
Les usagers de la route se plaignent souvent des tracasseries sur nos routes, à tort ou à raison. Mais, le jour où ils pratiqueront les routes du grand voisin du Sud (le Nigeria pour ne pas le nommer), ils auront une autre perception des tracasseries routières.
Au Niger, les agents des Forces de sécurité sont intransigeants sur le contrôle des papiers des véhicules et les pièces d’état civil des usagers. Même les conducteurs du Nigeria le reconnaissent et craignent de ne pas être en règle.
Ce qui n’est pas le cas sur les routes du Nigeria. Ici, c’est l’argent qui dicte tout. Peu importe qui vous transportez ou ce que vous transportez. Il suffit de débourser quelques centaines de Naira (monnaie locale) et tout s’arrange.
Mais le plus effarant est que vous pouvez avoir des postes de contrôle distants de moins de 10 mètres, en particulier à l’entrée et à la sortie des grandes villes comme Kano, Kastina, Kaduna, etc. Ce spectacle surprenant, et même souvent inquiétant, atteint son point culminant à la tombée de la nuit.
En effet, les agents font signe avec des lampes torches pour arrêter les véhicules. Habillés de différentes tenues, ils confondent ceux qui ne sont pas habitués à ce spectacle. En plus des hommes en arme, certains sont munis de gourdins, d’autres de planches cloutées pour obliger les conducteurs à s’arrêter pour s’acquitter de la ‘’rançon’’.
Dans cette confusion, on se demande si on a à faire à des agents de la force publique ou à des badauds qui vous rackettent puisque certains sont en civil. On y voit quelques fois un agent de force de sécurité, confortablement assis dans son véhicule en contre-bas de la chaussée ou sous sa tente à qui ces civils rendent compte. Ce ‘’Oga’’, comme on l’appelle affectueusement, impose le montant que le conducteur doit payer. Ce qui donne lieu à des négociations souvent houleuses avec les conducteurs. Il arrive que le ton monte, que des injures soient proférées, mais tout finit par s’arranger. Et de tout cela, aucun papier, aucun reçu n’est exigé ou délivré.
Les passagers ne sont pas épargnés par ce racket à la règle. En effet, au départ de certaines villes comme Kano pour le Niger, il est demandé à chaque passager la somme de 4000 Naira pour, dit-on, les services de l’immigration. Là aussi aucun justificatif ne vous est fourni. Même les militaires s’y mêlent. Eux aussi n’hésitent pas à arrêter les conducteurs pour percevoir de l’argent.
Même si la détention d’un passeport offre au passager un privilège minime, il ne le met pas à l’abri de l’appétit insatiable de certains agents véreux.
Au regard de ce racket routier, autant dire que la libre circulation des personnes et des biens, visée par les pères fondateurs de nos organisations régionales, reste encore un rêve non réalisable pour les populations de l’espace communautaire.
Siradji Sanda (ONEP)