Les sanctions cyniques de la Cedeao prises aux lendemains des évènements du 26 juillet 2023 ont cruellement impacté le vécu quotidien des populations nigériennes. Du fait de la fermeture injuste des frontières et de l’interdiction d’accès à nos marchandises au niveau de certains ports, les produits alimentaires de première nécessité ont connu une flambée des prix au-delà du supportable sur les marchés nigériens. Cette situation des plus ubuesques entretenue par la Cedeao dans sa tentative d’asphyxier le Niger n’a pas produit, pour ses commanditaires, les effets escomptés. Car, les autorités du Niger sous la férule du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP) ont vite pris le taureau par les cornes en utilisant le port de Lomé, et en réussissant avec l’appui des autorités sœurs du Burkina Faso à créer un corridor sécurisé pour ravitailler notre pays en produits alimentaires.
Au-delà de cette mesure courageuse et porteuse d’espoir pour les populations, le CNSP et le gouvernement ont mis en place sur l’étendue du territoire national une série d’opérations de vente de céréales à prix modérés. C’est à l’occasion du festival « Dokin Iska Dan Filingué » à Filingué que le Premier ministre Ali Mahaman Lamine Zeine a procédé au lancement national de ces opérations de vente de céréales à prix modérés dans le cadre du plan national de réponse à l’insécurité alimentaire. Et au niveau régional, le coup d’envoi a été donné par les Gouverneurs.
Vente des céréales dans les huit régions du pays
La première phase de l’opération vente de céréales à prix modérés au titre de la région de Dosso a été lancée à Fada Zéno dans la commune urbaine de Dosso. Ce sont 2.430 tonnes de céréales et 375 tonnes de sucre qui ont été mis en vente auprès de 24.300 ménages soit 170.000 personnes réparties dans les 43 communes de la région de Dosso. Car Dosso a été déficitaire dans plusieurs de ses localités. L’objectif de cette opération de vente de céréales à prix modérés est d’assurer la disponibilité de ces denrées et de les rendre accessibles aux populations vulnérables suite au déficit alimentaire particulièrement dans les zones les plus reculées mais aussi de favoriser la régulation des prix des denrées de première nécessité dans les zones vulnérables pour éviter toute spéculation.
La vente s’est faite à l’unité de mesure locale et s’est étalée dans le temps pour favoriser la régulation des prix et permettre aux plus démunis d’y accéder facilement. Au niveau de chaque centre de vente, un comité a été mis en place. Le sac de 100 kg a été vendu à 13.000 francs CFA contre 30.000 francs sur le marché. Une marge appréciable qui démontre clairement le souci du CNSP et du gouvernement de prendre en charge cette préoccupation majeure de nos populations rurales.
A Diffa, une planification globale de vente de 120.000 tonnes de céréales a été faite au profit des populations vulnérables en 7 phases de vente de mars à septembre 2024. La 1ère phase 2024 de l’opération a concerné 7 communes de la Région pour 500 tonnes toutes céréales confondues soit 5.000 ménages pour 35.000 personnes bénéficiaires. Quelques 20.000 tonnes de céréales ont été vendues à environ 200.000 ménages soit 1.400.000 personnes par mois dans la Région.
A Agadez, l’opération a touché à terme 8 000 ménages totalisant plus de 56 000 personnes dans les six (6) départements. Une initiative bien accueillie et saluée par les populations satisfaites de la démarche du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie, qui a su répondre aux préoccupations des Nigériens dans leur ensemble avec l’élaboration et la mise en œuvre du programme de résilience pour la Sauvegarde de la Patrie. II importe de noter qu’à l’issue de cette première phase de vente à prix modéré des céréales, qui a coïncidé avec le mois béni de Ramadan, 800 tonnes de céréales ont été mises en place et vendues dans les différents centres principaux et secondaires des quinze communes urbaines et rurales que compte la région d’Agadez. C’est ainsi que la vente de ces 800 tonnes s’est effectuée en détail sur chaque centre par un comité mis en place à travers un acte administratif pris par chacun des Préfets des six (06) départements.
Cette opération de vente de céréales à prix modérés a aussi été conduite dans les règles de l’art, aussi bien à Maradi, Zinder, Tahoua, Tillabéri qu’à Niamey.
Du riz à prix modéré : 13.500FCFA le sac
En plus, sous l’impulsion du Président du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie, Chef de l’État, le Général de Brigade Abdourahamane Tiani, l’Office des Produits Vivriers du Niger (OPVN) a initié une vaste opération de vente à prix modéré du riz dénommée ‘’vente Zantchen Kassa, Labu Sanni’’, une opération à travers laquelle l’OPVN a vendu le sac du riz de 25 KG à 13 500 FCFA au lieu de 17.000 sur le marché. Une dizaine de sites ont été identifiés et approvisionnés en riz au niveau de Niamey pour permettre aux populations de la capitale de s’en procurer. C’est une réponse à la cherté du prix du riz imposé par les commerçants grossistes sur le marché. Ce geste vise surtout à soutenir les ménages les plus vulnérables à travers la disponibilité et l’accessibilité du riz aux consommateurs.
Lors du lancement de cette opération, le ministre du Commerce et de l’Industrie, M. Seydou Asman a expliqué que ce riz est acquis par l’État nigérien et mis à la disposition de la population à un prix étudié soit 13 500 FCFA. Cette opération a concerné également les autres régions du Niger et l’ensemble du territoire national. « L’opération se poursuivra tant que la disponibilité du stock ne fera pas défaut. Conformément à son rôle régalien de soutenir la population, l’Etat continuera à aider celle-ci et restera aux côtés du peuple », a-t-il assuré.
Vente à prix modéré des aliments bétail
Au programme de vente de céréales à prix modéré, s’ajoute un programme de vente des aliments bétail à prix modéré. Dans la région de Diffa par exemple l’Etat a autorisé la vente de 4.900 tonnes d’aliments pour bétail dont 300 tonnes de luzerne enrichie au maïs. Ces aliments pour bétail sont destinés aux seuls éleveurs et des instructions ont été données pour que cette directive des autorités soit scrupuleusement respectée. Le cheptel de cette région est estimé à 5.634.226 têtes toutes espèces confondues correspondant à 2.608.010 UBT en 2024. Malheureusement les déficits fourragers récurrents de ces dernières campagnes pastorales ont sérieusement affecté les éleveurs et leurs animaux. Les résultats de l’évaluation de la campagne pastorale 2023-2024 font ressortir un déficit fourrager de plus de trois millions (3.000.000) tonnes de matière sèche, correspondant à 68 % des animaux de la région en insécurité alimentaire.
Dans la région d’Agadez, l’opération vise également à faire face au déficit fourrager enregistré à la suite de la campagne pastorale de l’année dernière, mais aussi et surtout pour prévenir les éventuelles crises pastorales à la veille de l’installation de la campagne 2024-2025. Car, au sortir de la campagne pastorale 2023, la Région d’Agadez, avec une superficie exclusivement pastorale et un cheptel riche et varié, (respectivement estimés à 4.356.364 hectares et 2.171.655 têtes de bétail, soit près de 550.000 UBT) a enregistré un bilan fourrager déficitaire de l’ordre de 397 000 Tonnes de matières sèches, mettant ainsi plusieurs milliers d’unités bétail Tropical [UBT] en insécurité alimentaire chronique ou sévère pour la plupart. Pour faire face à cette situation une vaste opération de vente à prix modéré d’aliments pour bétail a été initiée en vue de sauvegarder les moyens d’existence d’environ 7.500 ménages pastoraux bénéficiaires issus des zones vulnérables à risque en raison d’une dotation annuelle de 450 kg d’aliments bétail par ménage possédant en moyenne 3 à 5 UBT; de répondre aux besoins d’appui à la production de 10 % des femelles reproductrices pendant la période de soudure ; et de stabiliser les prix des aliments bétail sur l’ensemble des marchés de la Région, grâce à l’accroissement de la disponibilité et de l’accessibilité des intrants zootechniques aux éleveurs.
Oumarou Moussa (ONEP)