Le transport occupe une place importante dans la vie des habitants des milieux urbains. A Niamey, le besoin en matière de transport augmente de manière considérable. Pour répondre à cette demande plusieurs moyens sont utilisés : il y a les taxis, mais aussi les véhicules de transport en commun, appelés communément « Faba-Faba » expression qui décrit le caractère salutaire de ce genre de moyens de transport ; les motos taxis « Kabou-Kabou », etc. Mais l’un des moyens de transport les plus anciens, à Niamey c’est cette catégorie de véhicules communément appelés « Lazaret-Lazaret » du nom à l’époque d’un quartier périphérique de Niamey. Ces véhicules sont aussi appelés Kongou-Frein signifiant ‘’sans frein’’, car ils ont pour câble de frein, une corde de palmier. A l’unique gare réservée à ces doyens du transport en commun à Niamey, on compte aujourd’hui une vingtaine de voitures encore en circulation. Avec une capacité de chargement de 18 personnes, les « Kongou-Frein » font 6 voire 8 tours par jour sur l’axe Katako-Lazaret.
Les véhicules de transport en commun appelés « Lazaret-Lazaret » ou « Kongou-Frein », sont de marque Peugeot, modèle Pick-up. Malgré leur état de vieillissement avancé, ces véhicules sont retapés et réformés pour leur donner une forme unique à eux. Les modifications qui sont faites par des soudeurs locaux, permettent de renforcer ces véhicules de manière à ce qu’ils puissent prendre assez de passagers et de bagages.
Selon Laouali Garba, chef de ligne Lazaret-Lazaret, ce type de transport a vu le jour dans les années 1970. C’était pour desservir exclusivement l’axe Katako-Lazaret-Koira Tégui. « Au début, c’était à 25F CFA par passager. Avec le temps le prix de transport est passé à 100FCFA par passager. Du fait de l’avènement des mini-bus appelés Faba-Faba, les véhicules Lazaret-lazaret se limitent sur l’axe Katako- Lazaret. A l’époque la concurrence n’était pas aussi rude. C’était une concurrence légère entre les conducteurs de taxis ordinaires et ceux des Lazaret-Lazaret », explique Laouali Garba.
Le travail obéit à une certaine organisation. « On s’organisait de manière régulière afin de permettre à chacun d’entre nous de trouver son compte. C’est la même méthode qui continue. Tous les matins, les conducteurs s’enregistrent auprès d’un secrétaire qui coordonne les tours. Pour chaque véhicule dont c’est le tour, l’apprenti-chauffeur s’occupe d’orienter les clients. En fin de journée, chaque conducteur verse une modeste somme de 50FCFA pour les deux personnes qui s’occupent de la gare » confie-t-il.
Le matin, au moment où les gens viennent massivement au marché Katako, tout comme au crépuscule lorsqu’ils repartent, tous les chauffeurs des « Kongou-Frein » s’activent. Certains enchainent deux aller-retour, d’autres trois. Tout dépend de l’état mécanique du véhicule.
Les opportunités que ce métier offre à ceux qui l’exercent, sont très peu en termes de revenus. Dans la plupart des cas, les profits qu’ils tirent à la sueur de leur front, retournent dans l’entretien des véhicules. « Ce n’est pas un métier qui peut permettre de se réaliser, on ne cherche qu’à subvenir à nos besoins quotidiens. Avant, nous avions une caisse de cotisations pour assister les collègues en situation précaire. Maintenant, la caisse a disparu, mais l’esprit de solidarité reste le même » a dit le chef de ligne Lazaret Lazaret.
Avec l’enclavement et la modernisation qui caractérise la ville de Niamey, et face à la disparition progressive de vieux modèles de voiture, M. Laouali Garba dit que les transporteurs envisagent d’introduire un autre type de véhicule afin d’être dans l’air du temps. « L’idée de trouver un nouveau moyen de transport n’est pas avancée parce que, le modèle résiste encore, les pièces de rechange ne sont pas difficiles à trouver. Et la part du marché de Lazaret-lazaret est maintenue ; nous sommes convaincus, que ce type de transport disparaitra un jour, mais les alternatives ne manqueront pas pour desservir l’axe Katako-Lazaret » estime M. Laouali Garba.
Une passagère du nom de Nafissa confie qu’elle habite à Lazaret non loin de l’arrêt des véhicules ‘’Lazaret-Lazaret’’. Pour elle c’est difficile, voire même impossible de rompre avec ce moyen de transport. Nafissa rapporte que ces véhicules leur viennent beaucoup en aide. « Ça fait plus de 11 ans que j’emprunte ces véhicules en aller et retour. Avec 100FCFA, on t’amène jusqu’à destination, soit 200F CFA en aller-retour. Vraiment ces gens nous viennent beaucoup en aide. Ces véhicules là nous transportaient à un moment où, les routes étaient carrément impraticables. Actuellement y a des taximen qui ne partent pas à Lazaret à cause des problèmes d’accès », précise cette cliente des Kongou frein.
Abdoul-Aziz Ibrahim Souley