La commune urbaine de Tchirozérine, une des quatre communes du département portant le même nom, est située au nord d’Agadez, à environ 73 km sur la route de l’uranium. Elle s’étend sur une superficie de plus de 13 500 km², avec une population estimée à plus de 93 000 habitants en 2024, selon les données de l’INS. Elle est entourée par plusieurs communes et départements, notamment Dannat, Ingall, Agadez, Aderbissanat, Tabélot et Dabaga. Tchirozérine évolue dans un climat sahélo-saharien caractérisé par une pluviométrie faible et irrégulière. Son économie repose principalement sur les activités agropastorales, l’artisanat et un important potentiel minier, notamment en uranium, charbon et or. Quant à la commune rurale de Dabaga, elle est située en plein cœur du massif de l’Aïr, à environ 45 km au nord-est d’Agadez, sur l’ancienne route d’Arlit. Elle couvre environ 3 900 km² et compte plus de 35 000 habitants selon les estimations de l’INS. Elle est bordée par les communes de Tabélot, Tchirozérine et Timia. À travers cet entretien, l’administrateur délégué, chargé de la gestion de ces deux collectivités, depuis près de deux ans, revient sur leur gestion, notamment les actions menées, les défis rencontrés et les perspectives de développement au profit des populations locales.
Monsieur l’administrateur délégué, que peut-on retenir de la mise en œuvre du cahier des charges qui vous a été confié par le ministre de l’Intérieur depuis votre nomination à la tête de ces deux communes, notamment en matière de sécurité, de consolidation de la paix et d’amélioration des conditions de vie des populations ?
Depuis notre installation, nous nous sommes attelés à mettre en place de nouvelles stratégies pour permettre aux deux communes d’être sur la voie du développement. Comme vous le savez, la paix est un aspect clé pour le développement d’une commune. C’est pourquoi, nous avions initié des activités de communication et de sensibilisation pour le renforcement et la promotion de la cohésion sociale et le maintien de la paix, en impliquant tous les acteurs locaux et ceux de la diaspora de chacune des deux communes respectives. En plus, nous avons créé un cadre de concertation entre les différents acteurs de la commune (comité communal de paix) au niveau de Tchirozérine et de Dabaga, qui font des actions de proximité.
Quelles sont les principales sources de mobilisation des ressources dans vos deux communes, et sur quelles potentialités locales vous appuyez-vous pour financer les actions et investissements au profit des populations ?
Les sources de mobilisation des ressources internes sont, (au niveau des deux communes), la taxe municipale et de voirie, le droit de sortie, les taxes sur les carrières, les impôts rétrocédés, la taxe de présentation des animaux, la taxe d’abattage, la taxe de marché, la taxe sur la production, etc. Ces taxes et impôts ont connu une augmentation significative grâce à la stratégie que nous avons mise en place à notre arrivée.
Ainsi, à titre illustratif, le taux de recouvrement était de 11 % en 2023, soit vingt-trois-millions six-cent-quatre-vingt-huit-mille deux-cent-trente-cinq (23 688 235) FCFA avant notre arrivée. Il est passé à 35 % en 2024, soit cinquante-neuf-millions deux-cent-soixante-six-mille huit-cent-quarante-deux (59 266 842) FCFA, pour atteindre 72 % en 2025, soit quatre-vingt-cinq millions neuf-cent-soixante-quatre-mille huit-cent-quarante (85 964 840) FCFA pour la commune urbaine de Tchirozérine. Pour la commune rurale de Dabaga, le taux de recouvrement était de 22 % en 2023, soit treize millions FCFA (13 000 000), avant notre installation. En 2024, nous avons mobilisé dix-sept millions sept cent quarante-deux mille six cents FCFA (17 742 600), soit 38 %, et en 2025, ce taux a atteint 45 %, soit dix-neuf-millions-deux-cent-vingt-sept mille-cent-soixante-quatre FCFA (19 227 164) de ressources financières mobilisées.
Parlant des investissements et des actions au profit des populations, Monsieur l’administrateur délégué, qu’est-ce qu’on peut retenir de votre bilan à la tête de ces deux communes ?
Pour ce qui est des investissements, on peut noter pour la commune urbaine de Tchirozérine la réalisation d’une nouvelle auto-gare pour faciliter et réorganiser le transport ; l’installation des panneaux solaires sur les endroits stratégiques de la ville afin de contribuer à la sécurité des places publiques ; la réalisation des travaux d’assainissement de voirie ; la réhabilitation de la tuyauterie du réseau d’eau de la ville ; la construction de salles de classes équipées ; la réhabilitation des tables-bancs ; la réhabilitation des points d’eau ; la mise en place et la formation des comités de gestion de l’eau au niveau de certains villages ; le renforcement des capacités au profit de la jeunesse dans le domaine de la formation professionnelle ; la gestion des conflits fonciers, etc.
Ainsi, c’est un milliard cent-six-millions quatre-cent-quatre-vingt-sept mille huit-cent-cinq (1 106 487 805) FCFA qui ont été investis en 2025 dans la commune urbaine de Tchirozérine avec le concours de l’État et des PTF.
Pour la commune rurale de Dabaga, on peut citer les réalisations suivantes : la construction et l’équipement d’une case de passage à la mairie sur fonds propres de la commune ; la réhabilitation d’une salle de classe à l’école primaire de Dabaga ; la construction en matériaux définitifs et l’équipement de trois blocs de neuf classes à Tassalam Salam, Tchinaden et Bataramas, financement FCSE à travers l’ANFICT ; la réparation et la mise en circulation de l’ambulance d’Elmick, pour n’en citer que ceux-là. Ainsi, il a été investi dans la commune cent-vingt-cinq-millions cent-trente-deux-mille six-cents (125 132 600) FCFA en 2025 avec l’appui de l’État et des PTF.
Quels sont les défis auxquels vous faites face dans ces deux entités administratives ?
Pour les deux communes, les défis sont énormes, malgré les efforts fournis. Dans le domaine de l’éducation, on relève l’insuffisance des infrastructures scolaires (murs de clôture, classes, tables-bancs, etc.) ; l’insuffisance du personnel enseignant ; l’insuffisance du matériel roulant ; la gestion des classes multigrades. Dans le domaine de la santé : l’insuffisance des infrastructures sanitaires (CSI) ; l’insuffisance du personnel soignant. Dans le domaine de l’hydraulique : l’insuffisance des points d’eau modernes ; l’insuffisance des latrines publiques. Dans le domaine de l’agriculture : l’insuffisance des seuils d’infiltration ; l’insuffisance des digues de protection des berges ; l’insuffisance des matériels agricoles modernes ; l’insuffisance des produits phytosanitaires. Dans le domaine de la jeunesse : l’insuffisance dans l’accompagnement des projets des jeunes ; l’insuffisance dans le renforcement des capacités des jeunes ; l’insuffisance dans le processus de réinsertion socioprofessionnelle de la jeunesse.
Avez-vous un message particulier ou un appel à lancer, M. l’administrateur délégué ?
Je remercie l’État au plus haut niveau, notamment Son Excellence le Général d’Armée Abdourahamane Tiani, Président de la République, Chef de l’État, et Son Excellence Elhadji Ali Mahaman Lamine Zeine, Premier ministre, ministre de l’Économie et des Finances, pour tous les efforts accomplis et les perspectives pour mettre notre pays sur la voie du développement réel en comptant sur nos propres moyens. Je tiens aussi à remercier mon équipe, tous les acteurs locaux et tous les partenaires techniques et financiers qui nous accompagnent dans notre dynamique de refondation. Je remercie aussi tous les médias dans leur ensemble qui nous accompagnent nuit et jour dans tout ce que nous faisons comme action citoyenne. Enfin, je lance un appel, d’une part, à nos plus hautes autorités de revoir à la hausse les appuis que l’État apporte aux collectivités territoriales à travers le Fonds d’Appui à la Décentralisation (FAD) et le fonds de péréquation pour permettre à ces dernières de faire face aux multiples défis et apporter des solutions idoines et pérennes pour le bonheur de nos laborieuses populations ; d’autre part, je demande aux partenaires techniques et financiers (PTF) de prendre en compte les besoins réels de nos communautés dans leurs planifications et, enfin, à la population de garder le cap dans le soutien qu’elle apporte aux autorités communales, départementales et nationales dans ce contexte de refondation de notre pays.
Propos recueillis par Ali Maman, ONEP-Agadez
