Les autorités nigériennes et l’équipe du Fonds Monétaire International (FMI) ont conclu un accord, le samedi 1er juin à Niamey, au niveau des services sur la quatrième et la cinquième revues de l’accord avec le Niger soutenu par la facilité élargie de crédit (FEC) et la première revue du programme soutenu par la facilité de résilience et durabilité (FRD). À l’issue de cet accord, le chef de l’équipe des services du Fonds Monétaire International en mission au Niger, M. Antonio David a livré la substance de l’accord à travers un communiqué de presse. C’était en présence du Premier ministre, ministre de l’Économie et des Finances, M. Ali Mahaman Lamine Zeine, de plusieurs responsables dudit Ministère et du représentant résident du FMI au Niger.
Selon ce haut responsable du FMI, l’accord au niveau des services sera soumis à l’approbation de la Direction et du Conseil d’Administration du FMI. La réunion du Conseil est prévue en juillet 2024. L’achèvement des revues de la FEC permettrait le décaissement de 19,7 millions de DTS (environ 26,1 millions de dollars américains, soit 15 pour cent du quota du Niger) pour couvrir les besoins de financement extérieur. À son tour, l’achèvement de la première revue de la FRD permettrait le décaissement de 34,2 millions de DTS (environ 45,3 millions de dollars américains, soit 26 pour cent du quota du Niger).
L’accord indique que les perspectives économiques sont favorables à court et moyen termes, avec une croissance projetée à 10,6 % cette année, tirée par les exportations de pétrole et la reprise de l’activité économique après la levée des sanctions, ainsi que l’augmentation attendue de la production agricole. Les deux derniers facteurs devraient également contribuer à contenir les pressions inflationnistes en 2024. Mais ces perspectives positives sont sujettes à des risques, en particulier ceux liés à la situation sécuritaire et aux vulnérabilités aux chocs climatiques. Le communiqué de presse précise que les mesures visant à renforcer la mobilisation des recettes intérieures sont cruciales pour augmenter l’espace budgétaire afin de couvrir les dépenses prioritaires telles que les dépenses sociales et de sécurité. La même source souligne que la croissance économique s’est ralentie à 2,4 % en 2023, en raison principalement des effets des sanctions, ainsi qu’une campagne agricole relativement défavorable.
L’accord prévoit que le déficit budgétaire pour 2023, de 5,4 % du PIB, a été légèrement supérieur à la cible du programme en partie en raison de la baisse du niveau des recettes. « Cependant, la trajectoire du déficit sera maitrisée pour permettre un respect de l’engagement des Autorités à atteindre le critère de convergence régional de l’UEMOA de 3 % du PIB d’ici 2025. Du fait des sanctions imposées après les évènements du 26 juillet 2023, le Niger a accumulé des arriérés de service de la dette extérieure et intérieure. Les autorités nigériennes poursuivent des efforts louables pour apurer entièrement ces arriérés de paiement », constate l’accord. « La plupart des objectifs quantitatifs à fin juin, fin décembre 2023 et à fin mars 2024 ont été atteints, malgré le contexte difficile auquel le Niger a été confronté l’année dernière. Toutefois, un retard a été enregistré dans la mise en œuvre de certains repères structurels, notamment celui relatif à l’adoption de la stratégie de gestion des ressources pétrolières », ajoute la même source.
La mission du FMI note les efforts réalisés pour améliorer la qualité et l’efficacité des dépenses publiques. Elle encourage les Autorités à poursuivre ces efforts nécessaires pour améliorer la fourniture des services publics. L’accord salue le fait que les autorités ont restructuré le cadre institutionnel de lutte contre la corruption avec la création de la Commission contre la délinquance économique, financière et fiscale (CoLDEFF). Ces efforts d’amélioration du cadre institutionnel se poursuivent également dans le domaine de la lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme.
Pour rappel, cette équipe des services du Fonds Monétaire International (FMI) dirigée par M. Antonio David a tenu des réunions à Niamey du 20 mai au 1er juin 2024. Elle a notamment rencontré le Premier ministre, ministre de l’Économie et des Finances, M. Ali Mahaman Lamine Zeine, le ministre des Affaires Etrangères, de la Coopération et des Nigériens, à l’Extérieur, M. Bakary Yaou Sangaré, le ministre Directeur de Cabinet du Président du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie, Dr Soumana Boubacar. La mission a également tenu des séances de travail avec le ministre délégué chargé des Finances, M. Moumouni Boubacar Saidou, le Directeur National de la BCEAO, M. Maman Laouali Abdou Rafa, ainsi qu’avec d’autres hauts fonctionnaires du Gouvernement, des représentants du secteur privé et des partenaires au développement.
Mamane Abdoulaye (ONEP)