
Mme Halima Hamidou
Les femmes vivant en milieu rural jouent un rôle essentiel dans les transformations économiques, environnementales et sociales nécessaires à un développement durable. Étant donné qu’elles constituent une part significative de la main-d’œuvre agricole à l’échelle mondiale, leur autonomisation est cruciale pour le bien-être des individus, des familles et des communautés rurales ainsi que pour la productivité économique mondiale.
Dans la commune de Liboré, les femmes travaillent aux côtés des hommes, s’investissant pleinement dans la production locale de riz, une activité qui n’est pas du tout repos. Mais, elles font preuve d’ambition, de détermination et ne se laissent jamais décourager dans leur engagement envers cette culture. Parmi elles, nous avons rencontré Mme Halima Hamidou, âgée de la quarantaine, une mère infatigable qui se distingue par son dévouement pour la riziculture. Portant le courage comme étendard, avec pour objectif d’améliorer les conditions de vie et de bien-être de ses proches, Halimatou prend, chaque levée du soleil, le chemin de la rizière, la plupart du temps avec les membres de sa famille.
En effet, à la lumière blafarde du matin, quelques personnes se rassemblent autour d’une bâche étalée sur le sol, à proximité des rizières. Sur cette bâche, du riz non trié est étalé, tandis que des femmes, vêtues de pagnes et de hijabs, portent des grands récipients remplis de riz paddy sur leurs têtes. Un homme situé derrière le groupe s’affaire à remplir un sac de 100 kg de riz paddy, tandis que les enfants, à proximité, ramassent la paille pour la mettre de côté. Des passants, sur leurs charriots chargés de paille, de sacs de denrées ou d’autres matériaux, saluent le groupe et les encouragent «Wa fonda goye», leur lancèrent-ils au passage. Sur ce lieu, le battage se fait avec un tonneau couché sur le flanc contre lequel les gens tapent les bottes d’épis pour séparer le grain des tiges et feuille du riz. Les femmes s’occupent du vannage. Une étape cruciale pour séparer les grains des impuretés.
Halima explique que la culture du riz commence par la préparation du sol. Avant la plantation, il est essentiel de retourner la terre pour la ramollir. Cette étape se compose en trois phases : le labour grossier, le labour fin et l’aplatissement. Ensuite, il convient de désherber et de lutter contre les parasites. Pendant la croissance des plants, les riziculteurs arrachent régulièrement les mauvaises herbes et parfois appliquent des pesticides pour combattre les parasites. Par la suite, l’irrigation et le drainage des champs sont des étapes importantes. Après toutes ces préparations arrivent le moment de la récolte qui se fait lorsque le riz atteint sa maturité, une maturité perceptible à travers le jaunissement des feuilles. Ce travail est réalisé à la main et de manière traditionnelle dans la commune de Liboré. On commence par couper les tiges de riz et ensuite les laisser sécher. « C’est un travail qui n’est pas du tout facile. Il demande de la force et de l’énergie », a-t-elle mentionné.
Les impuretés enlevées lors du vannage du riz paddy provoquent des démangeaisons lorsqu’elles entrent en contact avec la peau humaine. Pour Halima, les femmes rurales participent activement au développement socio-économique du pays, chacune à leur manière, tout en poursuivant leur émancipation personnelle. « Nous sommes des femmes. Nous sommes à la fois dans le jardinage, la riziculture, l’agriculture et nous nous retrouvons parfois dans l’élevage et même dans le commerce. Nous ne sommes pas des hommes, mais nous faisons des efforts pour assurer notre autonomisation », a confié Halima Hamidou.
Bien qu’elles représentent une part significative de la population, les femmes rurales figurent parmi les plus défavorisées financièrement en dépit des initiatives prises par l’État et ses partenaires pour réduire la pauvreté en zone rurale. Force est de constater qu’il reste encore de nombreux défis à relever. Les femmes rurales font de leur mieux pour maintenir le suivi et l’harmonie au sein de leurs familles. « Notre production ne nous permet pas d’avoir une récolte très abondante en raison des outils et techniques archaïques encore utilisés dans l’agriculture et dans la riziculture. Malgré tout, nous arrivons à produire. Les terres sont lessivées. Elles ne sont pas bien entretenues. Nous n’avons pas les moyens de nous procurer de l’engrais de qualité qui facilite la croissance des plants », a-t-elle énuméré.
Dans toutes les facettes de la vie, les femmes assument des responsabilités conjugales, maternelles, familiales et communautaires qui ne sont pas forcément associées à des droits ou à une reconnaissance. Cette charge autant physique que mentale et émotionnelle, limite leur accès à la participation sociale et entrave leur épanouissement personnel. Néanmoins, grâce aux diverses initiatives et sensibilisations visant à promouvoir l’émancipation et l’autonomisation des femmes, celles vivant en milieu rural s’efforcent d’atteindre leur indépendance. Cependant, elles se heurtent à des spécificités différentes de celles des femmes urbaines. Dans la commune rurale de Liboré, plusieurs foyers vivent de la culture et de la transformation du riz local, une activité présente depuis longtemps. Les femmes sont impliquées dans le tri, le vannage et parfois l’empaquetage, parfois pour une rémunération modeste.
Fatiyatou Inoussa (ONEP), Envoyée spéciale