
Les enquêteurs ainsi formés permettront d’améliorer les interventions du projet
Dans un contexte où la lutte contre les mariages d’enfants et les grossesses précoces reste un défi majeur pour la région de Zinder, la formation des enquêteurs dans le cadre de l’évaluation de base du projet Re-IMAGINE a été officiellement lancée le 26 juin dernier à Zinder. L’événement est placé sous le signe de l’engagement communautaire, de la rigueur scientifique et de l’espoir pour l’avenir des filles nigériennes. Ce projet vise à renforcer l’accès à l’éducation, à développer les compétences des adolescentes et à créer un environnement propice à leur épanouissement. La cérémonie d’ouverture a réuni des représentants du gouvernement, de CARE Niger, de GRADE Africa, ainsi qu’une trentaine d’enquêteurs et formateurs venus des différentes communes du district de Mirriah, zone ciblée par le projet.
Le Chef de l’antenne régionale de GRADE à Zinder, M. Harouna Oumara Mohamed a souligné l’importance cruciale de cette formation, point de départ d’une démarche rigoureuse d’analyse sociale et de collecte de données, indispensable pour orienter efficacement les interventions du projet Re-IMAGINE. « En tant qu’enquêteurs, vous êtes les premiers ambassadeurs du projet sur le terrain. La qualité de votre travail de collecte sera déterminante pour orienter les décisions, évaluer les besoins réels et mesurer les impacts futurs », a-t-il insisté.
Le Directeur Exécutif de GRADE Africa, M. Nouhou Abdoul-Moumouni a, pour sa part, rappelé la mission de son organisation engagée dans la promotion du leadership local et l’utilisation de l’évidence dans les politiques sociales. Il a déploré les taux alarmants de mariages précoces, de grossesses chez les adolescentes et de déscolarisation des filles, particulièrement dans la région de Zinder, avant de souligner que « cette étude vise précisément à comprendre les dynamiques sociales et à proposer des solutions durables et localement adaptées. ». M. Nouhou Abdoul-Moumouni a également exprimé sa gratitude envers les autorités régionales et locales dont la collaboration est, selon lui, essentielle pour inscrire ce projet dans une dynamique de changement durable. Il a enfin appelé les enquêteurs au professionnalisme, à l’éthique, mais aussi à la sensibilité face aux réalités des communautés vulnérables.
Quant à la cheffe service de la Promotion de la Femme et de la Protection de l’Enfant de Zinder, Mme Abdoulaye Rabi, elle a dressé un tableau sans complaisance de la situation des filles dans la région. « Nous faisons face à des taux parmi les plus élevés au monde en matière de mariages d’enfants, de grossesses précoces, mais aussi d’abandon scolaire », a-t-elle rappelé. Fière des efforts entrepris localement, notamment par les leaders coutumiers de Mirriah qui ont interdit les mariages avant 16 ans dès 2018, Mme Abdoulaye Rabi a salué l’appui de CARE et de GRADE Africa dans la mise en œuvre de solutions concrètes. Elle a également mis en exergue l’importance de cette phase d’évaluation pour mieux cerner les réalités de terrain : « Derrière chaque chiffre, chaque réponse, il y a une vie, un destin, une opportunité de transformation », a-t-elle dit. « Cette session de formation marque ainsi un tournant décisif dans le lancement opérationnel du projet dans la région de Zinder. Si les défis sont immenses, l’engagement des acteurs présents, la clarté des objectifs et la volonté manifeste des autorités à agir laissent entrevoir une lueur d’espoir pour les générations futures », a-t-elle ajouté.
Notons que le projet Re-IMAGINE, porté par CARE et financé par la Fondation Bill & Melinda Gates, s’inspire du précédent programme IMAGINE qui avait déjà fait ses preuves en matière d’autonomisation des filles et de lutte contre les mariages précoces.
Rabiou Dogo, ONEP Zinder