La ville de Niamey, capitale du Niger, est un point de transit majeur pour de nombreux migrants en quête d’une vie meilleure en Europe. En effet, selon l’Organisation Internationale pour la Migration (OIM), au cours du premier semestre 2023, plus de 60.000 migrants aux profils variés ont traversé le Niger, notamment des travailleurs migrants et des enfants migrants non accompagnés. Cependant, derrière les rêves d’un avenir plus prometteur, se cachent des réalités poignantes.
Il est 10 heures à la gare routière de la compagnie de transport voyageur -SONEF, un dimanche matin. Aux abords du goudron, les boutiquiers ouvrent leurs cormmerces et certaines vendeuses de nourritures sont devant leurs étals entourées par une dizaine de clients. Derrière la gare, on apercoit allongée le long d’une muraille, une vingtaine de tentes en paillote ou des centaines de personnes se retrouvent entassées. La majorité d’entre elles dorment à même le sol. En face des tentes, un vaste terrain plat sert de lieu de sport aux jeunes du quartier qui jouent paisiblement au football. De loin, à l’ombre d’un arbre, un groupe d’enfants jouent à la balançoire dans une totale insouscience. Sous une tente, certaines de ces personnes s’amusent au jeu de Lido avec un air decontracté, tandis que d’autres discutent à vive voix.
En provenance de différents pays, beaucoup de ces personnes ont fui des conflits armés, la pauvreté extrême ou même les persécutions dans leur pays d’origine. Ainsi, la plupart d’entre elles se retrouvent coincées à Niamey espérant poursuivre d’un jour à l’autre leur périple vers l’Europe. Malgré les difficultés et les obstacles qu’ils rencontrent, les migrants continuent de témoigner d’une incroyable résilience et d’une détermination à surmonter les épreuves auxquelles ils font face.
Fatima, une jeune migrante originaire de la Gambie raconte avec émotion son périple. « J’ai quitté mon pays il y a plus de six mois. Je suis ici, à Niamey, dans l’espoir de continuer ma route et me rendre en Europe. J’ai tout laissé derrière moi, ma famille, ma maison, mes rêves. Je ne sais pas si je vais réussir, mais je ne peux pas revenir en arrière, il n’y a rien pour moi là-bas », affirme-t-elle. Halimata est originaire du Nigeria voisin. Son souhait le plus ardent est d’aller en Italie via la Libye. « La situation dans laquelle on se trouve aujourd’hui est extrêmement difficule. On dort par dizaine à même le sol dans une tente de 2m2. L’eau et la nourriture manquent. Il nous arrive de dormir avec la faim au ventre et rien au réveil. Du coup, pour pouvoir joindre les deux bouts, on est obligée de faire le trottoir », a-t-elle confié.
Selon Ousmane Ndaw, un jeune gambien agé de 29 ans, l’aventure est ambiguë pour reprendre le célèbre titre de l’oeuvre de Cheikh Hamidou Kane. « Je suis bloqué ici depuis fin 2022. Je voudrais rejoindre l’Allemagne, j’ai un frère là-bas qui est parti par la mer. Maintenant, tout va bien pour lui. J’attends qu’il m’envoi de l’argent afin de continuer le chemin. Je ne désespère pas, un jour je serais en Allemagne », dit-il d’un air ingénu.
Pour son compère,” il faut toujours espérer surtout lorsqu’on se trouve en difficulté”. L’espoir est permis tant que la vie se prolonge. « Nous n’avons pas quitté nos pays pour rebrousser chemin à mi-parcours, on sait très bien que le voyage sera dur et parsemé d’embuches, mais c’est l’europe ou la mort », affirme-t-il de facon péremptoire.
Le Niger, une route migratoire
La situation géographique du Niger à la charnière entre les pays du Nord et ceux au sud du Sahara, le place au carrefour des échanges sur la migration.
Depuis 2016, l’Organisation Internationale pour la Migration a fourni une protection et une assistance vitales à plus de 95.200 migrants bloqués en situation de vulnérabilité au Niger. L’OIM travaille en étroite collaboration avec le gouvernement du Niger, par l’intermédiaire des Ministères en charge de l’Intérieur et de l’Administration du Territoire, de l’Action humanitaire et de la Santé, et de leurs services décentralisés, sur l’élaboration d’un plan d’action conjoint pour faire face à la situation des migrants bloqués à Assamaka. « L’OIM soutient le gouvernement du Niger en faisant tout son possible pour accélérer ces opérations consistant à aider et protéger les migrants les plus vulnérables qui sont bloqués au Niger dans les limites qu’impose la situation », a déclaré une responsable de l’OIM. « L’OIM prend actuellement en charge environ 3.740 migrants dans ses centres de transit au Niger. Dans ces centres, les migrants reçoivent une assistance adaptée à leur âge et à leur genre, incluant un abri, de la nourriture, des soins de santé et un soutien pour le retour volontaire et la réintégration dans leur pays d’origine, en coordination avec le gouvernement hôte, donc le Niger, et les gouvernements d’origine », a expliqué la chargée de communication de l’OIM Mme Aminata Sy.
La situation dans laquelle se trouve les migrants à Niamey mérite un examen minutieux au regard du caractère humanitaire de la question. « Il est grand temps que la situation pénible des migrants à Niamey soit traitée comme une urgence humanitaire de grande ampleur. Les vies de milliers d’individus sont en jeu », affirme un migrant.
Nazir Ousmane (Stagiaire)