
M. PATRICE NGOR DIOH
Chers sœurs et frères réfugiés,
Mesdames et Messieurs,
En vos rangs, titres, grades et qualités tout protocole respecte.
Je suis honoré de répondre à l’appel des autorités nigériennes, à l’occasion de la Journée mondiale du réfugié 2025.
Le mot « célébrer » employé aujourd’hui mérite une attention particulière. On pourrait être tenté de le réajuster, car l’on ne célèbre pas la souffrance humaine. Non. Ce que nous honorons aujourd’hui, c’est la résilience inébranlable, le courage admirable des réfugiés ; c’est la générosité inlassable des communautés hôtes et la mansuétude des autorités des pays d’accueil — au premier rang desquels se trouve le Niger.
Aujourd’hui, Nous saluons la bravoure de millions de femmes, d’hommes et d’enfants forcés à fuir, dans un monde qui peine à leur offrir des solutions durables.
Nous les honorons dans :
- Un monde qui, souvent, ne parvient pas à résoudre les conflits qui les ont chassés ;
- Un monde qui leur refuse parfois l’accès aux services essentiels ou à un emploi digne ;
- Un monde où très peu de solutions durables s’offre a eu (moins d’un pour cent des réfugiés sont réinstallés chaque année) ;
- Un monde où l’espoir semble parfois s’amenuiser.
Mais il n’est pas nécessaire qu’il en soit ainsi. Le monde peut et doit retrouver son humanité.
Mesdames et Messieurs,
Nous vivons une époque de bouleversements profonds. Le nombre de personnes déracinées dans le monde n’a jamais été aussi élevé. En juin 2024, ce chiffre atteignait 120 millions. Il dépasse aujourd’hui les 123 millions de personnes déplacées de force — réfugiés, déplacés internes, demandeurs d’asile, apatrides et retournés — dont plus de 50 % sont des femmes et des filles, et plus de 40 % des enfants.
Le Niger n’est pas en marge de cette réalité mondiale.
Il accueille aujourd’hui plus de 432 000 réfugiés et demandeurs d’asile — nigérians, maliens, soudanais, et bien d’autres — ainsi que plus de 500 000 personnes déplacées internes, dans un esprit de solidarité profondément ancré dans sa tradition d’hospitalité.
Plutôt que de céder à la peur ou à la désinformation, le Niger montre qu’un autre chemin est possible : celui de la compassion, de l’unité, et d’un soutien inébranlable aux personnes déracinées.
Chères Sœurs et frères réfugiés,
Nous sommes ici pour leur redire : Nous vous voyons. Vous n’êtes pas oubliés. Vous n’êtes pas seuls.
Au côté des autorités nigériennes, nous continuerons à soutenir les efforts continus en vue de vous permettre de jouir de tous vos précieux droits. Et nous vous rappelons aussi, avec bienveillance, que le respect des lois et règlements de ce pays qui vous offre protection est un devoir fondamental.
Mesdames et Messieurs,
Les personnes déplacées de force ne sont pas de simples victimes. Elles portent en elles des talents, des compétences, des rêves. Elles ne se définissent pas par ce qu’elles ont perdu, mais par ce qu’elles peuvent bâtir — pour elles-mêmes, et pour les sociétés qui les accueillent.
Ici, au Niger, grâce à la vision inclusive de ses autorités, les réfugiés ont accès à la documentation, à la terre, à l’éducation, à l’emploi et aux services de santé. À Ouallam, Maradi, et ailleurs, ils contribuent déjà — aux côtés des communautés hôtes — à des projets de maraîchage, de couture, de transformation agroalimentaire… à un avenir partagé.
Ces exemples ne sont pas de simples anecdotes. Ils sont des preuves concrètes de ce que la solidarité peut produire, même dans les conditions les plus difficiles, grâce à l’engagement des autorités nigériennes, mais aussi grâce à l’appui indéfectible de nos partenaires techniques et financiers.
À ce titre, permettez-moi d’exprimer, au nom du Haut-Commissaire des Nations Unies pour les Réfugiés et en mon nom propre, notre profonde gratitude à :
- Toutes les autorités nigériennes à tous les niveaux,
- Aux partenaires bilatéraux et multilatéraux,
- Aux agences sœurs des Nations Unies,
- Aux ONG nationales et internationales,
- Et surtout, aux bailleurs de fonds, dont la confiance et la fidélité rendent possible chaque action, chaque programme, chaque espoir ravivé.
Merci pour votre confiance, merci pour votre constance à nos côtés.
Mesdames et Messieurs,
Un adage camerounais, dit ceci « celui qui vous dit Merci, vous exhorte à continuer de bien faire ». Le soutien si précieux de chacun de vous tous a permis de réaliser énormément de choses, de sauver des vies, de faire (re) naitre l’Espoir. Malgré tout cela, les défis restent immenses. Ces derniers mois particulièrement, les ressources diminuent considérablement alors que les besoins explosent de manière inversement disproportionnelle. Aujourd’hui, l’accès à l’éducation, aux soins, à l’alimentation, à la documentation, est gravement menacé pour des dizaines de milliers de personnes.
Pendant que les réfugiés et les communautés hôtes continuent de construire des ponts et des lendemains, les mécanismes de protection s’affaiblissent, des enfants risquent l’abandon scolaire, le travail précoce, ou pire, le mariage forcé.
Mais avec un soutien renouvelé, nous pouvons préserver les acquis, répondre aux urgences, et surtout, investir dans l’avenir.
Les pays comme le Niger ne peuvent ni ne doivent porter seuls ce fardeau mondial. Leur générosité mérite d’être soutenue. Notre solidarité doit se traduire par des engagements concrets, des ressources accrues, et un soutien à long terme.
En cette Journée mondiale du réfugié, nous rendons un hommage appuyé :
- Aux autorités nigériennes pour leur leadership,
- Aux partenaires humanitaires et de développement pour leur présence continue,
- Aux communautés hôtes pour leur hospitalité,
- Et à vous tous, pour votre engagement à nos côtés, malgré les tempêtes.
Continuons à bâtir ensemble des sociétés plus inclusives, plus bienveillantes, plus résilientes. Parce que soutenir les réfugiés, c’est construire un avenir commun plus juste, plus fort et plus humain.
Le coût de l’exclusion est toujours plus élevé que celui de l’inclusion.
Engageons-nous, ici et maintenant, à faire du thème de cette année — « Solidarité envers les réfugiés » — une réalité vivante et non un simple slogan.
Restons solidaires avec les réfugiés — aujourd’hui et chaque jour.
Merci de votre présence.
Merci de votre engagement.