
Des Faba-Faba stationnés en quête de passagers
Serrer comme dans une boîte à sardines, avec une odeur méphitique, dans des véhicules complètement usés, avec souvent des arrêts intempestifs, c’est le quotidien de ceux et celles qui empruntent les transports en commun à Niamey communément appelé « Faba-Faba ». Malgré tout le dérangement, ils sont nombreux les Nigériens à les emprunter chaque jour pour leur va-et-vient dans la capitale nigérienne.
Les Faba-Faba qui signifie « aider » en langue nationale zarma ont la côte auprès des habitants de la capitale. En effet, ils proposent les tarifs les plus bas parmi les prestataires de transport des personnes, de 100F à 200F la course selon la distance. On en compte des centaines dans la ville qui desservent principalement à partir de 4 pôles (Petit marché, Grand marché, Marché de Katako et Marché de Wadata), une vingtaine de quartiers de Niamey.
En cette matinée de mois de Mai 2024, au niveau du Rond-point francophonie, la circulation est dense, une longue file de véhicules et de motos s’étalent sur une centaine de mètres ; il est 8h moins le quart et les gens se précipitent pour se rendre à leurs lieux de travail. Aux abords du goudron, non loin du carrefour, se tiennent plusieurs personnes. On aperçoit des élèves, des hommes et des femmes, des vendeurs de café, des vendeuses de beignets et quelques mendiants. Il s’agit en fait d’un point d’arrêt pour les Faba-Faba. Aussitôt le prochain Faba-Faba à l’arrêt, les gens se bousculent pour monter à bord. Ali Daouda, un jeune homme d’une trentaine d’années, est un habitué de ces minibus. « Chaque jour depuis des années, je prends les Faba-Faba pour me rendre à mon travail ou pour mes déplacements. Les Faba-Faba sont une alternative indispensable pour se déplacer à moindre coût à Niamey », dit-il. Pour Hadjara Sani, assise à côté de ce jeune homme, « c’est le moyen de transport par excellence pour les plus démunis », affirme-t-elle. En face d’elle, deux jeunes habillés en tenue scolaire, soulignent que c’est vrai que c’est moins cher. « Mais un trajet dans un Faba-Faba n’est vraiment pas confortable, non seulement nous sommes compressées comme dans une boîte de sardines, mais en plus, il y a le remugle », précise la jeune élève.
Quelques centaines de mètres plus loin, assis tout près de la portière, l’apprenti, Bachir Sanda, tapote sur la carrosserie du minibus et directement, le chauffeur s’arrête pour débarquer un client. En effet le trajet est rythmé par ce tempo, arrêt et embarquement ou débarquement des passagers tout au long du trajet. « L’objectif pour nous est de ramasser le maximum de personnes possible », indique l’apprenti.
« Ces arrêts intempestifs nous mettent le plus souvent en retard », déclare un client. « Je n’aime pas trop ces minibus car les chauffeurs sont souvent pressés et n’hésitent pas à prendre des risques pour gagner quelques jetons de plus », assure un autre passager.
Arrivé au Grand marché, terminus du trajet, tout le monde descend et le bus se gare pour embarquer de nouveau passagers et faire la navette. « Je fais en moyenne 10 à 15 allers-retours par jour. Je dessers principalement l’axe Grand marché – koira Tegui. C’est vraiment un axe stratégique car très fréquenté et sur lequel se trouve plusieurs quartiers, écoles et boulevards importants », indique Omar Taweye, chauffeur du minibus. Sur un autre axe, en partance pour la maison après des achats effectués au Grand marché, Inoussa Sarki, nous livre ses impressions : « J’habite au quartier Aéroport et je suis venu acheter des pièces car je suis réparateur de téléphone. Je peux faire en moyenne trois aller et retour par jour. S’il n’y avait pas les Faba-Faba, les déplacements auraient été difficiles pour bon nombre de personnes », dit-il.
Ousmane Nazir (stagiaire)