La pêche est l’une des activités principales pratiquées Tillabéri, la région du fleuve. En effet, dans cette région, la pêche se pratique sur 450 km du fleuve Niger et ses sept (7) affluents notamment le Gorouol, le Dargol, la Sirba, le Gouroubi, le Diamongou, la Tapoa et le Mékrou, en plus des 208 mares dont 98 permanentes et les 21 retenues artificielles d’eau que compte la région.
Selon la Direction régionale de l’Environnement et de la lutte contre la désertification, la région du fleuve abrite environ 1.459 pêcheurs, 129 mareyeurs et 670 mareyeuses. Aussi, la pêche occupe une place prépondérante sur le plan socioéconomique dans cette région où les retombées financières de cette activité sont estimées à plus de 2 milliards de FCFA par an. La pêche est également d’un grand apport en protéine pour les ménages.
Selon Mahamadou Hassane, un pêcheur, le prix du kilogramme de poisson frais varie selon l’espèce. En effet, le kilogramme de silure coûte de 500F CFA à 1.000Franc CFA ; et celui du capitaine, de 2.000F CFA à 2.500F CFA. «Avec la pêche, j’arrive vraiment à subvenir à mes besoins et ceux de ma famille, car par jour, je peux gagner jusqu’à 5.000F CFA. Mais notre seul obstacle en tant que pêcheur c’est les hippopotames qui nous empêchent de bien faire notre travail», a-t-il notifié.
Les femmes sont un autre maillon important dans cette activité. Ce sont elles qui s’occupent pour l’essentiel de la vente du poisson pêché. «Nous revendons à 4.000F CFA le kilogramme du capitaine que nous achetons entre 2.000 F CFA et 2.500F CFA chez les pêcheurs. Quant au kilogramme de carpe, son prix varie de 2.250F CFA à 2.500F CFA ; le kilogramme de silure ; et de certaines espèces de 1.000F CFA à 1.250F CFA», confie Mme Fati Oumarou, présidente des revendeuses de poisson de Tillabéri. Elle précise cependant qu’en cette période où, le poisson se fait un peu rare à cause du froid, les clients se plaignent de la cherté du produit.
«Mais, en période de chaleur, le poisson est abondant et coûte moins cher, seulement nous sommes confrontées à un problème de conservation», a ajouté Mme Fati Oumarou. Toutefois, la pandémie de la Covid-19 ainsi que, l’insécurité qui sévit dans la région a considérablement diminué l’afflux des clients qui proviennent d’ailleurs. «Aujourd’hui notre clientèle est essentiellement locale», a relevé la présidente des revendeuses de poisson de Tillabéri avant de lancer un appel aux autorités locales, pour une réduction de la taxe annuelle de 10.000F CFA payée par les revendeuses.
Selon le Directeur régional de l’Environnement et de la lutte contre la désertification, le Colonel Oumarou Magagi Issoufou, les superficies des points d’eau exploités au niveau de la région sont importantes. «Parmi les 39 mares que compte ce département, seule la superficie de la mare d’Aboka n’a pas été déterminée dans le rapport DDE/SU/DD. Ainsi, les 38 autres mares de Kollo couvrent environ 401,13 ha», a-t-il indiqué.
Le Directeur régional de l’Environnement d’expliquer que, pour ce qui est du département de Ouallam, la plupart des mares sont formées sur une vallée qui coule en provenance du Mali et traverse les communes de Tondikiwindi, Ouallam et Simiri pour se jeter dans le fleuve Niger. «Aussi, a-t-il dit, la région de Tillabéri est dotée de 21 retenues artificielles d’eau réparties dans les départements de Téra, Say, Kollo, Filingué et Ouallam».
De même, le Colonel Oumarou Magagi Issoufou a souligné qu’on enregistre dans la région de Tillabéri, près de 112 espèces de poissons dans les zones humides. «La production piscicole de la région est difficilement quantifiable, faute de moyens de statistiques adéquats», a-t-il notifié.
Pour l’année 2021, les statistiques parvenues font état d’une production estimée à 1.162,295 Tonnes de poissons toutes espèces confondues selon le Directeur régional de l’Environnement. Toutefois, «ces chiffres ne reflètent guère la production réelle, car en termes de production contrôlée, seuls Téra, Gothèye, Say, Ayorou et Tillabéri disposent d’infrastructures de pesée»,a-t-il précisé.
Le Colonel Oumarou Magagi Issoufou a par ailleurs indiqué que pour appuyer ce secteur, l’Etat et ses partenaires déploient des efforts appréciables dans l’empoissonnement des points d’eaux, la formation et l’équipement des pêcheurs. «Mais beaucoup reste à faire pour couvrir l’ensemble des acteurs», a-t-il reconnu.
En effet, pour le Directeur régional de l’Environnement, le développement du secteur de la pêche dans la région du fleuve, nécessite l’intensification de la lutte contre l’ensablement et la colonisation des plans d’eaux par des espèces végétales envahissantes. «Il convient également d’élaborer des plans d’aménagement des points d’eaux de la région, d’effectuer des campagnes de sensibilisation pour le développement de la filière production piscicole et de développer la filière production aliment poisson», a-t-il affirmé.
Le colonel Oumarou Magagi Issoufou de souligner que des missions de sensibilisation et d’explication de la loi portant sur la pêche ont été entreprises auprès des pêcheurs dans tous les départements. Il a souligné que la délivrance de permis de pêche (qui coûte 10.000F CFA par an) est en baisse à l’échelle de la région. «Cette situation peut s’expliquer non seulement du fait de l’insécurité mais aussi en raison du manque de moyens adéquats pour mener les opérations de police forestière sur le fleuve», a-t-il conclu.
Par Mahalmoudou Touré Maïmouna ANP/ONEP- Tillabéri