Dans la nuit du 18 au 19 octobre 2023, un groupe d’individus a tenté d’exfiltrer du Palais présidentiel le Président déchu Mohamed Bazoum. Ainsi, dans le cadre de l’enquête qui a été ouverte à cet effet, et pour faire la lumière sur ces évènements, le Procureur général près la cour d’appel de Niamey, M. Salissou Chaibou, a animé hier un point de presse. Il s’est agi pour le Procureur de porter à la connaissance de l’opinion nationale et internationale un certain nombre d’éléments et de les rassurer ainsi qu’il s’agit de faits réels et non d’une mise en scène comme certains esprits ont essayé de le faire croire.
Selon, les explications données par le Procureur général Salissou Chaibou, le plan d’exfiltration était censé se dérouler en quatre (4) phases. Il s’agit ainsi d’une première phase de mobilisation du personnel devant participer à l’action au sein de la garde présidentielle et à l’extérieur. Ce premier groupe, est composé d’anciens membres de la garde rapprochée de Mohamed Bazoum, de certains membres de sa famille et de complices au sein de la garde présidentielle. La seconde phase quant à elle consistait à l’espionnage et à l’acquisition de renseignements sur le dispositif de la garde présidentielle (plan du camp de la garde présidentielle, espionnage d’une position de défense des FDS, une vidéo du dispositif de la garde présidentielle envoyée aux français par Mohamed Bazoum).
La troisième et la quatrième phase, selon toujours le Procureur, consistait au repérage et à l’identification du terrain propice à l’atterrissage d’hélicoptères devant acheminer l’ancien président et sa suite vers Birnin Kebbi au Nigeria et à la désignation d’une maison au quartier Tchangarèye de Niamey destinée à être le point de regroupement après l’exfiltration du camp de la garde présidentielle.
Récapitulant les faits dans l’ordre chronologique de leur déroulement, le Procureur général près la cour d’appel de Niamey, M. Salissou Chaibou a déclaré que dans la nuit du 18 au 19 octobre 2023, à 3 heures cinq minutes exactement, l’ancien président, sa famille, sa sécurité et ses cuisiniers transportant divers colis ont été interpellés par deux adjudants de la garde présidentielle alors qu’ils se dirigeaient vers la sortie du Palais. Au même moment, un véhicule en stationnement dans le couloir de l’annexe du Ministère de la Défense Nationale les attendait en vue de les acheminer dans une maison sise au quartier Tchangarey, lieu de regroupement convenu dans le plan.
Ainsi, suite à cette tentative d’évasion avortée, ajoute-t-il, une fouille minutieuse des colis et une perquisition opérée dans la résidence de l’ancien président ont permis la découverte d’importantes sommes d’argent en CFA et en devises étrangères et de divers biens précieux notamment. « Une somme de 86 250 500 F CFA, une somme de 17 017 dollars US, une somme de 3835 Euros, une somme de 5 livres sterling, une somme de 10 cedi, 2.814 grammes d’or, 333 grammes d’argent, trois ordinateurs portables, un appareil-photo, une antenne de couleur blanche, deux disques durs externes, douze clés USB, treize téléphones portables, deux talkies walkies, vingt-cinq actes de cession, six titres fonciers, plusieurs puces Airtel, une tablette, des bons d’essence d’une valeur de 110 000 francs CFA, une radio Bluetooth, des cartes de recharge des réseaux MOOV, AIRTEL et ZAMANI d’une valeur de 133 000 francs CFA, une dizaine de téléphones portables détruits, une arme PA de marque BERETA munie d’un chargeur garni de quatorze munitions et une bague électronique », a-t-il cité.
En outre, d’après M. Salissou Chaibou, il y a lieu de noter que la somme de 68 000 000 de FCFA et des fortes sommes en devises étrangères ont également été saisies sur des membres de la garde présidentielle et d’anciens membres de la garde rapprochée du président déchu, tous impliqués dans le projet d’exfiltration.
S’agissant de la maison devant servir de point de ralliement sise au quartier Tchangarey, elle a été identifiée comme étant la propriété de Monsieur Ben Hamaye, un ancien membre de la garde rapprochée de Bazoum. Celui-ci a opposé une résistance farouche à son interpellation en ouvrant le feu sur les éléments des FDS, blessant grièvement l’un d’entre eux. Une perquisition des lieux a permis de découvrir et de saisir un certain nombre d’effets dont des armes à feu (un pistolet automatique et un fusil AK47), des chargeurs et des munitions.
Par ailleurs, le procureur a précisé qu’il a été relevé sur place la présence d’un groupe de charlatans en plein travail. « Il est à noter que l’épouse du nommé Ben Hamaye, le cerveau présumé des opérations, a été isolée du monde extérieur par ce dernier pour éviter toute fuite ou dénonciation. D’ores et déjà vingt et trois (23) personnes civiles et militaires ont été interpellées », a rapporté le procureur.
Hamissou Yahaya (ONEP)