
Les volontaires de la circulation jouent ...
La sécurité routière, menacée à Niamey par les innombrables accidents de la route qui croissent d’année en année, appelle les uns et les autres à se poser des questions quant à la sécurité des enfants de très bas âge livrés à eux-mêmes pour se rendre à école. Des trajets qui, parfois, les obligent à traverser des voies goudronnées à des heures de pointe sans l’accompagnement d’un parent.
En effet, munis de leurs pancartes de signalisation, ces hommes en gilet tricolore que l’on peut rencontrer un peu partout dans la capitale, notamment sur les grandes artères et les devantures des écoles, se sont donné pour mission quotidienne de réguler la circulation pour frayer un passage sécurisé aux plus petits, en stoppant les automobilistes pour que ces enfants partent et reviennent à l’école sains et saufs.
Zourkaleyni est un homme, la trentaine bien sonnée, qui s’est donné pour tâche d’aider les enfants de l’école coranique à rejoindre l’autre bout de la route. Un travail qu’il fait gracieusement avec enthousiasme depuis un an avec l’ouverture de la mosquée du quartier sur le boulevard Tanimoune, non loin du rond-point Barré, en allant sur les « cent mètres ».
« Il est donc important que nous nous assurions de leur bien-être, à l’aller comme au retour, pour que les parents soient rassurés. À la descente de l’école, nous les accompagnons pour nous assurer qu’ils ont tous traversé la route de la manière dont aucun parent ne viendra dire qu’il n’a pas vu son enfant ou qu’un véhicule l’a renversé. Nous nous attelons à la tâche pour protéger leur droit et honorer la confiance que leurs parents ont placée en nous. Nous sommes deux, lorsque je suis absent, l’autre prend la relève. Les parents ne nous donnent rien, nous faisons ce travail pour Dieu », explique-t-il.

À des kilomètres de là, dans le quartier Yantala, à côté des camps militaires, se trouve Boubacar Abdoulaye, un autre qui, depuis dix ans, travaille d’arrache-pied pour aider les enfants et les vieilles dames à traverser cette voie large et bourrée de trafic. « Je l’ai commencé parce que des gens sont venus me voir, car c’est une voie que même les plus âgés craignent de traverser. Quand je suis assis ici, les vieilles dames viennent me voir pour que j’arrête les véhicules pour qu’elles puissent passer », indique-t-il.
Ainsi, cette situation de besoin et de sollicitation l’a poussé à se lancer dans ce travail pour aider les enfants à traverser et à préserver leur sécurité. « Parce qu’il y a des automobilistes qui ne s’arrêtent pas et même s’ils le font, les motocyclistes essaient de faufiler. Alors, il me faut m’interposer pour les arrêter jusqu’à ce que les enfants finissent de passer », précise-t-il.
Toutefois, M. Boubacar Abdoulaye se plaint du désintéressement de la mairie vis-à-vis de leur activité de volontariat car, raconte-t-il, il était parti à la mairie pour qu’elle lui fasse des papiers, mais il a essuyé une fin de non-recevoir. « Ça n’a pas abouti parce qu’ils m’ont imposé une condition impossible. De retrouver la toute première personne qui a commencé ce travail avant qu’elle me fasse les papiers. Je suis venu faire ma plaque et j’ai cherché un sifflet et un gilet et parfois des bonnes volontés m’offrent des gilets », déclare-t-il.
Malgré les aléas de son travail, l’homme assure n’avoir jamais eu de problème sur cette voie et aucun enfant n’a été victime d’accident. Mieux encore, les passants qu’il arrête l’encouragent et le gratifient occasionnellement. « À cause de ma bonne humeur, certaines personnes me font des gestes. Je travaille également au niveau du parking moto et auto du cimetière de Yantala. La mairie ne s’est jamais intéressée à moi et ne m’appuie en rien », conclu-t-il.
Hamissou Yahaya(onep)