
Lors du Conseil des Ministres du 19 juin 2025
Le Conseil des Ministres s’est réuni ce jour, jeudi 19 juin 2025, dans la salle habituelle des délibérations, sous la présidence de Son Excellence, le Général d’Armée ABDOURAHAMANE TIANI, Président de la République, Chef de l’Etat, Président du Conseil des Ministres. Le Conseil des Ministres, après examen des points inscrits à son ordre du jour, a pris les décisions suivantes :
I. AU TITRE DU MINISTERE DES MINES.
Le Conseil des Ministres a adopté le Projet d’ordonnance portant nationalisation de la Société des Mines de l’Aïr (SOMAÏR SA).
La Société des Mines de l’Aïr (SOMAÏR) créée le 02 février 1968 a démarré l’exploitation de l’uranium depuis 1971 à Arlit dans la Région d’Agadez est une Société Anonyme de droit nigérien avec Conseil d’Administration au capital social de quatre milliards trois cent quarante-huit millions neuf cent mille (4.348.900.000) francs FCA détenu à 63,40% par Orano et à 36, 60% par SOPAMIN.
La SOMAÏR a pour objet social l’exploitation de l’uranium et des substances connexes sur les périmètres situés dans la Concession d’Arlit attribuée pour une durée de soixante-quinze (75) ans.
La dernière Convention minière en date était arrivée à expiration le 31 décembre 2023.
De 1971 date de démarrage des activités à 2024, la production cumulée de cette mine d’uranium est de 81 861 TU. La production commercialisée est de 80 518 TU repartie comme suit :
– Orano a enlevé 86,3% de la production totale commercialisée ;
– SOPAMIN a commercialisé 9,2 % de la production totale commercialisée.
Selon l’entente faite par les actionnaires, l’Uranium produit par la SOMAÏR est enlevé par les actionnaires au prorata de leurs participations respectives. Mais les chiffres mentionnés au précédent paragraphe sont très loin de refléter, comme on le constate, cette règle de partage.
En plus, depuis les évènements du 26 juillet 2023, Orano a entrepris plusieurs actes visant à arrêter les travaux d’exploitation au niveau de la SOMAÏR. Ainsi :
– elle a fait rapatrier tous les ressortissants Français travaillant à SOMAÏR, abandonnant ainsi leurs postes sans préavis ;
– lors de plusieurs sessions de Conseils d’Administration Extraordinaires, Orano a tenté, à travers ses représentants, de prendre la décision d’arrêter la production de la SOMAÏR ;
– depuis la tenue du Conseil d’Administration de décembre 2024, Orano a annoncé avoir perdu le contrôle de la SOMAÏR et a par la suite porté plainte contre l’Etat du Niger devant le CIRDI, le 20 janvier 2025 ;
– le 04 décembre 2024, Orano a déconnecté le système informatique de la SOMAÏR du réseau global du Groupe, ce qui l’a rendu non opérationnel et a résilié toutes les licences sans préavis ;
– Orano a même tenté de vendre ses parts dans la société.
Outre tous ces actes irresponsables, Orano, actionnaire majoritaire de la SOMAÏR a mené plusieurs campagnes d’intoxication pour créer des problèmes entre la société, ses fournisseurs, ses clients, ses sous-traitants et ses employés.
Par ailleurs, l’actionnaire Orano qui a exploité la mine de COMINAK de 1978 à 2021 a, depuis la fin de l’année 2024, décidé d’arrêter les travaux de réhabilitation du site de la COMINAK qui est en fin d’exploitation à partir du 31 mars 2021, en violation d’une exigence légale.
Face à ce comportement irresponsable, illégal et déloyal d’ORANO, société détenue par l’Etat Français, un Etat ouvertement hostile au Niger depuis le 26 juillet 2023 et soutenant le terrorisme dans le Sahel, l’Etat du Niger décide en toute souveraineté, de nationaliser la SOMAÏR.
Cette nationalisation va permettre une gestion plus saine et plus durable de la société et par conséquent, la jouissance optimale des richesses issues de leurs ressources minières, par les Nigériens.
Ainsi, par cette nationalisation, les actions et le patrimoine de la SOMAIR sont intégralement transférés, en toute propriété, à l’Etat du Niger.
Les détenteurs d’actions transférées à l’Etat bénéficient d’une indemnité en compensation des actions détenues dans le capital de la SOMAIR, en tenant compte de toutes les obligations légales qui leur incombent à l’échelle nationale notamment les frais de réhabilitation des sites miniers.
Le Conseil d’Administration de la SOMAIR est dissous et il est mis fin en conséquence au mandat des administrateurs.
En attendant le transfert effectif de la gestion de la société aux nouveaux responsables, la direction générale actuellement en place continue d’assurer la gestion de la société nationalisée.
II. AU TITRE DU MINISTERE DE L’ENERGIE.
Le Conseil des Ministres a adopté les projets de textes ci-après :
2.1. Projet d’ordonnance portant nationalisation de la Société Nigérienne d’Electricité (NIGELEC SA).
La NIGELEC est une Société Anonyme d’Economie Mixte ayant pour mission la production, le transport et la distribution d’électricité au Niger, dont le capital social est estimé à 76 448 870 000 F CFA, détenu par l’Etat Nigérien à plus de 99 % des actions. Les autres actionnaires sont :
– le personnel de la NIGELEC ;
– la Société Nigérienne de Banque (SONIBANK) ;
– l’Agence Française de Développement (AFD) ;
– la Banque Internationale pour l’Afrique (BIA-NIGER) ;
– les villes de Niamey, de Zinder, de Maradi et de Tahoua.
Entreprise stratégique par excellence, la NIGELEC a connu de multiples réformes en vue de la rendre plus performante, y compris des tentatives de privatisation dans les années 1990, sans grand succès.
La NIGELEC rencontre ainsi, depuis plusieurs années, des difficultés financières nonobstant des investissements de plusieurs milliards réalisés par l’Etat en vue de rétablir son équilibre financier. Elle affiche actuellement un déficit budgétaire qui affecte sa crédibilité à l’égard de ses créanciers, des investisseurs et de ses clients. En dépit de ce sombre tableau, la NIGELEC persiste à servir à son personnel des avantages exorbitants notamment un abattement de 90% sur leur consommation d’électricité, des cadeaux, une prime de treizième mois et une prime d’intéressement au résultat et des acomptes spéciaux.
Face à cette situation financière alarmante, l’Etat du Niger a décidé de procéder à la nationalisation de cette société, ce qui lui donnerait une plus grande maîtrise de la gestion et permettrait une meilleure orientation de la politique et des décisions en matière d’électricité.
Ainsi, par cette nationalisation, les actions et le patrimoine de la NIGELEC sont intégralement transférés, en toute propriété, à l’Etat du Niger.
Les détenteurs d’actions transférées à l’Etat bénéficient d’une indemnité en compensation des actions détenues dans le capital de la NIGELEC.
Le Conseil d’Administration de la NIGELEC est dissous.
2.2. Projet de décret portant adoption du Document du Compact Energétique National du Niger.
Le Compact Energétique désigne une série de plans et d’actions à mettre en œuvre pour développer et accélérer l’accès des populations aux services énergétiques, notamment l’accès à l’électricité et aux solutions de cuisson propre conformément à la Déclaration de Dar Es Salam.
L’objectif global est d’amener les pays du continent à s’entendre et à souscrire à un ensemble commun de mesures et de réformes nécessaires pour garantir l’accès de tous à des services énergétiques fiables, durables et modernes à un coût abordable d’ici 2030. Le compact énergétique national comprend les trois (3) axes suivants :
– accroître l’accès à l’électricité et à des solutions de cuisson propre ;
– augmenter la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique ;
– augmenter le montant des capitaux privés mobilisés pour la réalisation de projets structurants du secteur.
Les objectifs spécifiques visés sont :
– améliorer l’offre de production, de transport et de distribution d’énergie électrique ;
– augmenter l’accès à l’électricité à un rythme annuel de 14% pour atteindre un taux de 60% en 2030 ;
– augmenter l’accès à une cuisson propre à un rythme annuel de 12% d’ici 2030 ;
– augmenter la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique avec un objectif de 30% du mix, en 2030 ;
– booster les capitaux privés pour l’atteinte de ces objectifs.
Le présent projet de décret a pour objet l’adoption du document du Compact Energétique National comme document de référence pour l’accélération de l’accès aux services énergétiques dans notre pays.
III. AU TITRE DU MINISTERE DE L’EQUIPEMENT ET DES INFRASTRUCTURES.
Le Conseil des Ministres a adopté le Projet de décret déclarant d’utilité publique les travaux de réhabilitation de la RN4, Section Farié-Téra et de la RN1, Section Maradi-Zinder ainsi que les sites d’extraction des matériaux nécessaires à la réalisation des travaux.
Dans le cadre de la mise en œuvre du Programme pour la Refondation de la République et en exécution du Projet Corridor Économique Lomé-Ouagadougou-Niamey (PCE-LON) et du Projet d’Intégration et de Connectivité du Sud-Niger (PICSN), il est prévu la réhabilitation de la RN4, section Farié-Téra (112 km) et de la RN1, section Maradi-Zinder (247 km).
La réhabilitation de ces routes va entrainer l’empiètement sur des propriétés privées dans la traversée des localités concernées par les travaux, afin de dégager l’emprise des routes et de respecter les normes de construction en la matière.
Le présent projet de décret a pour objet de déclarer d’utilité publique les travaux de réhabilitation de la RN4, section Farié-Téra (112 km) et de la RN1, section Maradi-Zinder (247 km) afin d’engager la procédure d’expropriation conformément à la législation en vigueur.
IV. COMMUNICATIONS.
Le Conseil des Ministres a entendu trois (3) communications du Ministre de la Jeunesse et des Sports :
La première communication est relative à la semaine culturelle «AL ADA».
Après l’organisation réussie de la première édition de la semaine AL ADA tenue du 26 juillet au 03 août 2024, cette deuxième édition est prévue se tenir à la même période et aura pour objectif de contribuer à l’avènement d’un nigérien nouveau qui s’impliquera et participera pleinement de manière active au processus de développement socioéconomique et culturel du Niger.
Toutes les activités retenues sont bâties pour célébrer nos héros et/ou appeler à un radical changement de comportement à travers nos valeurs culturelles.
L’organisation de la semaine culturelle AL’ADA contribuera aussi entre autres à :
– sauvegarder et valoriser le patrimoine culturel national ;
– développer les sports et jeux traditionnels au Niger ;
– faire connaître le pays au plan géographique, économique et humain.
Cette deuxième édition verra aussi la participation des jeunes des deux autres pays de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) pour marquer notre engagement au lendemain de l’adoption des politiques sportive et culturelle communes des Etats de l’AES.
La deuxième communication est relative à la participation du Niger à la première édition des jeux de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) du 21 au 28 juin 2025 à Bamako au Mali.
L’initiative d’organiser la première édition des jeux de l’Alliance des Etats du Sahel à Bamako consiste à favoriser l’intégration entre les jeunes des pays membres et contribue au développement de leur esprit patriotique en matière de sport. Elle s’inscrit dans la vision commune des Chefs d’Etats des pays membres de l’AES.
La troisième communication est relative à la tenue du premier forum de la jeunesse de la Confédération des Etats du Sahel qui aura lieu à partir du 27 juin 2025 au Centre International de Conférences MAHATMA GANDHI de Niamey.
Le Conseil National de la Jeunesse du Niger (CNJ) organise sous l’égide du Ministère de la Jeunesse et des Sports et en collaboration avec le Comité National chargé de l’opérationnalisation de la Confédération des Etats du Sahel, le 1er Forum de la Jeunesse de l’AES.
Ce forum mobilisera la jeunesse nigérienne et celle des autres pays de la Confédération autour du destin commun de nos pays dans la conquête de la souveraineté de l’espace sahélien pour la sécurité et la prospérité de nos peuples. Les plateformes représentatives de la jeunesse du Tchad, du Togo et de l’Union Panafricaine de la Jeunesse (UPJ) seront aussi invitées à cette rencontre.
Il enregistrera la participation des Ministres chargés de la Jeunesse des pays membres de l’AES et de plusieurs pays amis comme le Tchad et le Togo.
L’ordre du jour étant épuisé, le Président de la République, Chef de l’Etat a levé la séance.
Fait à Niamey, le 19 juin 2025
Le Secrétaire Général du Gouvernement
MAHAMANE ROUFAI LAOUALI