 8,54 millions de personnes sont en «phase de crise alimentaire à pire» dans l’espace CEDEAO et, ce nombre pourrait atteindre 12,6 millions de personnes en période de soudure (Mai, juin, juillet et Août prochains) si des mesures appropriées ne sont pas immédiatement prises. C’est pourquoi en ouvrant les travaux de cette réunion, le ministre de l’Agriculture et de l’Elevage par intérim M. Gado Sabo Moctar a précisé qu’au regard de la gravité de la situation, les Chefs d’Etat et de gouvernement ont instruit la commission de la CEDEAO de coordonner avec les pays affectés, les initiatives pour aider les pays et les populations touchés à faire face à la situation alimentaire et nutritionnelle difficile en perspective.
C’est ainsi que le comité de gestion de la réserve régionale a invité les Etats membres concernés à élaborer rapidement les plans nationaux de réponse et à intégrer la contribution potentielle de la réserve régionale de sécurité alimentaire des l’établissement dudit plan, ainsi qu’à mobiliser des tiers payants, pour assurer le
financement ou le remboursement du stock régional mobilisé. L’enjeu, a dit le ministre de l’Agriculture et de l’Elevage par intérim, est à la fois d’être en mesure de répondre aux besoins des populations au moment opportun, mais surtout de gérer cette crise en s’inscrivant prioritairement dans les dispositifs de gestion de crise nationaux et au plan régional tout en appuyant le développement du système de stockage de sécurité alimentaire aux différents niveaux national et régional, notamment la réserve régionale de sécurité alimentaire.
Par ailleurs, le ministre de l’Agriculture et de l’Elevage par intérim devait souligner que face à l’ampleur de la crise qui se profile et des moyens qu’il est urgent de mobiliser, la coordination est une exigence pressante pour assurer l’efficience et l’efficacité des interventions de toutes les parties prenantes. «C’est dire que la gestion de crise nécessite que soient mobilisées dans un cadre harmonisé nos
ressources internes et les précieux appuis de nos partenaires internationaux. A cet effet, il nous revient de dégager un consensus fort entre les parties prenantes en ce qui concerne les modalités, le dispositif d’intervention, la coordination et le suivi tant au niveau national qu’international. Les décisions attendues sont ainsi des orientations précises et des recommandations pragmatiques qui permettront des actions concrètes et efficaces pour faire face à cette situation préoccupante», a indiqué le ministre Gado Sabo Moctar.
Auparavant, le commissaire chargé de l’Agriculture, de l’Environnement et des Ressources en Eau de la CEDEAO M. Sékou Sangaré a souligné que les membres de la CEDEAO tels que le Burkina Faso, la Guinée Bissau, le Mali, le Niger, le Nigeria et le Sénégal sont particulièrement concernés par l’insécurité alimentaire et nutritionnelle. A ceux-ci s’ajoutent le Tchad et la Mauritanie qui ne sont pas membres de la CEDEAO. Cette insécurité alimentaire aggravée est la conséquence directe de la dégradation des conditions sécuritaires des populations affectées par le terrorisme et les conflits intercommunautaires ainsi que les impacts du changement climatique. Depuis 2019, plus de 670.000 enfants dans la région du centre du Sahel ont été contraints de fuir leurs domiciles en raison des conflits armés et de l’insécurité. Ainsi, en 2020, quelque 4,3 millions d’enfants au Burkina Faso, au Mali et au Niger auront besoin d’une aide alimentaire en aliments fortifiés pour faire face aux carences nutritionnelles. M. Sékou Sangaré a fait remarquer que l’augmentation de la violence a des conséquences dévastatrices sur l’apprentissage des enfants. En fin 2019, plus de 3300 écoles ont été fermées ou rendues non opérationnelles dans les trois pays (Burkina Faso ; Mali et Niger) en raison de la violence et de l’insécurité touchant 650.000 enfants et 16.000 enseignants.
Le représentant de l’Union Européenne, le secrétaire exécutif du CILSS et le Commissaire de l’UEMOA ont réaffirmé leur engagement à soutenir les Etats membres de la CEDEAO en vue de trouver les solutions efficaces à cette situation sécuritaire et nutritionnelle.
Hassane Daouda(onep)