À l’heure de la transition énergétique, adopter des modes de production non polluants est un défi majeur pour une Afrique qui affiche de grandes ambitions d’industrialisation et de développement. Dans le cadre de la célébration de la Semaine africaine de l’industrialisation, un panel a été animé hier 22 novembre 2022 à Niamey, sur le thème, «décarbonisation de l’industrie africaine».
Pour positionner l’industrie africaine sur la trajectoire d’un développement durable afin de contribuer à l’atténuation du changement climatique, une étude a été réalisée pour faire le point sur l’état actuel des pratiques ESG (Environnemental, sociétal et de gouvernance) dans le secteur privé africain dans la perspective d’identifier les défis, risques et opportunités et élaborer des recommandations stratégiques. Les résultats préliminaires de cette étude sur les pratiques ESG dans le secteur privé africain font ressortir que l’ambition est d’améliorer la compétitivité de l’industrie africaine, dans un contexte où la durabilité devient un déterminant essentiel de la compétitivité, et aussi la création d’un marché africain inclusif et durable ancré sur la ZLECAf.
«Nous avons mené des entretiens et développé des études de cas pour les principales entreprises et organismes de certification des chambres de commerce, en nous concentrant sur les moteurs de l’ESG , la décarbonisation, les défis, risques et opportunités associées», a relevé M. Jean-Bertrand Azapmo, conseiller principal à la Commission de l’UA pour ETTIM. Il a par ailleurs expliqué que, si l’ESG en particulier est encore naissant dans le secteur privé africain dans son ensemble, certains secteurs progressent. Alors que les exigences de durabilité dans les chaînes de valeur mondiales sont un moteur important de l’ESG pour les entreprises, la demande africaine de biens de consommation durables commence à croître.
Ainsi, un certain nombre d’entreprises de premier plan en Afrique ont des modèles commerciaux qui entraînent directement la décarbonisation. Ces entreprises comprennent la valorisation énergétique des déchets, les produits forestiers, le solaire. D’autres entreprises démontrent un autre moteur majeur de la décarbonatation à savoir, l’avantage concurrentiel de l’adoption d’une approche d’économie circulaire à faible émission de carbone, la réduction des coûts, l’amélioration de la productivité et le développement de nouvelles sources de revenus à partir des déchets et même des crédits carbones.
Engagement à réduire les émissions de carbone
L’engagement à réduire les émissions de carbone conformément aux objectifs mondiaux par le biais de l’ITBS n’est pas encore commun en Afrique. Les résultats de l’étude ont démontré que les entreprises de 11 pays africains ont fixé des objectifs de réduction des émissions en accord avec les objectifs mondiaux. L’Afrique du Sud, l’Égypte et l’Île Maurice comptent le plus grand nombre d’entreprises ayant fixé des objectifs. En plus de ces entreprises, un certain nombre d’autres se sont engagées à fixer des objectifs dans un délai d’un mois en Afrique du Sud, au Kenya et en Égypte.
Le SBTI permet aux entreprises de fixer des objectifs de réduction des émissions afin d’atteindre un objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre, et propose aux entreprises des méthodes conformes à la science du climat. Les objectifs sont fixés de manière indépendante.
Accès au financement pour la décarbonisation
Pour parvenir à des émissions nettes nulles, l’Afrique aura probablement besoin de 2.000 milliards de dollars d’investissements supplémentaires au cours des 30 prochaines années, dont la majeure partie pour remodeler le secteur de l’électricité. Cependant, d’importants obstacles à l’accès au financement vert en Afrique subsistent. En gros, ces obstacles sont de deux ordres : Le manque de projets climatiques bancables du côté de la demande. Du côté de l’offre, la disponibilité et l’accès aux investisseurs et au financement. Pour surmonter ces obstacles, il est important de développer un pipeline solide de projets verts investissables, de décarbonisation des industries existantes, ou de nouvelles entreprises vertes.
Il est aussi important d’établir une base de référence solide et un système de vérification des émissions de gaz à effet de serre, de rendre obligatoires les instruments de financement verts qui correspondent aux différents profils de risque et de rendement. Il s’agit notamment des crédits carbones, des assurances vertes, des obligations vertes, des mécanismes de garantie verte et des paiements pour la performance. En outre, bien que le financement du climat par les pays riches augmente, il reste en deçà des engagements pris à la COP 15 de 100 milliards de dollars par an.
Oumar Issoufou(onep)