
M. Yabilan Maman
Monsieur le Coordonnateur, quelles sont les raisons qui ont présidé à la conception du Projet Intégré de Développement Urbain et de Résilience Multisectorielle (PIDUREM) ?
Depuis une décennie, le Niger fait face chaque année à des inondations, dues essentiellement à la variabilité climatique, la pression démographique dans les centres urbains et les problèmes structurels de l’urbanisme et de l’aménagement du territoire. Comme de nombreuses municipalités urbaines nigériennes ne sont pas prêtes à relever systématiquement les défis multisectoriels auxquels elles sont confrontées, suite aux inondations désastreuses de 2020, le Gouvernement du Niger a requis auprès de la Banque Mondiale un soutien pour accroître la résilience des municipalités aux inondations et améliorer leur capacité de gestion urbaine et de fourniture de services. C’est ainsi que le PIDUREM a été élaboré et approuvé le 9 juin 2022 pour un montant 250 millions de dollars, soit environ 140 milliards FCFA au moment de la signature de l’accord de financement.
Qu’est ce qui explique le choix de certaines municipalités au lieu de toutes celles qui existent au Niger dans la réalisation des infrastructures dans le cadre de la mise en œuvre du PIDUREM ?
Le projet est mis en œuvre dans 25 municipalités, dont 14 recevront à la fois des investissements en matière d’infrastructures et une assistance technique. Les municipalités concernées : communes urbaines d’Agadez, Diffa, Dosso, Gaya, Tessaoua, Kollo, Say, Téra, Tillaberi , Illéla et les Villes de Maradi, Niamey, Tahoua Zinder. Les autres municipalités ne recevront qu’une assistance technique (Tchirozérine, Mainé Soroa, Dogondoutchi, Guidan Roumdji, Tibiri-Maradi, Birnin Konni, Keita, Gothèye, Magaria, Mirriah, et Tanout).
La couverture géographique a été déterminée par un processus de sélection pertinent pour répondre aux priorités du gouvernement et sur la base de 3 critères principaux : Vulnérabilité aux aléas climatiques ( le Degré vulnérabilité à l’insécurité alimentaire, impacts des inondations de 2020, Exposition à la Sécheresse) ; Situation de fragilité ( l’indice de pauvreté, Importance des populations déplacées du fait de l’insécurité civile ou des catastrophes soudaines et exposition de la commune à l’insécurité civile du fait des attaques armées) ; capacité, poids et potentiel des communes ( Importance de la population de la commune, niveau de mobilisation des ressources propres et le potentiel économique). C’est sur la base de ces critères que les 25 municipalités citées plus haut ont été identifiées. Il faut dire aussi, que l’un des soucis qui a guidé ce choix restreint relève de la nécessité d’éviter de saupoudrer les investissements et de les concentrer dans des sphères restreintes afin de mieux apprécier les impacts.
Des chantiers sont actuellement en cours de réalisation dans les grandes villes des régions du Niger ; ces travaux pourront-ils être finalisés avant le moment des grandes pluies qui occasionnent des inondations ?
Effectivement, comme vous le dites, à Niamey les travaux porteront sur la réalisation de 30 371 mètres linéaires (ml), soit plus de 30 km de chaussées drainantes, de collecteurs et de chaussées bitumées répartis dans l’ensemble des 5 arrondissements communaux. Au niveau des régions, ces travaux porteront sur un linéaire global de 23 150 ml de caniveaux, collecteurs, chaussées drainantes, de koris et ravins. Les travaux sont très avancés. Les gros œuvres assurant le drainage seront terminés avant l’installation effective des pluies. Les travaux connexes tels que la confection et la mise en place des dalettes peuvent se poursuivre même pendant l’hivernage.

Y a-t-il des obstacles qui ralentissent la bonne exécution de ces chantiers de voirie urbaine ?
Il est très difficile d’exécuter ce genre de chantier sans heurts. Cependant, les travaux se déroulent normalement sans beaucoup d’entraves insurmontables. C’est l’occasion ici de remercier les riverains à Niamey comme à l’intérieur du pays pour leur patience et leur accompagnement dans certains cas. Les difficultés jusque là relevées se rapportent à la libération précoce des emprises pour les travaux pour les quartiers encombrants comme Talladjé, Ferrailles, KI 30, malgré le dédommagement des personnes impactées et le déplacement des réseaux des concessionnaires comme la NDE, Niger Télécoms et les autres compagnies de téléphonie dont les réseaux partagent les mêmes emprises que les travaux en cours.
Quand on prend le cas de la Ville de Niamey, les besoins sont énormes en termes d’infrastructures de voirie ; alors, qu’est ce qui explique le fait que seules quelques voies sont concernées par les travaux en cours ?
C’est vrai. Les défis sont importants à Niamey en termes de voiries. L’étude diligentée par le projet a porté sur 55 km de voirie et d’ouvrages de drainage. Toutefois, il faut préciser que notre programme a priorisé les grands bassins d’inondations de la ville de Niamey sur un linéaire de 30,3 km sur la base des ressources disponibles au niveau de la rubrique.

M. le Coordonnateur, quelles sont les perspectives concernant l’extension des activités du PIDUREM pour permettre l’accès aux services de base aux villes secondaires et aux plus petites localités du Niger ?
Bonne question ; comme vous le savez, les principaux bénéficiaires du projet sont les populations urbaines, y compris les communautés les plus vulnérables qui vivent dans les zones urbaines et périurbaines. Aussi, activons-nous pour que cette phase qui arrive à terme officiellement en novembre 2028 remplisse son contrat. De la réussite de cette phase dépendra l’extension des activités à d’autres localités notamment les 11 autres communes qui bénéficient déjà de l’assistance technique en termes de renforcement de capacités et d’outils de planification en vue de les préparer à recevoir des investissements physiques éventuels.
Interview réalisée par Souley Moutari (ONEP)