
A l’entrée de l’Université Abdou Moumouni
Aux abords du goudron de l’Université Abdou Moumouni(UAM) de Niamey, de l’entrée à la sortie, plusieurs activités lucratives sont pratiquées depuis plusieurs années par des étudiants. Entre manucure, cirage, couture, coiffure, vente d’articles divers, ou encore les activités d’impression-photocopie, certains étudiants ne voient en rien de sot métier quand il s’agit non seulement de subvenir dignement à leurs besoins financiers, mais aussi et surtout de s’assurer de bonnes conditions socio-académiques sur le campus.
L’université reste et demeure un lieu d’études et d’apprentissage. Mais, à l’UAM de Niamey, nombreux sont les étudiants qui pratiquent une multitude d’activités pour gagner de l’argent tout en s’adonnant aux études. C’est le cas de Yacouba Saadou Souleymane pratiquant la manucure qui est une de ses occupations pour subvenir à ses besoins. Cette activité esthétique qui consiste à couper-tailler et soigner les ongles afin de les rendre plus beaux et propres est exercée par Yacouba Saadou Souleymane depuis 2017-2018 après l’obtention de son BEPC, et il n’a cessé de la pratiquer jusqu’à l’université. « Ce travail est mon métier et je suis fier parce qu’avec ça je paie ma scolarité, mes documents et je satisfais tous mes besoins sans pour autant tendre la main», a-t-il expliqué.
Quand il était en première année,Yacouba Saadou Souleymane partait avec les outils à la fac et partout où il allait. A la fin des cours, il circule un peu partout dans sa faculté et dans les autres facultés pour chercher les clients. « Il faut être organisé, persévérant et patient pour pratiquer ces genre d’activités. Bien que je n’aie jamais eu honte d’exercer cette activité ; c’est cent (100) F CFA pour les ongles des mains et pieds. Comme le dit un adage : ce qui m’apporte de la nourriture me rend fort et ceux qui me critiquent ne me nourrissent jamais », a-t-il soutenu.
« J’ai beaucoup des clients répandus partout dans les quartiers de Niamey qui m’appellent pour la manucure et quand je finis de leur tailler les ongles, d’autres me donnent 1.500 FCFA, 2.000 FCFA, 3.000FCFA ou 5.000 FCFA », a-t-il mentionné.
Un de ses clients, M. Oukacha Lawali, a exprimé sa reconnaissance vis-à-vis de l’étudiant qui lui fait le soin des ongles et des orteils à la fin de chaque semaine et a salué son courage et sa persévérance. « Je l’ai connu à travers son travail de qualité sans incident ni problème. Ce qui m’attire beaucoup dans son travail, ce qu’avant de débuter, il désinfecte les outils d’abord, ensuite les laisse sécher et, après, il commence l’exécution. Voilà pourquoi j’apprécie toujours son travail ; je n’ai jamais été contaminé par une infection liée à la manucure malgré qu’il travaille pour plusieurs personnes avec les mêmes outils », a-t-il témoigné.
Dans un autre coin du campus universitaire, se trouve Narouwa Kioya Abdou, assis sous un hangar, la chaussure d’un client dans les mains. Il la nettoie soigneusement. Le cirage est pour lui une manière de lutter contre la pauvreté. Il pratique cette activité depuis son arrivée à l’université en 2022 et s’est dit fier de ce métier dans lequel il gagne bien sa vie. « Ce qui m’a réellement motivé et inspiré à travailler en tant qu’étudiant, c’est que j’ai compris qu’il est important d’avoir une activité afin de pouvoir subvenir à ses besoins. Toutefois, compte tenu des problèmes de santé que j’avais eus depuis quelque temps, j’ai raté deux années. Ce qui fait que je me trouve en première », a-t-il confié.
Bien placé sous son hangar à la devanture de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines à l’entrée des salles cmme à la sortie certains étudiants se dirigent vers lui pour cirer leurs chaussures. Il cire toutes sortes de chaussures, fermées ou pied- nu, ainsi que des sacs, etc, à 50 FCFA. « Dans la journée, je peux avoir au maximum vingt-cinq 25 clients et je vous rassure que ce travail comme toute autre activité lucrative n’est pas facile sans une bonne organisation. Ensuite, je profite avec les weekends et les heures libres pour exercer mon métier », a-t-il relevé.
M. Sani El hadj Ousmane Mouda, un étudiant en troisième année de licence à l’Ecole Normale Supérieure de l’Université Abdou Moumouni de Niamey, est promoteur d’une entreprise de couture. Cette activité de couture est un héritage pour lui puisqu’il a commencé depuis son enfance avec son papa.
« De prime abord, la couture n’a jamais eu de répercussion ou d’incident sur mon parcours académique. Ce métier de couture que vous voyez, je suis venu avec ça et avec ma machine à coudre à l’Université. Depuis que j’étais en première année et jusque-là je n’ai pas cessé de l’exercer. Je ne suis pas en train de faire ma promotion, mais nombreux sont les hommes et femmes qui aiment mon travail parce que je travaille bien et je sais bien le faire. Et je vous rassure que ça marche très bien parce que j’ai acheté une autre machine avec ce que je gagne », a-t-il justifié.
« Je couds pour les étudiants à quatre mille franc, (4.000 FCFA) et pour les non étudiants, c’est à six mille franc (6.000FCFA) le complet mais ça dépend du modèle que la personne veut », a-t-il indiqué.
Il travaille actuellement avec trois employés dont l’un est son frère qu’il a amené du village pour qu’il vienne œuvrer avec lui tandis que les deux sont des étudiants de l’Université qui ont décidé de travailler avec lui afin de garantir leurs frais de bus, de restauration et des modules, etc.
« Je travaille avec eux et je suis sincèrement satisfait de leurs efforts. J’ai même l’ambition de créer un atelier pour un de mes collaborateurs. Et cela est possible in sha Allah », a promis Sani El hadj Ousmane Mouda.
Mahamadou Maïfada (Stagiaire)